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Le SIG du SEDIF : un outil performant au service de la gestion de l'eau potable

30 juillet 2007 Paru dans le N°303 à la page 53 ( mots)
Rédigé par : Flora GANDIN et Olivier DOUTRE

Afin de gérer plus efficacement son patrimoine technique ? réseau d'eau potable principalement ? et foncier, et de faciliter le travail des exploitants, le SEDIF s'est doté d'un système d'informations géographiques. Au-delà de ces principaux objectifs, le SIG est également un outil fédérateur, au service des partenaires du SEDIF : ainsi, les communes et communautés d'agglomération adhérentes disposent d'une information homogène sur leur territoire. La mise à disposition de ces informations sensibles (le réseau d'eau est placé sous réglementation Vigipirate) s'effectue via un extranet sécurisé. En constante évolution, ce SIG s'apprête à renouveler son fond de plan et son orthophotographie et à développer de nouvelles couches d'informations.

Le Syndicat des Eaux d’Île-de-France possède un patrimoine de 8 700 km de canalisations, de diamètre variable (de 100 mm à 2 000 mm) sur lesquelles sont installés de nombreux équipements hydrauliques (vannes, branchements, bornes incendie...) qui font l'objet de fréquents événements et interventions (fuites, renouvellements, arrêts d’eau...), et de nombreux sites et bâtiments liés à l’exploitation du service de l'eau. La maîtrise de la quantité et de la qualité de l’eau distribuée sur un territoire aussi vaste impose une connaissance précise du réseau. Afin de rendre plus performante la gestion technique et administrative de ce patrimoine et d’améliorer la qualité du service rendu aux abonnés, la nécessité s'est imposée de rassembler sur un même support informatique l'ensemble des informations liées à la localisation géographique du réseau d'eau. Pour rendre toute son efficacité, le système informatique doit également être relié aux autres applications du régisseur et du

[Encart : texte : Le Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) distribue chaque année plus de 270 millions de m³ d'eau potable à 4 millions de consommateurs franciliens. Pour couvrir 95 % de ses besoins, le Syndicat dispose de trois usines de production d'eau potable prélevant dans les trois principaux cours d'eau du Bassin Parisien : la Seine, la Marne et l'Oise. À partir de ces usines, 8 700 km de canalisations assurent la distribution de l'eau auprès des 537 000 abonnés. Établissement public à caractère administratif, le SEDIF est né en 1923 et regroupe 144 communes réparties sur 7 départements de l’Île-de-France. Son budget annuel consolidé est de 580 millions d’euros. La gestion du service est déléguée à Veolia Eau — Banlieue de Paris, dans le cadre d'un contrat de régie intéressée. La mission confiée à Veolia, appelé le régisseur, porte notamment sur l'exploitation des installations et la gestion des abonnés — près de 4 200 agents interviennent pour assumer cette mission —, tandis que le SEDIF, maître d’ouvrage, définit et contrôle les investissements et le prix de l'eau.]
[Photo : Interface de l'application Giris.]

SEDIF.

Une phase pilote lancée dès 1992 sur six communes de l’agence de Boulogne a permis d’étudier tous les aspects d’un système d’informations géographiques (SIG) comme moyen d'aide à l'exploitation, mis à la disposition du personnel technique du Régisseur, et comme outil devant également répondre aux objectifs définis par le SEDIF pour ses propres besoins de maître d’ouvrage.

Le bureau du Syndicat a approuvé en novembre 1999 la validation de l’opération pilote et le schéma directeur de mise en œuvre de la généralisation du SIG. Un programme a ensuite été mis au point courant 2000, d’un montant de 9 millions d’euros, valeur actualisée, et un appel d’offres sur performances mené en 2003 a lancé la réalisation effective de ce SIG sur l’ensemble des communes du Syndicat. La constitution complète de la base de données géographique a été réalisée à partir de 2004 et le déploiement sur sites du progiciel cartographique lui a succédé, permettant une utilisation opérationnelle début 2006. Les derniers mois ont été consacrés à l'intégration des branchements dans le SIG, aux échanges avec d'autres systèmes d'information, ainsi qu’à la mise à disposition de services intranet aux communes.

Rappel des objectifs

Les apports du SIG

Le SIG, de par sa capacité à fédérer un grand nombre d'informations, se place au cœur du système d'information du Syndicat et de son régisseur pour leur permettre :

  • • de renseigner chaque client de façon plus réactive en disposant des événements d'exploitation du réseau susceptibles de modifier les conditions de délivrance de l'eau,
  • • de renforcer le dialogue avec leurs partenaires (communes, autres concessionnaires…) par la mise en œuvre d'échanges informatisés et la production de documents répondant aux nouveaux standards en vigueur,
  • • de consolider la connaissance patrimoniale du réseau et d'en optimiser, financièrement et techniquement, la politique de renouvellement. Le SIG servira ainsi à l'élaboration des plans annuels de renouvellement du réseau et facilitera les études menées sur ce thème en intégrant l'ensemble des critères (propres aux conduites ou liés à leur environnement direct) pouvant influer sur ce renouvellement,
  • • de renforcer la qualité de la gestion technique du réseau en augmentant la fiabilité des interventions mais aussi en prévenant l'apparition d'incidents par l'analyse des causes probables d'incidents passés,
  • • de renforcer la précision des modèles mathématiques servant à la modélisation hydraulique du réseau par la mise à disposition d'une base descriptive aisément exploitable,
  • • de renforcer la gestion foncière du Syndicat (parcelles, servitudes…).

