ATR Créations conçoit, fabrique et commercialise du matériel pour le traitement et la déshydratation des boues. Cette société s'est spécialisée depuis une quinzaine d'années dans la fabrication d'unités sur mesure, notamment d'unités mobiles de éshydratation, construites à la demande. Avec plusieurs mots d'ordre : qualité, technicité, performance. Rencontre avec Patrick Léonard, gérant mais aussi véritable cheville ouvrière d'ATR Créations.
Cette société s’est spécialisée depuis une quinzaine d’années dans la fabrication d’unités sur mesure, notamment d’unités mobiles de déshydratation, construites à la demande.
Avec plusieurs mots d’ordre : qualité, technicité, performance.
Rencontre avec , gérant mais aussi véritable cheville ouvrière d’ATR Créations.
E.I.N. – Comment est née votre entreprise en quelques mots ?
Patrick Léonard – ATR Créations a été créée au mois de mars 1989. C’est dire que nous venons de fêter nos 15 ans d’existence ! Je venais de quitter à l’époque une entreprise spécialisée dans les arrêts d'unités pétrolières et pétro-chimiques. Dans ce type d’activité, nous étions alors fréquemment confrontés à des volumes importants d’effluents, issus de l’entretien et du nettoyage de ces unités.
Ne trouvant pas sur le marché de l’époque d’équipement complet disponible, ni de prestataire bien équipé, ni même d’interlocuteur ensemblier pour traiter sur site ces effluents, je me suis lancé à mon compte pour justement répondre à ce type de demande et ATR était né.
En 1999, suite à un changement d’adresse du siège social, ATR est devenu ATR Créations.
E.I.N. – Vous avez donc créé ATR Créations et vous vous êtes mis à fabriquer vos propres machines…
Patrick Léonard – Oui, j'ai créé ATR, mais je ne me suis pas lancé de suite dans la fabrication.
J’ai d'abord intégré la filière des solutions traditionnelles de traitement comme commercial multicartes. J’ai découvert les techniques des filtres à bandes, des hydrocyclones, des centrifugeuses, etc.
La vente seule ne m’a pas satisfait et l'environnement technique me paraissait insuffisant.
Lors de cette expérience de commercial, je me suis fréquemment rendu sur les sites pour mettre en route les installations avec les clients.
À force de tomber la veste pour comprendre ce qu’il fallait améliorer notamment sur les presses à bandes, je me suis dit qu'il serait peut-être plus judicieux de le faire moi-même.
Le baptême de la première presse à bandes ATR Challenger 513 s'est fait au salon Pollutec en 1992.
E.I.N. – Vous vous êtes donc lancé dans la conception et la fabrication de vos propres machines. Quels types de matériels proposez-vous ?
Patrick Léonard – Les machines qui m'intéressaient le plus étaient les filtres presses à bandes. Elles font appel à des composants relativement simples, et surtout le potentiel de progression technique me semblait important. De plus, la fabrication de ce type de machine était compatible avec les moyens dont je disposais au départ. Je me suis donc mis à dessiner de nouvelles presses. Dès la première réalisation, j'ai misé sur la notion d'unité mobile de déshydratation qui demande des machines spécifiques si l'on vise des performances élevées.
J’ai d’abord développé des petits équipements, puis des unités plus importantes et plus diverses. Au fur et à mesure, j’ai constitué un réseau de partenaires sous-traitants qui m’assuraient qualité et maîtrise des délais de construction avec le maximum de souplesse.
La quasi-totalité des réalisations ont été faites pour des applications spécifiques à la demande de chaque client. Il était essentiel de s’écarter des machines standards proposées par les grands constructeurs déjà positionnés et très connus.
J’ai donc d’abord commencé par les filtres presses à bandes. Aujourd’hui, ATR décline une gamme de presses pour tous types d’application.
Dans la foulée des presses à bandes, j'ai construit des tables d’égouttage, ainsi que tout le matériel périphérique, c'est-à-dire les préparations de polymères, les systèmes de transferts par vis, tapis roulants, les mélangeurs, les armoires électriques de commande… Bref, tout ce qui entre dans ce que l’on peut appeler l'environnement technique de déshydratation de la presse à bandes ou de la table d'égouttage.
