Avec les législations sur les rejets qui se renforcent partout dans le monde et la pression sur la ressource en eau qui ne cesse de s'accroître, les industriels sont appelés à diminuer l'impact de leurs activités sur l'environnement. Ainsi, la tendance est à la réduction maximum des rejets d'effluents. Pour cela, des solutions de recyclage ou de réutilisation peuvent être mises en ?uvre. L?intérêt est triple : un gain économique (moindre consommation d'eau), un gain environnemental et un gain en terme d'image. En matière de méthodologie, rien de bien nouveau. Le défi consiste plutôt à utiliser et panacher des solutions existantes de façon optimale.
Traitements de surfaces, pétrochimie, agroalimentaire, pharmacie... Les caractéristiques des eaux usées industrielles varient énormément d’un secteur industriel à l'autre. Certaines peuvent contenir essentiellement des matières organiques, d’autres des produits toxiques, des solvants, des métaux lourds, des micropolluants, des hydrocarbures, etc. Autre particularité, chaque installation est unique.
Vis-à-vis de la qualité d’eau qu’elle utilise, de ses ressources disponibles, de la nature des polluants qu’elle émet et de ses possibilités de rejets. Ainsi, après un traitement plus ou moins poussé selon la réglementation locale ou nationale, certains effluents peuvent être déversés dans le réseau de collecte, d’autres sont directement rejetés au milieu naturel après traitement.
Reste que sous la pression de la directive-cadre européenne concernant la restauration d’une bonne qualité des masses d’eau et de la législation sur les rejets polluants qui s'est largement durcie en France et dans le monde, les taxes sur les émissions polluantes n’ont cessé d’augmenter. Conséquences ? Les industriels ont fourni de gros efforts pour traiter et réduire leurs émissions d’effluents. Sur le plan général du bilan en eau, la ressource locale est moins sollicitée et les rejets réduits. Pour l’industriel, l’économie repose sur une moindre consommation d’eau et une moindre taxation vis-à-vis des eaux polluées rejetées.
Côté technologie, pas de problématique. Le recyclage et la réutilisation des eaux industrielles ont fait la preuve de leur efficacité. Le recyclage consiste en une recirculation de l'eau au niveau d’un procédé ou d'une machine, et l'eau subit un traitement local. La réutilisation se pratique sur un flux d’effluents mélangés issus de différents ateliers de l'usine, généralement en sortie de la station de traitement du site. Le flux s'apparente à une nouvelle ressource disponible.
Mais force est de constater qu’en dépit de leurs avantages, ces technologies ne sont pas utilisées aussi souvent qu’elles pourraient l’être, notamment lorsqu’une entreprise bénéficie d'une eau de forage bon marché. De fait, pourquoi investirait-elle dans un système de recyclage et/ou de réutilisation, sachant que son objectif premier est de produire à un prix compétitif ?
En pratique, le recyclage ou la réutilisation correspond à un vrai besoin dans essentiellement deux cas. « Pour les entreprises confrontées à un stress hydrique, disposant d’un accès limité à la ressource et soumises à des contraintes spécifiques en matière d’émission de rejets », précise Bertrand Garnier, chez Degrémont Industry, ou « pour des grands groupes industriels ayant des politiques volontaristes de développement durable ».
Le recyclage est en effet un aspect important pour les industriels qui entendent mettre en avant leur image de marque. Au début des années 2000, des installations de traitements des métaux ont adopté des dispositifs de recyclage extrême (zéro rejet) avec un impact nul sur l'environnement et la ressource qui leur ont valu en retour une image très positive. Reste que dans la majorité des situations, le rejet zéro n’est pas techniquement envisageable. Le recyclage est plus fréquemment réalisé à des fins d’économies d’eau plus limitées. Deux solutions sont alors possibles : en sortie de station de traitement sur les rejets d’effluents, ou en amont de la station d’épuration au sein même des équipements.
Recyclage et réutilisation ont lieu au travers différents types de procédés : physico-chimiques comme la précipitation, l’échange d’ions, ou l’ozonation, physiques comme l’évaporation, la centrifugation, membranaires ou biologiques. Mis en œuvre de façon indépendante ou associée, ces procédés sont proposés par de nombreux spécialistes comme Hytec Industrie, Biome, Proserpol, Callisto, Corelec, Tecnofil, Afig Foessel, Vivlo, Aquacorp, Actibio, Orelis Environnement...