Les fonctionnalités du SIG SEDIF

L’outil SIG retenu est le progiciel GIRIS, développé et distribué par la société Générale d'Infographie (logiciel applicatif développé plus particulièrement pour les réseaux à partir des progiciels standards Microstation et Oracle). Sa convivialité lui permet d’être utilisé par l’ensemble du personnel d'exploitation, qu'il s'agisse de l'inspecteur qui intervient sur le réseau, de l'encadrement ou du personnel des bureaux d’études, ainsi que par les techniciens du SEDIF.

Il est de plus paramétrable et s'adapte aisément aux particularités locales de chaque exploitation. Enfin, fondé sur les standards du marché (la base de données relationnelle Oracle et le logiciel de DAO Microstation de Bentley), GIRIS est un produit ouvert, standard et s'intègre facilement dans un système d'information existant.

Les principales fonctions qui peuvent être utilisées sont les suivantes :

  • ✔ Les fonctions de base : gestion de l’espace géographique, de l’affichage, de la consultation, impression rapide et édition,
  • ✔ Les fonctions dédiées à la gestion du réseau d’eau et du patrimoine : fonctions de saisie, de mise à jour, gestion des plans associés, fonctions d’exploitation (gestion des arrêts d'eau, gestion des programmes, gestion des actions correctives et préventives),
  • ✔ Les fonctions d’analyse et de requêtes tri multicritères.

Les caractéristiques techniques du SIG SEDIF

Le SIG du Syndicat des Eaux Île-de-France est principalement un outil d’exploitation et de connaissance patrimoniale pour le maître d’ouvrage. Il ne s'agit aujourd’hui en aucun cas d'un outil permettant de localiser finement les installations.

[Encart : De quoi s'agit-il? C'est avant tout un « système d'information » gérant des données géographiques qui sont à la fois graphiques (cartes) et alphanumériques. Le SIG offre une description exhaustive des caractéristiques du réseau, qu'il s'agisse des infrastructures (tracés des conduites, matériaux utilisés, linéaire, diamètre, date de mise en place…), de l'environnement urbain (bâti, espaces verts…) ou des événements d'exploitation (incidents, interventions sur le réseau). Il regroupe donc un grand nombre d'informations qui serviront aussi bien à la consultation qu'à des fonctions plus élaborées d'analyse et d'aide à la décision.]

besoins, l’échelle utilisée est le 2.000ᵉ. Les plans de recollement, établis au 200ᵉ en général, sont consultables par des liens présents dans le SIG.

Les fonds de plan (fond de plan réalisé spécifiquement et orthophotoplan) sont donc eux aussi établis au 2.000ᵉ. L’architecture du système permet de mettre à jour les données dans la base Oracle centralisatrice quotidiennement. Ce sont les agents du régisseur qui sont chargés de cette mise à jour. Cette base, ou une copie de cette dernière, est interrogée par tous les postes de consultation, que ce soit chez le régisseur ou au SEDIF, maître d’ouvrage.

Deux modes d’accès principaux permettent à chacun une utilisation selon ses besoins :

  • les postes “clients” permettent les mises à jour de la base de données, et une utilisation poussée du SIG. Ces postes clients sont installés dans les services spécialisés dans l’exploitation et la gestion des réseaux.
  • l’accès “web” permet la consultation et offre des fonctionnalités limitées : l’intérêt principal de cet accès est la localisation des installations.

Un axe majeur : l’établissement de partenariats pour le développement de l’information géographique sur le territoire du Syndicat

Un volet important du projet du Syndicat souhaite définir et mettre en œuvre les moyens techniques et organisationnels d’harmonisation, de partage et d’échange du maximum de données, en particulier géographiques, en profitant des possibilités techniques modernes, objectif permettant d’optimiser les moyens mis en œuvre par le Syndicat et les communes adhérentes.

Grâce à ce volet du projet SIG, le Syndicat doit réussir à créer un pôle de diffusion de données géographiques homogènes et harmonisées sur tout le territoire syndical, en relation avec son site Internet, permettant de favoriser la connaissance et la mise en valeur de ce territoire, et utilisables par les services municipaux des communes du Syndicat, et pour partie par le public.