L’unité mobile est encore un autre domaine, avec une multitude de paramètres à prendre en compte tels que les carrosseries spécifiques, la sécurité routière et en chantier, la manœuvrabilité du véhicule, la réception par le service des mines, l’aménagement des zones de travail et l’ergonomie, la mise en service rapide et bien sûr, plus que jamais, l'objectif des performances et du rendement, et même l'image de marque du client véhiculée par ce matériel.
Aujourd’hui, j'ai dans les cartons un projet d'une unité mobile pour traiter un débit de 100 m³/heure.
E.I.N. - Quels sont les atouts de vos machines ?
Patrick Léonard - C’est la qualité de la relation avec mes clients qui a permis d’aboutir, à chaque commande, à la mise en service d'une machine souvent unique, et après constatation, à des résultats plus performants qu’avec des équipements standards. J’insiste sur la qualité du relationnel qu’il faut instaurer avec le client comme préalable indispensable à tout travail de création. Le premier atout de mes machines résulte de la qualité de ce relationnel : il permet de livrer un matériel qui correspond au plus près des besoins de l’exploitant.
Si le contexte d’exploitation d'une machine ATR évolue dans les années qui suivent sa mise en service, je reste disponible pour adapter le matériel à son nouvel environnement.
Mon arrivée à la conception s'est faite par le terrain. Lors des premières mises en service en 1989, évoquées précédemment, j'ai été confronté aux problèmes du nettoyage. J’ai donc commencé par concevoir des machines faciles à nettoyer ! Puis j'ai embrayé sur la performance et le rendement, sur la rigidité du châssis et la fiabilité du guidage des toiles, sur l’industrialisation des pièces, sur l'accessibilité et l'entretien et également sur la sécurité. Tout cela a permis d’arriver à une qualité de machines remarquée.
En effet, étant peu présent dans les médias professionnels, mes contacts commerciaux sont le résultat du « bouche à oreille ».
E.I.N. - En somme, vous faites du « cousu main »...
Patrick Léonard - Absolument. Ce que je propose, c'est l'adéquation entre la machine et l'usage qui en sera fait. ATR va d’abord se mettre à l’écoute de son client pour comprendre son objectif, sa filière de traitement actuelle ou à développer, l’origine des boues et leur devenir, l’intégration dans le parc matériel existant, la culture de l’entreprise et aussi aborder la formation du personnel si nécessaire.
Alors seulement peut démarrer la définition du matériel. D’autres réflexions entrent en jeu. Dès le début, j'ai fait le choix de machines très compactes non seulement pour l'application sur des unités mobiles qui nécessitent une économie de place mais également pour bénéficier d’avantages techniques tels que la rigidité de châssis ou le gain de poids. De même, je me suis interdit de fabriquer des machines de plus de deux mètres de largeur de toile. Ce qui n’empêche pas de s’intéresser aux débits importants. Par exemple, dans une application particulière, une machine ATR de deux mètres a remplacé une machine de trois mètres, avec une productivité équivalente.
E.I.N. - À qui vendez-vous ces machines, qui sont vos clients ?
Patrick Léonard - D’une manière générale, je vends plutôt à des PME prestataires de service. Ces entreprises sont soumises à des obligations de résultats assez sévères. Les dirigeants sont proches du terrain. Ils sont souvent techniciens et décisionnaires. Ils assument parfaitement leur choix qui comporte quelquefois une part de risques. Il est vrai qu’il est souvent plus facile de commander un matériel standard et connu que de prendre le risque de développer un nouvel équipement. Pourtant, ceux qui jouent le développement technique ont souvent une longueur d’avance sur la concurrence.
Je suis très reconnaissant de la confiance qu'ils m’accordent et j’estime que je leur dois en retour un produit performant et un suivi irréprochable après la vente. Je ne parle pas seulement de la traditionnelle garantie ! Il faut aller bien au-delà et c’est ce que je m'efforce de faire.