À plus grande échelle, des offreurs de technologies et d’installations, tels que Veolia Water STI, Degrémont Industry, BWT Permo proposent des solutions de recyclage et de réutilisation sur de plus gros volumes d’effluents. Leur présence à l’international fait référence.
Recyclage/réutilisation : des usines clé en main
Acteur mondial dans l’optimisation et la gestion globale du cycle de l’eau industrielle, Degrémont Industry dispose de nombreuses références dans le secteur de la pétrochimie, notamment en Chine, au Brésil, au Mexique, aux États-Unis et en Italie. Degrémont Industry vient en effet de remporter un contrat d’ingénierie et de fourniture d’équipements pour la station de réutilisation des eaux usées de la raffinerie d’Eni, à Sannazzaro en Italie (chiffre d’affaires de 5 millions d’euros). La mise en service de la station est prévue pour début 2013.
Composée d’unités d’osmose inverse et d’ultrafiltration, l’installation traitera un débit pouvant atteindre 740 m³/h et produira, à partir des eaux usées, une eau déminéralisée qui sera réutilisée pour les besoins en vapeur de la raffinerie et de son projet EST (technologie développée par Eni pour convertir les résidus hydrocarbures lourds en produits raffinés, essence et gas-oil). Un site qui illustre le savoir-faire du groupe en matière de traitement des eaux usées industrielles.
De la ressource au rejet, Degrémont Industry répond aux entreprises par un large portefeuille de solutions technologiques. Dernière innovation, pour le recyclage des eaux résiduaires urbaines ou industrielles, le procédé Oxyblue est un traitement de finition avancé associant une oxydation par ozone à une filtration biologique qui « permet d’éliminer les pollutions organiques non biodégradables et micropolluants jusqu’à hauteur de 60 % », rapporte Bertrand Garnier chez Degrémont Industry. « Le système est installé notamment sur une raffinerie du géant pétrochimique Petro China en Chine pour traiter un débit de 1600 m³/h ». Oxyblue permet de fiabiliser les traitements membranaires ultérieurs (ultrafiltration et osmose inverse) avec une réduction jusqu’à 50 % de la consommation en réactifs de lavage des membranes et allongement significatif.
Optimisation de la durée de vie des membranes d’ultrafiltration.
« Pour obtenir des eaux de qualité très pure, nous disposons aussi d'un nouveau système par filtre à disques immergés permettant un abattement des matières en suspension dès la taille de 8 micromètres. Dénommé Compakblue, le système permet la réutilisation d'eau ou le rejet en zone sensible ».
Autre expert du recyclage, depuis plus de 20 ans Veolia Water Solutions & Technologies met en œuvre des solutions efficaces pour valoriser les eaux usées récupérées en sortie de station.
Après leur avoir appliqué un traitement adapté (clarification poussée, traitement biologique, filtration, techniques membranaires, désinfection par ozone, par UV, etc.), Veolia Water STI a récemment développé un système original de recyclage intensif dédié à l’aquaculture, associant différentes technologies, notamment un système de filtration Hydrotech et un réacteur biologique MBBR. « Développé depuis près de trois ans en Norvège où il est utilisé notamment par Marine Harvest, premier producteur de saumon au monde, le système permet la recirculation de plus de 95 % des eaux, contre 60 à 70 % jusqu'à présent avec les systèmes de recyclage classiques », explique Yves Caouette, vice-président exécutif marketing industriel chez Veolia. « En outre, notre technologie permet aussi de réduire la mortalité des poissons grâce à un meilleur contrôle de la qualité de l'eau (teneurs en azote et oxygénation), et de favoriser une meilleure croissance des saumons par le maintien d'une température stabilisée et contrôlée. D’où un gain de productivité pour les entreprises ».
Alors qu’auparavant 40 à 50 000 litres d'eau étaient nécessaires à la production d'un kilo de saumon, aujourd’hui le nouveau système de recirculation de Veolia permet de produire un kilo de saumon avec 50 litres d'eau. Ce n’est pas tout. « Le système permet une meilleure gestion des déchets organiques rejetés par les élevages », note Yves Caouette.
De nouvelles membranes fibres creuses hydrophiles pour la filtration et le recyclage d’eaux résiduaires urbaines
L'objectif du projet Neophil, coordonné par Polymem, consiste à mettre au point et développer la fabrication industrielle en France d'une nouvelle génération de membranes fibres creuses nanoporeuses à caractère hydrophile permanent, destinée aux marchés de la filtration et du recyclage des eaux résiduaires urbaines.
