Caractériser un sol pollué impose un travail de terrain. Il permet de détecter les problèmes et de surveiller les pollutions. Ce travail nécessite la réalisation de prélèvements permettant de mieux connaître le ou les polluants, en qua-
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[Photo : La caractérisation d’un sol pollué nécessite la réalisation de prélèvements permettant de mieux connaître le ou les polluants, en qualité et en quantité, pour choisir le type de traitement à appliquer.]
Pour pouvoir quantifier les risques et choisir le type de traitement à appliquer pour s’en débarrasser, la caractérisation d’un sol pollué nécessite la réalisation de prélèvements permettant de mieux connaître le ou les polluants, en qualité et en quantité. Phase incontournable du diagnostic, l’analyse chimique et biologique des échantillons est donc une étape nécessaire pour définir l’étendue de la pollution. Dans la plupart des cas, l’analyse fait appel à des méthodes sophistiquées mises en œuvre au laboratoire. Cependant, dans un contexte de pollution accidentelle, l’obtention des résultats d’analyse peut se révéler trop lente. Pour éviter la dispersion de la pollution, une course de vitesse doit alors être entamée. Afin d’aider les techniciens dans leur premier bilan, des outils d’investigation de terrain, rapides et simples d’emploi, sont mis au point. Ils ne suppriment pas la nécessité d’un bilan complet en laboratoire, mais ils permettent d’obtenir rapidement une indication sur la nature de la pollution de façon à déclencher au plus vite les bonnes interventions.
Les outils d’analyse sortent du laboratoire
Pour une pollution par HAP par exemple, une simple évaluation de la teneur globale en HAP est suffisante pour orienter les choix de traitement en fonction de l’historique du sol contaminé. Cependant, peu de méthodes répondent à ce besoin. Les tests immuno-enzymatiques et les méthodes spectroscopiques par infrarouge ou colorimétrie sont aujourd’hui les plus utilisées. Une extraction par solvant est nécessaire et aucune des méthodes citées précédemment n’apporte totale satisfaction. Le laboratoire Génie de l’Environnement Industriel de l’École des mines d’Alès propose une méthode basée sur une analyse de l’extrait organique de sols contaminés par les HAP à l’aide de la spectrophotométrie UV. Les HAP retenus sont les 16 HAP de la liste US EPA. Pour arriver au résultat, une méthode d’exploration du spectre UV par corrélation et/ou décomposition a été mise en œuvre. La procédure mise au point est présentée au Séminaire sur l’analyse, les méthodologies de traitement et la réhabilitation des sols et eaux souterraines polluées. Il inclut le prétraitement, le traitement et l’analyse et a conduit à la réalisation d’un kit HAP de terrain testé et validé sur environ 80 échantillons de sols contaminés de différentes origines. Dans sa version de base, ce kit permet un diagnostic en 20 minutes de sols moyennement à fortement contaminés. Sa limite de détection est de 20 mg/kg. Pour les milieux faiblement pollués, un module de préconcentration a été développé. Il permet d’atteindre une limite de l’ordre du mg/kg, seuil de concentration maximal admissible dans les boues d’épandage sur sol agricole. La durée d’analyse est alors de 30 minutes. À noter que cette méthode a également été transférée pour la recherche d’autres aromatiques recherchés dans les sols comme par exemple les PCB.
Pour sa part, Gaudriot Geotherma, en association avec le CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), travaille depuis quelques années sur l’utilisation de la chromatographie en phase gazeuse portable pour réaliser les analyses sur site. C’est une technique complexe qui nécessitait jusqu’à présent un public formé pour lire les résultats d’analyse. En association avec le CNAM, Gaudriot Geotherma a mis au point un logiciel permettant d’améliorer la qualité de l’intervention de terrain, en reliant et interprétant les résultats des analyses colorimé-
[Encart : Dépolluer les pollutions métalliques
Pour décontaminer la pollution métallique des sols, Balthazard et Cotte, producteur de chaux, et RFX, une société d’ingénierie de procédés de recyclage et de valorisation des déchets, viennent de développer un procédé de lixiviation basique permettant d’extraire les métaux lourds. Cette opération est précédée d’une désulfatation contenant du sulfite. Les terres polluées peuvent éventuellement être mélangées pour obtenir une saumure de chlorure de calcium (CaCl₂) et de chlorure de sodium (NaCl) ainsi qu’une injection de sulfite de calcium (CaSO₃). La lixiviation basique est basée sur une réaction carbonique importante à contre-courant. Le gaz carbonique (CO₂), injecté pour neutraliser la solution de soude, produit du carbonate de sodium soluble dans la solution. Celui-ci est ensuite réutilisé pour l’étape de lixiviation afin de régénérer de la soude par combustion de soude gazeuse.
