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Maintenance et démarche qualité totale dans les stations d'eau potable

28 février 1995 Paru dans le N°179 à la page 51 ( mots)
Rédigé par : Odile RICCI et Jean-claude MOUSSY

La SAGEP (Société Anonyme de Gestion des Eaux de Paris) a été chargée par la Ville de Paris en 1987, date de sa création, d'assurer la production d'eau potable destinée aux Parisiens, notamment au travers des trois usines d'Ivry, Joinville et Orly, dont la maintenance des installations est primordiale. A cet effet, la société, dans son souci de " qualité totale ", a mis en ?uvre à Orly et à Ivry des systèmes de gestion de la maintenance assistée par ordinateur (GMAO), qui ont été installés après inventaire et codification des composants existants. L'usine de Joinville, totalement reconstruite, en sera également dotée. Le présent article établit le bilan de ces expériences qui montrent le rôle prépondérant que joue la maintenance dans ces usines automatisées.

La SAGEP, Société Anonyme de Gestion des Eaux de Paris, créée en 1987 pour approvisionner la Capitale en eau de qualité, s’est dotée d’un objectif dans sa démarche de « Qualité Totale » : veiller à une réelle satisfaction du consommateur, par une qualité de l’eau qui réponde à ses attentes. Dans cet esprit, l’assurance de la qualité passe par une connaissance la plus forte possible des procédés de production d’eau potable pour la mise au point de la maintenance préventive (1) et par la connaissance des dysfonctionnements rencontrés, pour y remédier le mieux possible.

1) Maintenance : la maintenance est définie comme étant « l’ensemble des actions permettant de maintenir ou de rétablir un bien dans un état spécifié ou en mesure d’assurer un service déterminé » (norme Afnor X 60-010).

[Photo : Surveillance des procédés et des alarmes en usine.]
[Photo : Réglage des appareils de mesure en continu.]

Ivry, Joinville, Orly : trois stations de la SAGEP qui alimentent Paris en eau potable avec chacune une capacité journalière de 300 000 m³ ; à titre de comparaison, c’est le volume de la Tour Montparnasse… Ces usines puisent leur matière première dans l’eau de la Seine ou de la Marne, qu’elles transforment chaque jour pour les Parisiens en une eau pure, agréable à boire. Ces stations d’eau potable constituent des ensembles impressionnants d’ouvrages en béton, de conduites, de machines tournantes, d’installations électriques ou d’automatismes… qu’il y a lieu de gérer et de maintenir.

Des démarches innovantes ont été introduites dans ces trois usines de production d’eau potable. Dans les usines d’Orly et d’Ivry, des installations de GMAO (Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur) ont été mises en place après inventaire et codification des composants installés (plus de 10 000 par usine). À l’usine de Joinville, en totale reconstruction, la maintenance des futures installations a été intégrée de façon précise aux dossiers de consultation des entreprises chargées de la réalisation : c’est en amont que cette fonction maintenance s’est dessinée.

Nous vous proposons au cours de cet article de partager ces expériences de maintenance de stations d’eau potable.

[Photo : Fig. 1 : Découpage du site en niveaux (proposition du groupe).]
[Photo : Fig. 2 : Arborescence du chlorure ferrique.]
[Encart : texte : Les trois pôles des stations Les stations de traitement d’eau potable sont organisées autour de trois pôles : - Le pôle production, avec ses équipes en 3×8 et en journée, - Le pôle “contrôle Qualité”, qui assure la fonction d’auto-contrôle du producteur d’eau préalable à celui effectué par le Ministère de la Santé, - Le pôle Maintenance des installations, réalisé soit par le personnel de la SAGEP, soit en faisant appel à des sous-traitants internes comme le service Réalisations et Maintenance ou externes (contrats ponctuels ou bail d'entretien).]

Le secteur privé remplit une mission de service public. Les contraintes correspondantes sont à la fois quantitatives et qualitatives. Quantitatives, car l’approvisionnement en eau de Paris doit être assuré même dans les situations les plus critiques, par exemple, lors des périodes de sécheresse ou de fréquentation importante de la Capitale au cours des manifestations exceptionnelles. Cela se traduit par des obligations de moyens, satisfaites grâce à des procédures et à un dimensionnement des ouvrages de production privilégiant la sûreté de fonctionnement, mais également qualitatives avec des résultats imposés par rapport aux normes de potabilité, européennes et françaises, qui évoluent vers une plus grande sévérité, mais aussi vis-à-vis des règles supplémentaires imposées par la Ville de Paris ou que se fixe la SAGEP. C’est ainsi que les filières de traitement d’eau potable doivent répondre aux problèmes en temps réel, et aussi prendre en compte les évolutions à plus long terme.

[Encart : texte : Les métiers de la maintenance Quels sont les métiers de la maintenance : les spécialités qui sont nécessaires sont très variées : • Électricité, automatismes (automates programmables) • Gestion Technique Centralisée, Contrôle Commande Informatique Industrielle • Communication : réseau informatique, réseau technique - mécanique, tuyauterie, plasturgie • Instrumentation (appareil de mesure en continu de la Qualité ou de paramètres physiques, débitmètre, etc.).]