Ce projet qui s’appuie sur la recherche universitaire française, associe Polymem et plusieurs grands groupes français ayant des savoir-faire en membranes, traitement des eaux, chimie, tels que Veolia Environnement Recherche et Innovation ou encore Arkema, tous parfaitement positionnés en France et à l’export. Sur ces marchés à croissance forte et pérenne, l'arrivée des membranes Neophil constituera une avancée technologique importante qui permettra à la filière d'entreprises françaises constituée, de gagner une position de leader mondial.
Cette technologie intéressera toutes les zones en stress hydrique. Ce traitement membranaire permettra de créer une nouvelle source d'eau alternative qui pourra être utilisée par exemple pour les usages urbains (lavage de la voirie, arrosage des espaces verts...), mais également pour les eaux de procédé en industrie (papeteries...) ou encore l'usage agricole, la recharge des nappes…
Le projet Neophil, labellisé par le Pôle Eau à vocation mondiale, reçoit le soutien de l'Europe, de la Région Midi-Pyrénées et fait partie des projets qui bénéficient d'un budget étatique dans le cadre du onzième appel à projets du Fonds unique interministériel (FUI).
Un point non négligeable en Norvège où l'aquaculture génère plus de pollution dans les fjords que l’activité humaine.
Le recyclage et la réutilisation des eaux usées épurées sont l’un des grands chevaux de bataille de GE Water & Process Technologies. Aux États-Unis, l'entreprise a mis en place une solution basée sur le “zero liquid discharge” qui s'apparente au “zéro rejet” pour le traitement des eaux issues des activités minières : l'eau est traitée à la faveur d'une première étape à l'ultrafiltration pour la débarrasser des solides en suspension puis par osmose et enfin par des évapoconcentrateurs, ce qui permet d’obtenir, en plus d'une eau traitée de bonne qualité, du sel qui peut être revendu aux autorités locales pour traiter les routes en hiver. Tout est donc valorisé.
Pour les fermes de petite taille, des offres packagées transportables (sans génie civil) sont également proposées par Veolia Water STI.
De son côté, Ovive met en pratique la fabrication de sous-produits utiles à partir d'éléments considérés comme des déchets. Les déchets graisseux non nobles peuvent être valorisés en produits commercialisables dans les domaines de l’oléochimie ou le BTP grâce à un outil innovant de séparation de phases et une chaîne de préparation qui diffère selon la future application du sous-produit.
Par exemple Ovive valorise les refus de production pour le compte de la société Nord Cacao (mélange de beurre de cacao et d'acide gras). Après traitement de ces sous-produits graisseux, une première fraction de la matière grasse est utilisée pour la formulation de biocarburant, une deuxième est utilisée pour produire un solvant débitant (en substitut de gasoil), la troisième et dernière fraction rentre dans la composition de protection des bâches de coffrage béton.
Recycler en optimisant le fonctionnement des équipements
Si Veolia Water Solutions and Technologies et Dégremont Industry disposent d'un large portefeuille de technologies propriétaires rustiques et innovantes qui leur permettent de disposer dans le monde de nombreuses références, dédiées à chaque secteur industriel, en France, le marché est plus restreint. « Beaucoup de traiteurs d'eau sont aujourd'hui souvent sollicités sur la problématique de recyclage des eaux usées. Les mises en œuvre restent cependant rares et la raison est le plus souvent économique », indique Mickael Tournaux, ingénieur projets et responsable Marché Agro-alimentaire chez BWT Permo. « Que ce soit en coût d’investissement et coût d’exploitation, l'aspect économique demeure un frein à leur mise en place. Par contre, nous avons un retour très favorable en amont de stations. Les clients sont de plus en plus sensibles aux mètres cubes d’eau consommés par un adoucisseur ou un osmoseur par exemple et c'est là que nous apportons des solutions. »
Mais avant de se lancer dans une opération de recyclage, il faut d’abord procéder à une démarche systématique en analysant la circulation des eaux dans le procédé, en quantifiant la consommation et en identifiant les pertes. « Souvent on se rend compte selon cette approche pragmatique que les étapes de nettoyage sont trop longues », souligne Mickael Tournaux. « Sur les sites nouveaux, nous axons sur des technologies moins consommatrices d'eau et de réactifs chimiques. Dans les installations existantes, nous recherchons à identifier des solutions simples de recyclage. Généralement il s’agit d’une boucle courte de recyclage sur un seul poste. Par exemple sur un système de décarbonatation par résine échangeuse d’ions, on peut réduire de moitié le volume d'eau… »
Recycler et réutiliser pour moins rejeter
L'atelier de traitement de surfaces de la société Tréfilerie Perillat en Haute-Savoie (74) est équipé depuis 6 ans d'une filière de recyclage et de revalorisation des déchets.
