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Digestion et valorisation énergétique des déchets organiques : contexte régional d'un abattoir

30 janvier 2008 Paru dans le N°308 à la page 47 ( mots)
Rédigé par : François MORIER

Le coût de traitement des déchets organiques d'un abattoir peut être réduit par digestion anaérobie après hyégiénisation thermique. Cette digestion permet d'en réduire la quantité, de diminuer leur teneur en azote et de faciliter leur utilisation en amendement agricole. Le biogaz produit peut être facilement valorisé en fonction des besoins propres du site en eau chaude.

Les effluents liquides d'un abattoir sont très généralement dégrillés, tamisés, puis subissent un traitement physico-chimique avec flottation et production de boues. Les effluents ainsi prétraités suivent un cycle de traitement biologique aérobie avec nitrification et dénitrification, néanmoins une partie de l'azote est transférée dans la flore bactérienne excédentaire, sous forme de boue après épaississement par centrifugation. Les déchets doivent être détruits hors site pour des raisons sanitaires et les boues biologiques sont en général épandues. Cela entraîne des coûts et des contraintes d'épandage. Il est donc intéressant de réduire le volume de déchets traités à l'extérieur du site et de mettre en place un procédé de traitement commun aux déchets organiques et aux boues biologiques avec plus de facilité d'épandage.

Abattoir Louis Gad

La société bretonne Louis Gad créée en 1956 est spécialisée dans l'abattage et la transformation de la viande de porc à très grande échelle. Au moment du choix de filière de traitement des déchets, la société produisait 125 000 tonnes de carcasses et employait 1 000 personnes pour un chiffre d'affaires de 212 millions d'euros. Pour information, la consommation annuelle d'eau s'élève à 400 000 m³ avec une station biologique correspondant à environ 100 000 équivalent habitants.

La société avait donc pour objectif de diminuer le coût de traitement de ses déchets, limiter le volume de boues et les surfaces d'épandage concernées. Le procédé de digestion anaérobie était en concurrence avec l'incinération qui n'a pas été retenue à cause de son coût supérieur en investissement (supérieur à 3,8 millions d'euros) et en frais d'exploitation. L'industriel a fait appel à la société Proserpol dès les études pilote sur site jusqu'à la construction clé en main de...

[Encart : Caractérisation des produits entrants Produits Volume (t par an) Siccité (%) Refus de tamisage 1 220 5 Boues physico-chimiques 12 000 6 Boues biologiques 10 000 10 Déchets graisseux 5 000 16]
[Photo : Digestion des déchets dans un abattoir.]

Digestion des déchets dans un abattoir.

L'installation a été mise en service en 2003. Elle reçoit environ 25 000 m³ de déchets par an, à une siccité moyenne de 10 %, soit 2 500 tonnes de matière sèche.

Présentation du projet

Après stockage et homogénéisation, les déchets subissent une préparation physique avant hygiénisation thermique par bâchées, une digestion anaérobie mésophile puis un stockage avant épaississement par centrifugation.

La technologie « infiniment mélangé » s'imposait pour ce type d'effluent ; en effet il n'est pas possible d'augmenter la concentration bactérienne dans le réacteur, par contre la qualité de l'agitation est primordiale.

Les centrats très riches en azote ammoniacal sont traités sur une installation dédiée de nitrification/dénitrification en utilisant en appoint de la liqueur mixte de la station et des effluents bruts facilement biodégradables pour rééquilibrer le rapport azote/carbone biodégradable.

Résultats après digestion

Les taux de réduction en matière sèche, azote réduit et DCO sont dans la fourchette 60/80 % et sont meilleurs que ceux garantis à partir des résultats de pilotage.

Les boues produites ainsi stabilisées sont beaucoup moins fermentescibles.

La production de biogaz couvre très largement les besoins de l'installation, ce qui permet une production journalière d'environ 3 000 Nm³ qui est entièrement valorisée vers la chaudière vapeur du site après surpression via un gazomètre pour équilibrer la production et les besoins.

Conclusion

Bien que le méthaniseur fonctionne avec une charge supérieure à sa charge nominale, les performances obtenues sont très satisfaisantes.

Les objectifs qui étaient la réduction du volume des boues, l'amélioration de leurs caractéristiques, l'élimination par la même voie de déchets solides et graisseux sont donc correctement remplis par l'ouvrage.

Ce type de concept d'installation est adaptable à tout site agro-alimentaire traitant des tonnages importants avec des contraintes d'épandage et de coût d'élimination de déchets solides biodégradables. Au cas par cas, une valorisation électrique peut être envisagée avec utilisation sur site de l'eau chaude produite.

[Schéma : Schéma de l'installation.]
[Publicité : Éditions Johanet]
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