Elle exploite ainsi, par l’intermédiaire de 3 groupements basés à Coulommiers, Meaux et Provins, 41 stations de pompage ou de reprise, 47 réservoirs et plus de 600 km de réseau (figure 1).
Compte tenu de la dispersion de ces ouvrages et des nombreux déplacements qu’elle impliquait pour assurer une sécurité optimale de la distribution et une qualité constante du service rendu aux usagers, notamment pendant les périodes d’astreinte (nuits et week-ends), la Compagnie a décidé, à la fin de 1982, d’étudier et de proposer aux collectivités ainsi qu’aux services de la D.D.A., la réalisation d’un réseau de télécontrôle.
Les objectifs poursuivis étaient les suivants :
- — contrôler et surveiller le niveau des réservoirs, les stations de pompage, les chloromètres, et les points particuliers (un turbidimètre et une prise de pression),
- — assurer les alarmes et leur transmission vers le personnel d’astreinte,
- — optimiser le pompage,
- — transmettre et exploiter des index de compteurs (horaires, d'eau, d’électricité),
- — télécommander certains ouvrages.
Or, depuis 1982, fonctionne à Château-Thierry, siège du secteur « Brie » (Aisne et Seine-et-Marne), un réseau de télésurveillance des réservoirs (transmetteurs Surtec sur réseau téléphonique commuté) ; cette réalisation donnant satisfaction, il a paru intéressant de l’adapter en Seine-et-Marne, en la développant et en utilisant les progrès technologiques réalisés dans la téléphonie, l’électronique et la micro-informatique.
De par leur importance, les villes de Provins et de Coulommiers justifiaient une surveillance en temps réel des ouvrages de protection, de traitement et de stockage. Pour contrôler ces derniers, il a paru judicieux d’utiliser un support téléphonique permanent (liaisons spécialisées P.T.T.) ; quant aux communes rurales, il a été décidé de les surveiller par le réseau téléphonique commuté. Sur ces bases, une vaste consultation a été lancée ; c'est l'entreprise Flutec qui a été retenue en juin 1984 pour réaliser l'ensemble de l'opération (à l'exception des raccordements P.T.T. et E.D.F., des adaptations aux armoires de commandes existantes, et de la pose de panneaux solaires sur les réservoirs isolés, travaux réalisés par la Compagnie Générale des Eaux).
La première tranche du réseau (comprenant l’équipement des villes de Provins et Coulommiers et de quatre communes rurales du Provinois) est en service depuis janvier 1985 ; la deuxième et dernière tranche a été achevée le 1ᵉʳ juillet 1985.
LE RÉSEAU
Organisation des systèmes
Les trois niveaux de Provins, Coulommiers et Meaux sont autonomes, mais les postes centraux installés sur les sites se sauvegardent mutuellement.
[Photo : Fig. 1 — Implantation des réseaux de Seine-et-Marne.
@ Poste central.
■ Réservoir.
▲ Station de pompage]
[Photo : Schéma de principe du réseau]
Chaque réseau est constitué par un ensemble d’équipements de transmission dont le schéma est représenté sur la figure 2, et qui assurent les fonctions suivantes :
- — mesure du niveau (capteur NPI)
- — transmission du niveau et asservissement des commandes de pompes (transmetteur TSL)
- — transmission des états, alarmes, des mesures échantillonnées, des comptages (transmetteur Comptor)
- — concentration et diffusion des informations, traitement des automatismes, gestion des transmissions (USP, TM 16000 X)
- — gestion des protocoles de communication.
Composants du système
On distingue :
Les capteurs de niveau
Les capteurs utilisés sont de type immergé piézorésistant (NPI). Ils utilisent comme principe un pont de jauge de contrainte « couche épaisse » déposé sur une membrane en alumine, et un préamplificateur en technologie hybride. Ces capteurs de technologie moderne se distinguent par leur facilité de mise en œuvre, leur faible hystérésis et leur compensation intégrée des variations de température.
Les transmetteurs de liaison réservoir-station (type TSL)
Ces transmetteurs sur ligne permanente sont des appareils analogiques dans lesquels la variation de la mesure d’entrée est convertie en une fréquence proportionnelle.