Orthophotoplan numérique

Le SEDIF a mis à disposition des communes adhérentes l’orthophotoplan réalisé sur l’ensemble du territoire. Cette fourniture s’inscrit dans une logique de partage de l’information et d’incitation au développement de l’information géographique au sein même des communes. Celles-ci pouvaient utiliser cette information comme fond de plan de leur SIG s’il existait ou comme image, dans un premier temps, pour éventuellement susciter le besoin de poursuivre dans une logique de valorisation de l’information géographique.

Fond de plan général

De la même manière que précitée, le fond de plan principal réalisé spécialement par le Syndicat pour son SIG a été mis à disposition des communes. Au travers des contacts avec celles-ci, cette mise à disposition intéresse la majorité d’entre elles étant donné la qualité de ce fond de plan et les informations complémentaires qu’il contient par rapport au cadastre. L’opération peut être particulièrement intéressante pour les communes qui ne possèdent aucun fond de plan numérique. Cette fourniture a été réalisée à la demande des communes dans un premier temps, puis via un accès sécurisé sur le site internet du SEDIF.

Extranet SIG via le site internet du SEDIF : www.sedif.com

Depuis début mars 2007, au travers du site Internet du SEDIF, les communes et communautés d’agglomération adhérentes au SEDIF ont la possibilité de télécharger ou consulter des données concernant le réseau d’eau potable de leur propre territoire.

Cette mise à disposition d’information s’est accompagnée d’une « Charte d’utilisation des données numériques issues du système d’informations géographiques de gestion du réseau d’eau potable du Syndicat des Eaux d’Île-de-France », pour encadrer l’utilisation des données. Deux modes d’accès aux données sont possibles :

  1. par téléchargement
    • du schéma du réseau au 2.000ᵉ
    • du fond de plan du SIG du SEDIF
  2. par visualisation du réseau et d’informations associées — canalisations, équipements incendie, équipements publics — à l’aide de l’application Girisweb. Très simple d’utilisation, cette dernière nécessite un faible paramétrage du poste de travail.

Les données concernent principalement :

  • les canalisations : diamètre, emplacement, matériau, …
[Photo : Interface GirisWeb : localisation et consultation d'information.]
  • - les équipements incendie : identifiant, type (diamètre inclus), marque modèle ;
  • - les équipements publics : type (bouche de lavage, fontaine…).

L'accès est naturellement très sécurisé, les données mises à disposition des communes concernent le réseau d'eau potable, sensible, placé sous Vigipirate.

Mise en œuvre d’un « comité d’échange des données géographiques »

Étant donné l'importance des aspects liés aux échanges de données, autant pour le Syndicat que pour les communes, et l'ampleur que peut prendre cette fonction nécessaire à l'optimisation des projets SIG sur le territoire du Syndicat, il a été créé un « comité d’échange des données géographiques », auquel participent des élus et techniciens représentant une vingtaine de communes ; ce comité se réunit une à deux fois par an, depuis 2002, à fin consultative, et avec pour objectif de définir au plus près des communes les évolutions et projets, et d’assurer une dynamisation et donc une plus grande efficacité de mise en œuvre des projets de partenariats et d’échanges. C’est aussi l'occasion pour le SEDIF d’échanger sur ses projets concernant l'information géographique.

Mise à disposition du fond de plan et de l’orthophotoplan

Dans un souci de meilleure gestion des fonds publics, le SEDIF a partagé son fond de plan et son orthophotoplan avec deux organismes couvrant des territoires similaires (proche banlieue parisienne). L’association SYNCOM, en charge de la coordination des travaux sur le domaine public, utilise depuis plus d'un an le fond de plan du SEDIF pour localiser les chantiers sur une nouvelle application cartographique. Le Syndicat Intercommunal de la Périphérie de Paris pour l’Électricité et les Réseaux de Communication (SIPPEREC) bénéficie également de ce fond de plan dans son propre SIG. Cette mise à disposition du fond de plan et de l’orthophotoplan a été encadrée par une convention d’échange, l'association SYNCOM et le SIPPEREC s'engageant à cofinancer les futures mises à jour de ces fonds de plan.

Pour finir

Le SIG a un rôle fédérateur dans le système d'information du Syndicat des Eaux d’Île-de-France et offre à l'utilisateur une vision globale et intégrée des aspects techniques, fonctionnels et qualitatifs du réseau, optimise et automatise les flux d'information avec les différentes applications du système d'information.

Le SIG est également un outil fondamental d'échanges de données numériques avec les communes du Syndicat, avec comme ambition, à terme, de créer un pôle de diffusion publique de données homogènes et harmonisées sur le territoire du Syndicat, favorisant par là même une meilleure connaissance et mise en valeur de ce territoire.

Les prochaines évolutions du SIG comprendront la mise à jour des fonds de plan, l'étude de l'opportunité de réaliser un fond de plan à plus grande échelle, le partage de l'information, l'intégration de couches supplémentaires permettant de gérer d’autres problématiques comme les aménagements liés aux projets de transport public...

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