Eparco Assainissement conçoit, fabrique et installe des systèmes d’assainissement à destination de l’habitat individuel et du petit collectif. En quelques années seulement, cette société a su se créer une place de tout premier plan sur le marché, tout en contribuant à faire de l'assainissement non collectif une solution à part entière.
Rencontre avec , son directeur général.
E.I.N. : Pouvez-vous nous présenter votre entreprise en quelques mots ?
Stéphane Bavavéas : Eparco Assainissement est une filiale à 100 % de la société Eparcyl qui a été elle-même créée à la fin des années 1960. À l’époque, cette société distribuait plusieurs produits à connotation environnementale dont l’Eparcyl, un produit qui élimine les odeurs, digère les boues et permet d’espacer grandement les vidanges de fosses septiques (tous les 20 ans selon certains de nos clients !). L’Eparcyl était à ce moment-là un produit encore assez empirique. Les ingénieurs avaient constaté qu’il produisait un certain effet dans les fosses septiques, sans en comprendre véritablement tous les mécanismes.
Dès le démarrage de l’entreprise, nous avons donc engagé d’importants efforts de recherche et lancé un certain nombre de collaborations avec des organismes tels que le laboratoire d’hydrologie et d’hygiène de Montpellier, le laboratoire d’hydrologie mathématiques de l’Université des sciences et techniques du Languedoc et l’INSERM. Ces recherches ont permis de mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement de la fosse septique et du produit Eparcyl lui-même. Elles nous ont permis d’améliorer son efficacité pour en faire un produit qui reste, aujourd’hui encore, incontournable.
Ainsi, au fil des années, l’Eparcyl a bénéficié de cinq formulations différentes : au départ, il éliminait 10 % des boues de la fosse septique, aujourd’hui, il en élimine 90 % dans le même laps de temps. Eparcyl continue donc à occuper une place importante au sein de l’entreprise comme sur le marché. Il a d’ailleurs progressé de 15 % l’année dernière et de 6 % cette année.
E.I.N. : L’entreprise s’est donc développée rapidement...
S.B. : Absolument. L’entreprise s’est rapidement développée grâce à l’efficacité reconnue de ses produits, promus par une publicité originale, et parallèlement à l’essor de la grande distribution dans le courant des années 70 et 80. Elle s’est également développée en termes d’assortiments de produits : en travaillant sur la thématique environnementale en général et sur les produits pour fosses septiques en particulier, nous avons été amenés, à la fin des années 1980, à concevoir notre propre fosse septique (toutes eaux), que nous avons fait breveter, ainsi que plus tard notre propre système de filtration en sortie de fosse.
Pendant cette période, nous avons également beaucoup misé sur la recherche et le développement jusqu’à créer en 1989 à Mèze dans l’Hérault un véritable centre de recherches. Ce centre, qui bénéficie d’une infrastructure complète et d’importants moyens, présente cette particularité de recevoir les eaux usées d’un lotissement voisin. C’est pour nous un atout considérable. Sur la plate-forme, six filières d’épuration fonctionnent en continu et nous permettent ainsi de réaliser l’ensemble de nos tests en conditions réelles.
E.I.N. : Quels ont été les apports de ce centre de recherches ?
S.B. : Ce centre nous a permis d’acquérir une expertise de haut niveau. Cette expertise est par exemple directe-
la recherche et le développement
à l'origine de la mise au point, en 1994, de notre filière d’assainissement compacte. Cette expertise, ajoutée à l'opportunité qu’a constituée la loi sur l'eau du 3 janvier 1992 qui a consacré l’assainissement non collectif comme solution d’assainissement à part entière, nous a incité à bâtir un projet industriel et à créer une entité juridique pour saisir ce marché en tant que stratégie de diversification. Nous avons donc commencé, dans le courant des années 1990, à travailler sur ce projet. Nous avons complètement réaménagé notre usine de Senan, dans l’Yonne, puis nous l'avons agrandie en portant sa surface à plus de 10 000 m² pour pouvoir fabriquer nos fosses septiques et tous les éléments composant notre système de filtration des eaux usées. En 1999, nous avons filialisé l’activité et créé Eparco Assainissement.