Ce procédé permet d’extraire 85 % des métaux contenus dans les sols et les matériaux lixiviables pour permettre leur utilisation en ciment, ballast, remblais, granulats, etc. Les deux entreprises disposent d’un pilote capable de traiter de 10 à 30 t/h pour valider différents scénarios de traitement et dimensionner les installations industrielles de traitement.]
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[Photo : Le diagnostic d’un sol est une opération complexe qui nécessite l’appui d’une structure spécialisée. D’autant que maintenant il faut évaluer les risques de la pollution sur la santé.]
…métrique et chromatographique réalisées sur le site.
Dans le cas d'une pollution accidentelle, une fois le premier bilan établi, une investigation plus poussée permet d’établir un état précis du désastre. Là, une analyse plus approfondie s'impose. Avec un passage incontournable : le laboratoire.
Bilan : le laboratoire s’impose
Les analyses de laboratoire apportent aux entreprises de dépollution un rapport détaillé sur la qualité et la quantité des polluants, notamment dans le cas des pollutions anciennes ou diffuses. Pour définir le niveau de pollution, diverses techniques d’analyse sont couramment mises en œuvre : chromatographie en phase gazeuse (CPG) avec des détecteurs spécifiques, couplages analytiques de type spectrographie de masse/chromatographie en phase gazeuse (CG/SM) par exemple. Mais voilà, pour réaliser ces investigations, une phase de préparation de l’échantillon est essentielle. Il s’agit par cette opération de séparer le polluant de la matrice pour pouvoir l’analyser. Le problème, c’est que le traitement infligé à l’échantillon peut influer sur le résultat d’analyse. Autant dire que les procédures et leur répétabilité dans le temps se révèlent essentielles.
Sur son poster conférence présenté au « Séminaire sur l’analyse, les méthodologies de traitement et la réhabilitation des sols et eaux souterraines polluées », Yvon Gervaise, directeur SGS Laboratoire Crépin à Rouen, explique : « Les techniques de spéciations nous permettent de spécifier la forme de l’élément, certaines formes étant plus toxiques que d’autres, ces techniques nous permettent aussi de doser spécifiquement les formes organiques et minérales. » Pour ceci, différentes méthodes comme le couplage de la chromatographie liquide haute performance (HPLC) avec la fluorescence atomique permettent de distinguer les différentes formes de mercure dans les sols dont le méthyl-mercure. Pour l’arsenic, les formes III et V peuvent être distinguées par recours à l’HPLC et détection au four graphite. D’autres tests, basés sur des techniques écotoxicologiques, ont été développés pour mesurer l’impact des polluants, notamment des métaux lourds, dans la contamination du sol. Devant la complexité de la tâche le recours à un organisme de diagnostic s’impose.
[Encart : Diagnostic : faites-vous aider !
Historique du terrain, détermination de la nature des polluants susceptibles d’avoir contaminé le sol, emplacement des installations et des lieux de manipulation, recherche de la géologie du terrain, analyse de l’hydrologie superficielle et souterraine, modalité d’utilisation de la nappe, plan d’échantillonnage, prélèvement, transport des échantillons au laboratoire, interprétation des résultats…
Le diagnostic d’un sol est une opération complexe qui nécessite l’appui d’une structure spécialisée. D’autant que maintenant il faut évaluer les risques de la pollution sur la santé. Un certain nombre de structures sont aujourd’hui capables d’appuyer le propriétaire du sol dans ses démarches de diagnostic. Les entreprises de dépollution des sites associent de plus en plus la phase de diagnostic à leur travail. Par exemple, le pôle commun de dépollution des sols formé par le rapprochement l’an passé des activités de dépollution des sols ATE (Rhodia Eco Services) et Geoclean (SITA), propose une gamme complète de prestations y compris les diagnostics environnementaux des sols et les études de risques. Cependant, des organismes indépendants, comme l’Ineris, le BRGM, le Cetim (Centre technique des industries mécaniques) apportent eux aussi des prestations dans ce domaine.]