Inventaire et codification des installations

Les composants à maintenir en état de marche dans une usine de type SAGEP sont de l’ordre de 8 000 à 12 000 unités. Il est donc exclu de pouvoir assurer une gestion efficace de la maintenance sans un large recours à l’informatique. La première étape consiste à identifier, à décrire, à codifier les composants à maintenir. La démarche mise en place a consisté, par arborescence, à décomposer les ateliers de traitement, comme le montre l’exemple des figures 1 et 2, et, challenge supplémentaire, cet inventaire sert également d’inventaire fiscal.

[Photo : Exemple de DT (Fig. 3)]
[Photo : Validation des mesures des appareils (Fig. 4)]

Maintenance préventiveet curative

Les logiciels de maintenance implantés dans les trois usines facilitent la gestion de la maintenance préventive en élaborant par exemple des programmes d’intervention à partir des “heures de marche” des pompes données par le système de contrôle-commande, et assistent cette démarche par l’édition de gammes (ou modes d’emploi).

Ils facilitent également la gestion de la maintenance curative en mémorisant les interventions : origine, type de réparation, temps passé, coûts, etc. Ils permettent de suivre et de coordonner les intervenants, de constater et de relancer les interventions “en panne”… Les logiciels permettent ainsi de gérer en temps réel la maintenance des usines d’eau potable.

L’usine de Joinville sera entièrement reconstruite de 1993 à 1997. Dans ce contexte, la maintenance est pensée et prise en compte dès la conception des installations, dans un cadre d’assurance qualité. Répondant à un cahier des charges préétabli, la maintenance de futures installations est intégrée de façon précise aux dossiers de consultation des entreprises. La maîtrise de méthodes d’analyses appropriées (MBF – AMDEC – GEMMA) et leur mise en œuvre, de façon participative, structurent l’avenir. C’est “en amont” également que la fonction maintenance est dessinée. S’appuyant sur un référentiel normatif, la démarche permet de cerner au plus tôt les besoins. La cohérence des informations fournies sur les plans de maintenance des différentes installations facilite leur harmonisation et le paramétrage GMAO. Les actions de formation peuvent être mieux ciblées et mieux programmées. À terme, les coûts de maintenance sont maîtrisés grâce à la mise en place de ratios fiables.

Enfin, la continuité de la production de l’usine de Joinville doit être assurée pendant toute la durée de la reconstruction. Ce défi sera relevé par le personnel de maintenance qui, parallèlement à l’évolution des postes de travail, pourra anticiper sur la situation future en répondant sans délai à la mise en service modulaire et progressive des nouvelles installations.

Dans un environnement industriel automatisé de plus en plus complexe, où les interventions humaines tendent à disparaître du pilotage de la production, la maintenance a un rôle primordial et stratégique à jouer au sein de l’entreprise.

La station de surveillancede la qualité de Joinville-le-Pont

La station de surveillance de la qualité de l’eau brute de l’usine de Joinville-le-Pont dépend de l’Unité Marne de la SAGEP. Mise en service à partir de mars 1992, elle est située sur la Marne à l’amont du canal d’eau brute de l’usine.

Elle regroupe neuf appareils qui effectuent un contrôle automatique et continu de seize paramètres descriptifs de la qualité des eaux de la rivière. Ces paramètres sont retransmis au poste central de commande et au laboratoire de l’Unité.

[Encart : texte : Questions sur la maintenance des groupes électro-pompes par D. Imbert La maintenance des groupes électro-pompes s’inscrit dans un débat général en matière de maintenance : dans quel type de maintenance se situe l’intervention sur le matériel : réactive, préventive, prédictive, proactive ? La nature de l’intervention montre la fragilité des frontières entre les différents types de maintenance : intervention sur panne, sur défaut avec présomption de panne, sur révision programmée ? Maîtrisons-nous les différents types de matériel et les principales méthodologies de réparation ? Quels sont les points d’amélioration pour progresser dans la connaissance et le suivi des GEP ? Enfin, la maîtrise de la réparation n’est-elle pas aussi la maîtrise des procédés, c’est-à-dire un métier d’ensemblier ?]

APPAREIL – Paramètre analysé

Bouée (4 paramètres) Température, conductivité, pH, oxygène dissous
Analyseur de métaux lourds Nickel, zinc, cadmium, plomb, cuivre
Turbidimètre Turbidité
Spectrophotomètre UV Absorption UV 254
Fluorimètre Fluorescence
Analyseur de Carbone Organique Total Nickel, zinc, cadmium, plomb, cuivre
Analyseur d’hydrocarbures dissous Indice CH₂
Ammoniummètre NH₄
Détecteur de film de surface Hydrocarbures de surface

Fig. 5 : Contrôle des paramètres.

Marne, ainsi qu’au centre de contrôle-commande de la SAGEP.

S’inscrivant dans la démarche « Qualité Totale » engagée par la SAGEP, la station de surveillance fournit à des clients identifiés des résultats validés par des procédures précises.

Conclusion

  • • une plus grande disponibilité des installations et ainsi une rationalisation des investissements (diminution des secours) ;
  • • une prépondérance de la maintenance préventive sur la maintenance curative : cela peut induire, par exemple, une programmation des travaux à réaliser lors des chômages d’usines ;
  • • une traçabilité, une mémoire des interventions et des remèdes apportés afin de faciliter les diagnostics ultérieurs ;
  • • une écriture des procédures et des gammes d’intervention avec gain de temps et zéro défaut à la clé (analyseurs en continu, pompes doseuses, filtres, etc.) ;
  • • une motivation du personnel par mesure de leur activité et des progrès accomplis ;
  • • une fiabilité plus grande qui développe la confiance dans l’eau et le service public.
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