Avec d'un côté des produits de grande consommation comme l’Eparcyl commercialisés à travers la grande distribution, et de l’autre, des systèmes d’assainissement tant pour les particuliers que pour les petites collectivités, il était devenu nécessaire de distinguer ses activités.
Mais l’activité a monté en puissance rapidement. À l'époque, notre stratégie consistait à travailler le marché des petites collectivités.
E.L.N. : Que pesait Eparco Assainissement au moment de sa création ?
S.B. : Eparco Assainissement pesait environ 5 % du chiffre d'affaires d’Eparcyl lorsque son activité a été filialisée.
Nous avons ainsi, en quelques années seulement, assuré l'assainissement de quelque 500 villages en France ! En parallèle, nous avons vendu, en régime dérogatoire à l’époque, un certain nombre.
ENTREPRISE DU MOIS
EPARCO ASSAINISSEMENT place la recherche et
➜ de systèmes d’assainissement non collectif individuels que nous avons fait étudier par notre propre laboratoire, ainsi que par des laboratoires indépendants français, belges et canadiens afin de constituer un dossier solide nous permettant de faire rentrer notre système d'assainissement individuel compact dans la réglementation.
E.I.N. : Ce que vous êtes parvenu à faire...
S.B. : Absolument. L'origine de cette démarche remonte à 1999. Le dossier a été déposé en 2000. Nous avons eu un premier retour quelque temps plus tard du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) qui nous a demandé des analyses complémentaires. Nous les avons fait réaliser par des laboratoires indépendants. D’une manière générale, le CSHPF nous a demandé 5 années de recul et d’analyses sur des systèmes ayant fonctionné à pleine charge. Nous avons finalement obtenu l’avis favorable du CSHPF et, plus important encore, la transcription de cet avis favorable dans la réglementation par l’arrêté interministériel du 24 décembre 2003. Nous étions, et sommes toujours à ce jour, les seuls à avoir obtenu l'avis favorable du CSHPF et à être reconnu par arrêté interministériel.
E.I.N. : Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?
S.B. : Nous avons réorienté notre stratégie de développement vers l’assainissement individuel alors qu’il y a peu, notre stratégie était essentiellement orientée vers les petites collectivités. Si nous nous recentrons aujourd’hui sur le marché de l’assainissement individuel, c’est parce que nous disposons d’un produit qui est très compétitif sur ce marché et que le marché s’y prête. D’autre part, le marché des petites collectivités est devenu moins attractif : les priorités ont changé, les grosses collectivités sont redevenues prioritaires. Aujourd’hui, l’essentiel du marché d’Eparco Assainissement se répartit à 70 % sur l’assainissement de la maison individuelle et 30 % sur l’assainissement en petit collectif.
E.I.N. : Comment commercialisez-vous vos produits sur ces différents marchés ?
S.B. : Sur le marché du petit collectif, nous disposons en interne d'un bureau d’études composé d'ingénieurs spécialisés à la fois en Génie civil et en Assainissement qui répondent aux appels d’offres dans le cadre des marchés publics. Nous confions le Génie civil et le terrassement à des entreprises sous-traitantes. Nous vendons la partie matériel, la partie conception et nous dirigeons le chantier, c'est-à-dire que nous répondons en tant qu’entreprise principale à ces appels d’offres. Notre Service travaux prend intégralement en charge le suivi des chantiers.
Sur le marché de l’assainissement individuel, nous avons noué un certain nombre de partenariats avec des entreprises qui jouent le rôle de plate-
le développement au cœur de sa stratégie
formes logistiques et techniques et qui sont détentrices à la fois du matériel et du savoir-faire sur l'ensemble du territoire. Ces plates-formes reçoivent le matériel en kit puis elles le montent. Elles nous servent de relais avec les opérateurs locaux, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entreprises artisanales qui font de l'assainissement localement. Nous disposons aujourd'hui d'une cinquantaine de ces plates-formes sur l'ensemble du territoire français.
