On propose :
- — Une filtration sur diatomées pour retenir les matières en suspension.
- — Une adsorption des matières dissoutes ou en état de dispersion colloïdale par du charbon actif judicieusement choisi.
- — Une désinfection par le rayonnement ultraviolet.
L'ensemble du matériel constituant cette filière de traitement devra être réalisé en matériaux parfaitement résistants à l'action corrosive de l'eau de mer.
Les spécialistes s'accordent aujourd'hui à reconnaître que l'eau de mer qui peut être utilisée en thalassothérapie doit présenter des qualités microbiologiques, chimiques et physiques indiscutables.
Cette condition primordiale est de nos jours de plus en plus difficile à satisfaire naturellement ; en effet malgré les efforts accomplis la mer continue à être utilisée par la plupart des pays du monde comme une « décharge », d'usage facile et apparemment peu onéreux, à tel point que pour certains spécialistes la catastrophe de l'Amoco-Cadiz que notre pays a connue l'an passé ne constitue que la partie visible de l'immense iceberg de la pollution marine.
Cette pollution est de trois ordres :
- * physique : rejet de matières, a priori inertes mais créant par leur présence une turbidité telle que les conditions de vie en milieu marin peuvent en être perturbées puis modifiées.
- * chimique : rejet de produits toxiques, notoirement nuisibles à la vie maritime ; ces produits sont le plus souvent nocifs pour l'homme et les vertébrés supérieurs.
- * biologique : nombreux rejets en mer de villes côtières, rejets mal ou incomplètement épurés qui, bactériologiquement, viennent alors enrichir l'eau de mer en bactéries connues — qui peuvent présenter un pouvoir pathogène — ou en mutants sur lesquels nous ne connaissons scientifiquement pratiquement rien.
Ces pollutions, même lorsqu'elles restent banales, sont causes de mise en « quarantaine » de nombreuses exploitations de bancs de coquillages ; de plus elles atteignent souvent un niveau tellement élevé qu'elles provoquent la fermeture de plages fréquentées en pleine période estivale.
Face à cette situation constatée objectivement, force est donc d'admettre que l'eau de mer doit être spécialement traitée, sinon conditionnée, en vue de son utilisation dans des établissements thalassothérapeutiques.
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Le mode de traitement à mettre en œuvre doit tenir compte que l'eau de mer est un milieu vivant : à ce titre le traitement ne doit pas tendre à transformer l'eau de mer en une eau « morte », simple solution de sels minéraux divers. Il faut donc, en termes
de traitement, trouver un compromis entre une épuration intégrale brutale et un traitement cependant largement suffisant pour éliminer les matières et organismes nocifs, sans retirer à l’eau ainsi traitée son caractère essentiel de milieu biologique.
Par ailleurs nous savons tous que l’eau de mer présente une corrosivité importante. Les matériaux utilisés pour la réalisation pratique du traitement choisi devront donc répondre à cet impératif de stabilité chimique.
Par ces aspects la technologie du traitement de l’eau de mer en vue de son utilisation dans les établissements thalassothérapeutiques diffère donc essentiellement des traitements classiques, quasi-banaux, des eaux de surface destinées à l’alimentation humaine.
Si nous considérons la filière de traitement la plus complète pour « nettoyer » efficacement une eau de mer des souillures que lui ont infligées les activités humaines, on constate :
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* D’abord, qu’il faut éliminer les particules en suspension, causes de turbidité. Ces particules selon leur taille et leur concentration peuvent communiquer à l’eau des colorations désagréables aux patients sous traitement.
Pour une telle élimination différents procédés peuvent être proposés, du simple et classique filtre à sable jusqu’à des appareillages beaucoup plus complexes.
Pour notre part, nous recommandons pour filtrer une eau de mer peu turbide l’utilisation de filtres à kieselguhr (terre de diatomées). Ce type d’appareil est relativement économique compte tenu du service rendu, en effet il permet sous un encombrement faible de filtrer des volumes importants d’eau. De plus il se prête parfaitement bien à une réalisation en matériaux inoxydables.
Ces filtres sont couramment utilisés dans l’industrie ; ils sont notamment un précieux auxiliaire des fabricants de liquides alimentaires — leur efficacité et leur fiabilité sont reconnues dans cette branche d’activité.
La finesse de filtration qu’ils permettent d’obtenir est fonction de la qualité de la terre de diatomées utilisée, et en tout cas très largement supérieure à celle d’un banal filtre à sable.
Ils présentent encore un avantage très important, il est en effet possible de mélanger aux diatomées, dont l’appareil doit être alimenté en permanence, les produits adsorbants finement pulvérisés (donc très actifs) nécessaires à l’épuration chimique.
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* Ensuite, il reste indispensable de retenir les produits nocifs dissous ou à l’état de dispersion colloïdale dans l’eau.
Ces produits doivent être adsorbés sur produits poreux, et le charbon actif constitue le matériau de choix pour réaliser pratiquement cette fonction.
On peut envisager deux modes de mise en œuvre du charbon actif :
- — sous forme pulvérulente : il est alors, ainsi que nous le disions plus haut, mélangé aux diatomées et injecté en « nourrissage » proportionnellement au débit à traiter et selon les caractéristiques qualitatives et quantitatives de la pollution constatée. Cette façon de procéder nous semble la plus rationnelle. Elle nécessite cependant une surveillance et un contrôle constant du dispositif de filtration-adsorption.
- — sous forme granulée : le charbon est alors mis en œuvre selon un procédé sensiblement identique à celui utilisé pour l’affinage des eaux potables. L’efficacité du charbon en tant que matériau adsorbant est fonction à la fois de la nature chimique des produits à retenir et de leur concentration ; l’efficacité dans le temps du charbon actif utilisé dans ces conditions sera donc plus spécifique pour certains composés que pour d’autres. On admet généralement que l’efficacité d’un charbon actif granulé peut varier de quelques semaines à plusieurs mois. Le pouvoir adsorbant étant épuisé, il devient alors nécessaire d’évacuer la charge usée et de la remplacer par une autre.
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* Enfin, la désinfection de l’eau est une nécessité absolue.
Deux procédés ont été proposés :
- — le premier met en œuvre le pouvoir bactéricide et virulicide reconnu de l’ozone. Malheureusement, de récentes études semblent bien avoir démontré que l’ozonation de l’eau de mer produit des substances résiduelles à potentiel oxydant persistant — la durée de vie de ces substances serait supérieure à 24 heures. Nous ne saurions donc recommander ce procédé.
- — le second fait appel au rayonnement ultraviolet. De récentes et sérieuses études faites en France ont prouvé que la désinfection par les ultraviolets était techniquement et économiquement parfaitement possible. C’est donc ce dernier procédé que nous recommanderons.
C. VALIN