Les députés européens appellent à une stratégie ambitieuse permettant à l’UE de mieux gérer ses ressources en eau et de répondre plus efficacement aux enjeux actuels dans ce domaine.
La pollution, la dégradation des habitats, les effets du changement climatique et la surexploitation des ressources en eau douce exercent une pression croissante sur les lacs, les rivières, les eaux côtières et les nappes phréatiques d’Europe. Chaque année, le stress hydrique touche ainsi environ 20 % du territoire de l’Union européenne (UE) et 30 % de sa population. Seules 39,5 % des masses d’eau de surface européennes présentent un bon état écologique, et 26,8 % seulement atteignent un bon état chimique, conformément à la législation de l’UE en matière d’eau.
Le Parlement vient d’adopter ses recommandations pour la future Stratégie européenne de résilience dans le domaine de l’eau, attendue de la Commission d’ici l’été 2025. Dans leur rapport, adopté par 470 voix pour, 81 contre et 92 abstentions, les députés appellent ainsi à une stratégie ambitieuse permettant à l’UE de mieux gérer ses ressources en eau et de répondre plus efficacement aux enjeux actuels dans ce domaine. « Nous ne pouvons pas nous permettre de considérer l'eau comme une ressource infinie. C'est pourquoi ce rapport appelle à la fixation d'objectifs contraignants pour une utilisation rationnelle de l'eau et des prélèvements – secteur par secteur, bassin par bassin », affirme le rapporteur Thomas Bajada, eurodéputé du Partit Laburista (groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates).
Les députés demandent à la Commission de proposer des objectifs sectoriels en matière d’efficacité hydrique et de prélèvements d’eau (extraction d’eau à partir de sources de surface ou souterraines), sur la base d’évaluations des risques. L’UE doit faire davantage pour réduire la pollution de l’eau liée aux produits pharmaceutiques, aux pesticides et engrais chimiques, aux bactéries résistantes aux antibiotiques, aux microplastiques et autres substances chimiques. « Nous demandons également une réponse forte à la pollution à l'échelle de l’UE, y compris l'élimination complète des PFAS (Per- and polyfluoroalkyl substances) lorsqu'il existe des alternatives sûres. En effet, ces polluants éternels n’ont pas leur place dans un avenir durable », poursuit Thomas Bajada.
Un financement dédié à la résilience hydrique
Le Parlement souhaite que l’adaptation au changement climatique soit intégrée dans les plans sectoriels et les mesures politiques relatives à l’utilisation de l’eau et des sols, avec des actions spécifiques pour les régions confrontées à des vulnérabilités particulières, telles que les zones méditerranéennes, les îles et les régions ultrapériphériques. Il demande également le renforcement substantiel des mécanismes de préparation et de réponse aux crises liées à la pénurie d’eau, aux sécheresses et aux inondations.
Par ailleurs, les députés demandent à la Commission de mettre en place un financement dédié à la résilience hydrique, soutenu par des mécanismes spécifiques au sein des fonds existants. Il s’agit de moderniser les infrastructures hydrauliques, de gérer l’eau de façon plus durable, de développer des solutions fondées sur la nature et de favoriser l’émergence de technologies innovantes permettant une utilisation plus efficiente de la ressource.
« Nous devons également investir dans des solutions efficaces : systèmes d’irrigation et de recyclage “intelligents”, surveillance en temps réel et infrastructures permettant d'éviter les fuites avant qu'elles ne se produisent. Il ne s'agit pas d'un luxe, ce sont des outils dont nous avons besoin pour protéger notre santé, nos systèmes alimentaires et notre avenir », réaffirme Thomas Bajada. Les députés soulignent l’importance des outils numériques tels que l’intelligence artificielle (IA) pour la collecte transparente des données, le suivi, les systèmes d’alerte précoce et le renforcement de la cybersécurité des infrastructures hydriques critiques.
En préconisant d’introduire des objectifs d’utilisation efficace de l’eau et de renforcer l’adaptation au changement climatique, ainsi que d’assurer un financement adéquat pour les mesures essentielles de résilience dans le domaine de l’eau, le texte souligne que l’eau est non seulement essentielle pour la santé et la vie, mais constitue également un élément central de l’économie européenne, de sa compétitivité et de ses efforts en matière d’adaptation au changement climatique.