Lors de l'étude du projet, plusieurs types de traitement ont été abordés comme les filières physico-chimiques conventionnelles, les traitements membranaires et les évapo-concentrateurs.
Les objectifs qualitatifs (eau déminéralisée < 20 µS/cm sans matières organiques) pouvaient être atteints par plusieurs technologies. Le comparatif s'est donc naturellement basé sur les coûts de fonctionnement des installations et sur leur coût d'investissement. Seule une filière intégrant un évapo-concentrateur sous vide basse température résistant aux acides chlorhydriques concentrés permit une rentabilité rapide de l'installation. En effet, la concentration en phase acide de sels de chlorures et de fer permet une revalorisation du concentrat (usuellement un déchet final) de l'évaporateur en tant que coagulant de station d'épuration.
Consommée lors de la régénération en recyclant une partie des eaux de service, cette solution permet au final de réduire également les consommations de réactifs.
Certes, des technologies plus complexes telles que l'ultrafiltration peuvent être utilisées en sortie de step et donner de bons résultats. Mais ces solutions sont souvent onéreuses en termes de coût d'investissement et d’exploitation. Avant tout, le recyclage doit être rentable !
Une vision partagée par Degrémont Industry et Veolia Water STI qui proposent également des études stratégiques visant à optimiser le fonctionnement des installations. Au-delà de leurs solutions propriétaires, des produits innovants sont également proposés par des prestataires spécialisés dans certains types de procédés et applications.
À travers ses filiales Stereau et Idagua, le groupe Saur a mis sur le marché différentes solutions pour le traitement des eaux industrielles et la réutilisation de celles-ci.
Le procédé Carboplus®, dernier né de la Recherche & Développement du groupe Saur, est un réacteur à charbon fluidisé à renouvellement continu. S’insérant dans les filières de traitement comprenant ou non des membranes, Carboplus® élimine un large spectre de micropolluants, des produits phytosanitaires aux résidus médicamenteux. Il s’applique aux eaux potables ainsi qu’aux eaux résiduaires urbaines et industrielles. Le principe du renouvellement continu de charbon permet d’obtenir des performances élevées et constantes dans le temps. Procédé très compact, Carboplus® s'insère facilement sur des usines existantes. Ce procédé compte déjà plusieurs références, notamment dans l’industrie pharmaceutique.
Pour la réutilisation des eaux usées, Saur et Stereau proposent plusieurs filières de traitement en fonction des qualités d'eau exigées. La technologie la plus utilisée reste la filtration membranaire : micro, ultrafiltration, osmose inverse. Grâce au procédé de microfiltration Aqua-RM®, Stereau propose un traitement qui permet de réutiliser les eaux usées en sortie des stations d'épuration. Installé sur la station d'épuration de Vathia Gonia à Nicosie (Chypre), les eaux épurées sont réutilisées pour l'irrigation agricole. Plus proche de nous, à Saint-Gilles-de-Rhuys, le golf de Kerver réutilise les eaux résiduelles urbaines traitées par la station d'épuration équipée de modules Aqua-RM®. Six autres golfs de Blue Green, groupe Saur, réutilisent de la même façon les eaux usées pour leur irrigation.
La réutilisation des eaux usées épurées constitue une voie d’avenir, encore peu exploitée en France. C’est pourquoi, les équipes de R&D du groupe Saur ont créé un consortium d'industriels, de PME et de laboratoires scientifiques pour répondre à l’appel à projets Eco-industries 2011 émis par la Direction Générale de la Compétitivité de l'Industrie et des Services. L'objectif est de mettre au point une filière de réutilisation des eaux usées épurées qui soit modulable selon les contraintes locales et exportable à l'ensemble du bassin méditerranéen. L'usine de traitement des eaux usées de Mauguio (Hérault), exploitée par Saur, accueille la plateforme de démonstration du projet, baptisé « Nowmma » (New Process for Optimizing Wastewater Reuse from Mauguio to the Mediterranean Area).