Les équipements de mise en œuvre simple assurent l’asservissement des commandes marche-arrêt de deux groupes de pompages et la détection des défauts des supports de transmission du capteur, des alarmes de niveau haut et bas.
Les équipements s’affranchissent des variations importantes de résistance de ligne et des lignes translatées.
Les transmetteurs autocommutés (du type Comptor)
De capacité d’acquisition moyenne (douze états, deux mesures et quatre télécomptages), ils s’adaptent parfaitement à la fonction de télésurveillance à laquelle ils sont destinés.
Les stations du système TM 16000 X
Le TM 16000 X est un système d’automatisation des réseaux, basé sur une structure hiérarchisée à distribution de fonctions.
Il permet :
- — une optimisation des temps de transmission,
- — un fonctionnement autonome des sous-réseaux.
Il assure une grande sécurité de transmission (trame HDLC utilisant un code de redondance cyclique CRC).
Les stations du type USP
La station USP est une station intelligente.
Elle assure :
[Photo : Armoire avec transmetteur TSL]
[Photo : Armoire avec transmetteur Comptor]
- — les fonctions de concentration et de diffusion des informations provenant des stations qui lui sont rattachées
- — la gestion des télétransmissions
- — le traitement des informations
- — la gestion des tâches d’automatisme.
Sa capacité d’acquisition extensible est de 32 états, 8 télémesures, 8 télécomptages, 16 télécommandes.
Le frontal de communication
Constitué par une station USP de la gamme TM 16000 X, il assure :
- — l’interfaçage entre le calculateur et le réseau de télétransmission, ainsi que les conversions du protocole de communication.
Le poste central
Il est organisé autour d’un micro PDP 11/23 équipé d’une mémoire centrale de 512 ko et d’une mémoire de masse répartie sur un disque Winchester de 30 Mo et deux disquettes de 400 ko.
Un terminal d’impression graphique LA 50 100 CPS assure diverses fonctions : consignation au fil de l’eau, alarmes, édition des journaux de bord, bilans d’exploitation, tracé de courbes.
Une console de visualisation graphique couleur VT 241 permet le dialogue de consultation des fichiers d’états et des mesures, le réaccès aux fichiers d’archivage, la visualisation des histogrammes et des schémas de stations.
Le poste central (figure 5) comprend en outre :
- — Un numérateur automatique
Il est télécommandé par le micro-ordinateur de manière à avertir la personne d’astreinte en cas d’alarme. La relation alarme-personnel d’astreinte est gérée à partir de fichiers associant à une zone géographique donnée et une période de temps précise le numéro de téléphone de l’agent d’astreinte.
- — Des terminaux d’astreinte minitel
Ils sont équipés d’un interpréteur vidéotex ASCII permettant l’accès aux fichiers de l’ordinateur et se comportent ainsi comme un serveur privé.
La possibilité est donc donnée aux responsables, ainsi qu’au personnel d’astreinte, de connaître tous les antécédents d’une situation et de déclencher éventuellement à distance des directives de commandes.
Le réseau fonctionne provisoirement sous un logiciel CESA adapté par la Compagnie Générale de Chauffe. Toutes les fonctions prévues ne sont pas encore opérationnelles, mais les fonctions de surveillance et d’astreinte sont assurées.
[Photo : Vue générale du poste central]
PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION
Comme nous venons de l’indiquer, le réseau fonctionne sous un logiciel provisoire. Un logiciel spécifique est en cours de développement à l’usage du groupe Compagnie Générale des Eaux. Son implantation en Seine-et-Marne est prévue en fin de premier semestre 1986.
Le réseau actuel ne concerne que des installations d’eau potable. Compte tenu de la capacité des postes centraux, le télécontrôle d’ouvrages d’assainissement (stations de relèvement et stations d’épuration) est envisagé ; cela fera vraisemblablement l’objet d’une deuxième phase.
D’autres périphériques peuvent également être entrevus : on peut penser en particulier à la synthèse vocale, le télex, le terminal déporté, etc.
La Compagnie Générale des Eaux est ainsi dotée d’un outil de gestion performant et fiable lui permettant d’assurer au mieux, dans des conditions optimales de confort et de sécurité pour les usagers, sa mission de service public.