Ce sont souvent des entreprises à taille humaine avec lesquelles j'aime travailler. Elles
➜ ne sont pas ou peu cloisonnées en multiples services, exploitation, technique, achat, financier, juridique, où, dans ce cas, les intérêts apparaissent rapidement non seulement divergents mais naturellement contradictoires. Alors adieu le « saut évolutif » qui demande un minimum de cohésion et de synergie. Je travaille également avec des industriels pour équiper leur station d’épuration ou même directement dans leur ligne de production, et aussi avec de grands ensembliers. Dans une moindre mesure, des machines ATR tournent aussi dans les stations d’épuration communales, essentiellement lorsque l’avis de l’exploitant a été pris en compte au moment de l’achat, ce qui, hélas, n’est pas souvent le cas...
E.L.N. – Vous travaillez essentiellement sur la France ?
Patrick Léonard – Oui. À ce jour, je ne vends pas directement à l’étranger, mais j’ai des clients qui y travaillent avec du matériel ATR. Je suis donc amené à les suivre, aussi bien dans leurs applications que dans l’élaboration de nouveaux projets et des contacts s’établissent.
Un partenariat se met en place dans le nord de l’Europe et des contacts sont en cours avec les pays d’Asie pour des développements commerciaux.
E.L.N. – Justement, comment voyez-vous votre entreprise à un horizon de 6 à 10 ans ? Quelles sont vos perspectives de développement ?
Patrick Léonard – ATR a emmagasiné un savoir-faire important. Cela fait 15 ans que nous faisons des prototypes et du développement technique ! Nous portons nos efforts sur le développement commercial et structurel, aussi bien en France qu’à l’Étranger pour valoriser cette richesse technique. Dans cette optique, nous recherchons un partenaire qui serait déjà initié à ce type de marché.
E.L.N. – Est-ce qu’il ne serait pas judicieux, avant, de diversifier votre production ?
Patrick Léonard – Les presses à bandes ont de belles années devant elles ! Aussi bien par leurs capacités à traiter des débits importants en continu, que par leur fonctionnement automatique aujourd’hui fiable, et leur entretien rustique.
Les boues biologiques sortent des presses à bandes avec la siccité idéale pour leur intégration dans la filière du compostage, qui se développe de plus en plus.
Proposer des unités mobiles de déshydratation fait déjà appel à un autre savoir-faire en complément de celui des presses.
Or, le marché des unités mobiles n’est qu’à son début. L’intérêt pour cette approche du traitement des boues se confirme de jour en jour. Techniquement nous sommes prêts. Aujourd’hui, la seule diversification qui est au programme, est de proposer des prestations d’expertise et de consultant.
Une étude réalisée il y a quelques années montrait que la plupart des PME d’hydrocurage qui disposaient de quatre camions hydrocureurs, avaient intérêt pour leur cinquième investissement à acheter une unité mobile de déshydratation plutôt qu’un nouvel hydrocureur. À priori, un beau marché à prospecter !
Les machines ont beaucoup progressé. Nous avons par exemple un client, leader dans son activité, qui sur une presse ATR de deux mètres de largeur de toile, a réussi à traiter un débit hydraulique de l’ordre de 70 m³/heure, et sur la même machine a sorti jusqu’à plus de 16 tonnes de « gâteaux » à l’heure, avec une siccité de 35 à 40 % ! Bien sûr, ces chiffres restent exceptionnels et doivent être maniés avec précautions. Ils ne sont accessibles que sur certaines boues majoritairement minérales, si tous les facteurs sont favorables et si l’exploitant est un fin régleur et un habile chef d’orchestre. Cependant, ils sont révélateurs des capacités insoupçonnées de traitement d’une unité mobile au gabarit routier équipée d’une presse à bandes.
E.L.N. – L’année 2003 a été un bon millésime pour ATR Créations ?
Patrick Léonard – Oui, effectivement. Nous avons par exemple livré trois grandes presses pour deux centres de traitement des effluents nouvellement installés en région parisienne. Pour nous, c’est une grande satisfaction.
Nous avons également fourni une nouvelle unité mobile sur le sud-ouest. C’est une machine qui fait partie des 4 ou 5 produits sur lesquels nous avons décidé de nous concentrer en 2004.
Ce sont des matériels très aboutis, qui sont le fruit de beaucoup de réflexion, de maturation et d’expérimentation. Nous fondons de gros espoirs sur les années à venir avec ces équipements.