E.I.N. : Votre marché est essentiellement national ?
S.B. : La France forme l'essentiel de notre marché. Les atouts de notre technologie compacte nous incitent toutefois à regarder du côté des états du sud de l'Europe, même si le niveau de maturité de ces marchés, à l'exception peut-être de l'Espagne et de la Pologne, ne sont pas au niveau de celui de la France. Mais ce sont des marchés en devenir. Nous menons également une stratégie d'investigation importante aux États-Unis et au Canada où nous disposons d'un bureau près de Toronto. Nous avons réalisé des études qui laissent penser que les systèmes compacts y ont leur place. Mais la réglementation y est différente et complexe. Aux États-Unis, en raison des spécificités réglementaires, climatiques et démographiques, il faut raisonner État par État et c'est bien la complexité de ce marché. Nous en avons sélectionné quelques-uns en vue de nous y implanter, comme par exemple l'Ohio où nous avons obtenu un avis favorable il y a un an. Nous sommes armés technologiquement, mais nous rechercherons sans doute des partenariats pour nous y implanter.
E.I.N. : Qu'est-ce qui fait la force d'Eparco Assainissement aujourd'hui ?
S.B. : L'essentiel de notre force réside sur deux piliers que sont notre Centre de recherches et de développement basé à Mèze et notre site de production basé à Senan. Cette stratégie d'intégration fait notre force. Nous développons nous-mêmes nos propres technologies, nous fabriquons nous-mêmes ce qui nous permet d'être compétitifs sur le marché.
En termes de produits, ce qui fait notre force c'est la filière compacte Eparco, une solution compacte qui permet d'assurer l'assainissement d'une habitation ou d'un groupement d'habitations dans 5 fois moins d'espace que les technologies traditionnelles. Ainsi, si nous prenons l'exemple d'une maison individuelle, notre technologie compacte nécessite moins de 15 m², alors que pour une technologie traditionnelle, l'emprise au sol est au minimum 5 fois supérieure. Son deuxième avantage, c'est sa fiabilité. Ce système est plus fiable que les systèmes traditionnels, car il est industriel et standardisé, donc parfaitement reproductible avec des méthodologies de fabrication validées et des méthodologies d'installation garanties par les professionnels. Notre système s'exonère complètement des aléas qui pèsent sur les filières traditionnelles comme par exemple le climat, l'approvisionnement en matériaux, etc.
E.I.N. : Quelles sont vos perspectives de développement pour les années à venir ?
S.B. : Notre objectif est d'atteindre les 10 % de parts de marché sur la technologie compacte à un horizon de 3 ans. C'est un objectif ambitieux mais réaliste. Nous travaillons également dans le domaine des effluents industriels, plus particulièrement les effluents viti-vinicoles. Nous proposons un système de fosse septique et de filtre compact spécifiquement dédié aux petites caves de moins de 2 000 hectolitres. C'est un système qui a fait ses preuves et qui constitue un axe de développement pour demain. Nous travaillons également sur certains types d'eaux usées comme les effluents d'origine agro-alimentaire.
Plus généralement, à un horizon de 5 ans, je souhaiterai qu'Eparco Assainissement soit devenu la référence en matière d'assainissement non collectif et d'assainissement individuel. Une référence technologique avec des assainissements fiables. Car l'un des grands constats que l'on peut faire sur les 30 dernières années en France, c'est que si l'assainissement non collectif est une technologie fiable qui a fait ses preuves par endroits, son côté aléatoire l'a parfois desservi. Nous voulons démontrer qu'avec une technologie industrialisée et standardisée, il est possible d'être tranquille pour plusieurs dizaines d'années. Notre procédé bénéficie d'une crédibilité technologique validée qui doit lui permettre de devenir cette référence.