Une large panoplie de procédés
Comme le rappelle Richard Arcos de la société Callisto, « l'approche du recyclage des effluents a été initiée par la pression réglementaire qui est de plus en plus forte, notamment avec la transposition en droit français des directives européennes. Cette démarche anticipe la fragilisation… »
croissante de la ressource en eau et se positionne sur sa maîtrise au même titre que l'énergie ».
Sur le plan pratique, Callisto étudie et réalise des unités de recyclage des effluents en adéquation avec les enjeux industriels sans omettre que les investissements les plus importants doivent être en priorité dédiés à l’outil de production. Pour cela, Callisto met en œuvre différents procédés. « Ces couplages de technologies sont incontournables mais ils ont aussi des limites qui doivent être maîtrisées » avertit Richard Arcos.
Pour concentrer les effluents, Vivlo installe par exemple des évaporateurs sous vide ou à compression mécanique de vapeur pour recycler les eaux de process. Une option intéressante qui permet dans certaines conditions (basse température, sous vide) de valoriser la pollution. « 20 à 30 % de nos installations en plus du recyclage de l'eau permettent une réutilisation des polluants », rapporte Luc Schoemaeker, chez Vivlo. « Dans l'agroalimentaire, la pollution peut servir à fabriquer des engrais, dans les traitements de surfaces on peut récupérer des acides, en cosmétique des…
savons de deuxième catégorie peuvent être valorisés, les encres en teinturerie peuvent également être récupérées après évaporation ».
Les évaporateurs sous vide sont aussi proposés par Afig Foessel, concepteur et réalisateur de systèmes de traitement d’eaux industrielles depuis plus de 40 ans. L’entreprise est surtout reconnue maintenant pour son offre en électrocoagulation. Il s'agit d'un procédé d’électrolyse à électrodes solubles, qui met en solution des cations métalliques (Al3+) facilitant l’agglomération des particules solides fines. La précipitation de ces cations contribue à augmenter le volume de boues produit. Les applications ? « Les rejets contenant de la peinture (teinturerie, imprimerie), des métaux lourds (fonderie, traitements de surface), des graisses et des huiles (savons, émulsions, huiles de lubrification, etc.) mais aussi dans l’agroalimentaire des effluents riches en protéines, comme par exemple les eaux d’abattoirs », affirme Dominique Buzare chez Afig Foessel. « L’électrocoagulation combinée à d'autres technologies est particulièrement adaptée au domaine des traitements de surface, telle la bijouterie ou l’aéronautique. Ainsi, dernièrement, nous avons installé pour Zénith en Suisse une nouvelle station de traitement avec recyclage partiel direct et montons pour Safran un zéro rejet intégral combinant 2 boucles de recirculation sur résines de 30 m³/h cumulés, un traitement des éluats par électrocoagulation et pour finir un évaporateur sous vide à CMV ».
Aux équipementiers et installateurs, Orelis Environnement propose pour sa part des techniques de séparation par membranes. Constituant une véritable barrière physique à l’huile et aux eaux mazouteuses, « nos membranes céramiques sont utilisées notamment pour traiter les eaux de fond de cale de navire » précise Bernard Castelas chez Orelis Environnement. L’entreprise fabrique aussi des membranes planes organiques pour le recyclage d’effluents industriels.
Eau Pure
Effluents dans l'industrie agroalimentaire, chimique, ou automobile. La technologie membranaire présente un avantage certain en terme de recyclage, grâce à la barrière physique qu’elles représentent. En effet dans le domaine de la pharmacie, Ovive a réalisé des pilotes concluants de recyclage de l'iode par nanofiltration.
Lorsque les effluents contiennent des substances organiques en particulier dans l’industrie alimentaire, de la boisson (brasserie, vin), du textile, et de la pharmacie, l'épuration biologique est largement utilisée. La méthode repose sur le fonctionnement d'un écosystème complexe permettant la dégradation de molécules organiques pour donner du méthane et du CO₂. Procédé particulièrement intense, les bioréacteurs aérobies ont pour avantage de conduire à une compacité des unités de traitements, ce qui facilite l’agrandissement des installations. Pour gagner en compacité, des bioréacteurs à membranes ont été développés. Deux solutions : soit la masse bactérienne passe dans une unité de filtration externe, soit les membranes sont immergées dans le milieu.
