On connaissait Rittmeyer pour son savoir-faire dans les domaines de la mesure, de la conduite de process et de l'automatisation. Depuis la reprise d'ÖWV fin 2005, il faut désormais y ajouter le traitement des eaux. Cette acquisition permet à Rittmeyer de se présenter comme un acteur global dans les domaines du traitement de l'eau potable et des eaux usées industrielles ou urbaines. La société Suisse est désormais en mesure d'offrir des installations clé en main allant du traitement des eaux aux techniques de mesure en passant par la conduite de process et l'automatisation. Entretien avec Philippe Fischer, directeur général de la nouvelle filiale française de Rittmeyer.
On connaissait Rittmeyer pour son savoir-faire dans les domaines de la mesure, de la conduite de process et de l’automatisation. Depuis la reprise d’ÖWV fin 2005, il faut désormais y ajouter le traitement des eaux.
Cette acquisition permet à Rittmeyer de se présenter comme un acteur global dans les domaines du traitement de l’eau potable et des eaux usées industrielles ou urbaines. La société suisse est désormais en mesure d’offrir des installations clé en main allant du traitement des eaux aux techniques de mesure en passant par la conduite de process et l’automatisation.
Entretien avec , directeur général de la nouvelle filiale française de Rittmeyer.
RITTMEYER SAS Z.A. le Bois Rond 6, rue des Frères Lumière 69720 Saint Bonnet de Mure Téléphone/Fax : 04 78 40 94 57 / 31 E-mail : info@rittmeyer.fr Internet : www.rittmeyer.com Activités : Spécialiste du traitement de l'eau, de la distribution et de la télégestion dans les domaines de l'eau. Chiffre d’affaires (2005) : 43,13 M€ Nombre de salariés : 350
EAU, L'INDUSTRIE, LES NUISANCES : Pouvez-vous nous présenter Rittmeyer en quelques mots ?
Philippe Fischer : Rittmeyer est une société d'origine suisse, créée en 1904 par François Rittmeyer, le fondateur, qui était aussi l’inventeur des premiers systèmes de mesure de niveau de réservoirs d'eau. Il s’agissait alors de systèmes avec flotteurs et codeurs incrémentaux, des systèmes très innovants pour l’époque. L'entreprise a prospéré, d’abord sur le marché suisse, puis à l'international. En 1931, la société, devenue entre-temps société anonyme, comptait 18 collaborateurs. En 1960, elle en comptait 250 et aujourd'hui, elle en emploie autour de 350.
E.I.N. : Quelles sont les grandes étapes de son développement ?
P.F. : L'entreprise s'est développée sur le marché suisse jusque dans les années 1950. Puis ses activités se sont étendues vers la France lorsque de nombreux projets de construction de centrales hydroélectriques ont vu le jour. La plupart ont été équipées par nos systèmes de mesure de niveau qui étaient à cette époque non plus des cloches mais des balances mécaniques. L'entreprise qui était toujours spécialisée en 1950 dans la mesure de niveau commençait déjà à se diversifier vers la régulation mécanique. Des systèmes de régulation basés sur des seuils qui, en fonction de la position de la balance, entraînent certains pignons avec pour effet le déclenchement de l’ouverture de vannes par exemple. Ces systèmes étaient d’une fiabilité telle que certains d’entre eux fonctionnent encore sur des écluses dans l’est de la France.
L'entreprise, toujours dirigée par la famille Rittmeyer, s’est ensuite diversifiée au début des années 1960 tout en restant centrée sur le marché de l'eau. Ses activités s’exerçaient alors dans les domaines de l'eau potable, des eaux usées, des eaux industrielles et de l’hydroélectricité. Au cours des années 1980, la société a été reprise par le groupe familial Brugg, un groupe suisse qui exerce ses activités dans le domaine des câbles porteurs, des câbles électriques et des tubes.
E.L.N. : Si bien qu’aujourd’hui, au sein du groupe Brugg, Rittmeyer est la seule société qui travaille dans le domaine de l’eau...