Ainsi les bioréacteurs sont proposés par tous les grands acteurs du recyclage (Degrémont Industry, Veolia etc.) pour le traitement d’effluents riches en substances organiques.
Alting commercialise ainsi en France, depuis presque 15 ans, les produits de filtration de l’entreprise allemande Microdyn-Nadir (Wiesbaden) dont son concept de modules membranaires immergés pour BRM : BIO-CEL®. Les produits de cette gamme sont les seuls modules à membranes planes actuellement disponibles sur le marché qui allient les avantages des modules plans et ceux des modules fibres creuses. Les modules séparent l’eau épurée de la biomasse et permettent de s’affranchir d’ouvrages tels que les clarificateurs. De plus, les BRM, fonctionnant à une concentration en MES 2 à 3 fois supérieure à celle rencontrée dans les STEP classiques (12 g/L au lieu de 4 à 6 g/L), permettent un dimensionnement des STEP moins gourmand en place.
L’Eau Pure possède depuis une vingtaine d’années un réel savoir-faire en matière de traitement des eaux usées industrielles par procédé biologique. Cela concerne aussi bien les bioréacteurs à membranes mis en œuvre chez Auchan, Nicolas Feuillatte ou encore Chomarat que les technologies plus classiques de boues activées implantées chez Nestlé ou Bel. Plus récemment, avec la technologie du MBBR (réacteur biologique à lit immergé), L’Eau Pure a su offrir une solution efficace, compacte et économique aux industries dont les effluents sont de nature variable. « Basée sur le principe du réacteur biologique aéré dopé par des supports plastiques auxquels s’ancre la flore bactérienne, les capacités épuratoires peuvent être accrues de manière temporaire ou »
permanente de plus de 30 % par rapport une boue activée classique » souligne Pascal Guasp.
Présent sur le marché du traitement des eaux industrielles depuis 1988, outre ses solutions physico-chimiques et thermiques, Hytec Industrie dispose également d’un bioréacteur à lit fixe immergé (Bioclean). « Destiné à éliminer des pollutions carbonées ou azotées, ce bioréacteur peut constituer une étape de traitement à part entière ou être mis en œuvre en complément d’un autre dispositif de traitement, tel que physico-chimique, séparation membranaire, ou évapo-concentration », indique Louis-Marie Girard, P-dg d’Hytec Industrie. « Bioréacteur doté d’un média à haute surface spécifique, Bioclean® est utilisé sur des effluents de lavage des véhicules à la RATP avec un recyclage de 90 %. Depuis 10 ans nous avons équipé près d’une vingtaine d’installations pour cette application ».
Pour sa part, AquaCorp (représentant de la société belge Enprotech) propose des bioréacteurs à membranes aérobie MBR couplés avec un prétraitement anaérobie de type réacteur UASB, ce qui permet de générer du biogaz. Une telle approche permet de limiter au maximum les rejets liquides, solides et gazeux et de tendre vers des stations à énergie positive. « En Belgique (Harelbeke), la société Agristo spécialisée dans la production de pomme de terre congelées et précuites a fait le choix de ce procédé pour traiter quotidiennement 2000 m³/jour d’eaux usées » signale Erik Gonay chez Aquacorp. Le produit final de haute qualité est utilisé comme première eau de rinçage dans le processus de nettoyage des pommes de terre. Le biogaz permet de produire de l’électricité vendue au réseau.
Employée dans les pays du Nord, la solution est encore inédite en France.
Rejeter moins, ça peut aller jusqu’à ne rien rejeter. Ovive propose une solution de traitement par voie végétale : le TTCR (Taillis à Très Courte Rotation) de saules, qui permet d’atteindre le zéro rejet. Le principe combine l’évapotranspiration des saules ainsi que leur capacité de traitement, de l’azote et du phosphore notamment. Les saules sont maintenus en croissance et l’alimentation est contrôlée grâce à des goutteurs spécifiques et des sondes de mesures de l’hygrométrie du sol.
Cette solution de traitement et d’évaporation présente l’avantage de produire une quantité importante de biomasse, qui peut être valorisée en bois-énergie. La technique peut être utilisée en combinaison avec d’autres procédés, comme chez Som’Backer, fabricant de pizza, où le TTCR est utilisé en traitement de finition à la sortie d’une station physico-chimique. ■