P.F. : Tout à fait. Dans ce domaine, les activités de Rittmeyer se répartissent au sein de trois divisions. La première, celle des techniques de l’eau, regroupe tout ce qui concerne les automatismes et la télégestion et, depuis fin 2005 avec OWV, le traitement dans le domaine de l'eau potable. La deuxième regroupe les mêmes activités, c'est-à-dire les automatismes et la télégestion mais dans le secteur des eaux usées. Il s’agit par exemple des prestations liées à l'instrumentation d’une station d’épuration, depuis les mesures de débits entrants jusqu’aux mesures de débits sortants en passant par l'ensemble des automatismes et des dispositifs de régulation qui assurent le fonctionnement optimal d'une station.
Enfin, la troisième division regroupe les activités liées à l’hydroélectricité, domaine dans lequel nous sommes capables d’automatiser et superviser intégralement une centrale hydroélectrique avec nos automates RIFLEX M1 et notre supervision RITOP.
E.I.N. : Quelles sont les technologies maîtrisées par OWV ?
P.F. : OWV est capable de répondre à la plupart des besoins des collectivités locales comme des industriels dans les trois domaines que je viens de citer. C'est dire qu’elle maîtrise l'intégralité des technologies de pointe actuellement mises en œuvre en traitement des eaux : ultrafiltration, osmose inverse, etc. Cette division est ainsi capable de fournir des solutions clés en mains sous la forme de skids ou de containers pour répondre à des besoins d’eau ultrapure ou de dessalement par exemple. Si bien qu’avec OWV, Rittmeyer est devenu un ensemblier capable de proposer des solutions clés en main dans tous les domaines du traitement des eaux – eau potable, eaux usées (bioréacteur, réacteur séquentiel, lits fluidisés), eaux industrielles – jusqu’à la régulation, l’automatisation et la supervision complètes des ouvrages de gestion de l’eau : usines de traitement d’eau potable, stations d’épuration, réservoirs, stations de relevage, gestion de réseaux, etc.
E.I.N. : Pouvez-vous nous donner quelques exemples de réalisations récentes ?
P.F. : Bien entendu. Dans le domaine des eaux usées, nous avons équipé la société autrichienne Aacon d’une unité de traitement par osmose inverse de ses huiles ou encore la ville de Stubaital (Autriche) d'une unité de traitement biofiltration d’une capacité de 40 000 EH. En Suisse, dans le secteur de l’eau potable, nous venons de livrer une unité d'ultrafiltration d'une capacité de 1 000 m³/h à Mannendorf. Dans le secteur de l’hydroélectricité, nous avons récemment assuré l’automatisation et la supervision des centrales hydroélectriques de la FEDA en Andorre et de Wägital (80 MW) en Suisse.
Comme vous le voyez, ce sont de belles références. Elles résultent d'une expérience de plus d’un siècle dans les domaines de l’eau potable, des eaux usées et de l’hydroélectricité. À ce jour, Rittmeyer a équipé plus de 16 000 installations complètes à travers le monde, depuis les instruments de mesures jusqu’à la supervision en passant par les process d’automatisation et de régulation. Toutes sont basées sur une offre vaste et cohérente de produits et systèmes intelligents et communicants, innovants et compétitifs. Tout ceci n’aurait pas été possible sans une parfaite maîtrise de la convergence des technologies liées à la régulation, à l’automatisation et à la communication qui aboutit à des systèmes toujours plus intégrés.
E.L.N. : De quelle façon se répartissent les différentes activités de Rittmeyer dans le domaine de l’eau ?
P.F. : Rittmeyer a réalisé en 2005 un chiffre d'affaires de 43,13 millions d’euros, compte non tenu des activités d’OWV non consolidées à cette date. 75 % de ce chiffre est réalisé en Suisse par les divisions techniques de l’eau (60 %), eaux usées (15 %) et hydroélectricité (25 %). La division technique de l'eau représente donc encore une part très importante de nos activités. D’ailleurs, en Suisse nous détenons 60 % de parts de ce marché, compte non encore tenu de nos activités dans le domaine du traitement des eaux.
E.L.N. : Cette nouvelle activité de traitement est un axe de développement important pour Rittmeyer ?
P.F. : Oui, absolument. Cette nouvelle activité marquera sans aucun doute une étape importante dans le développement de Rittmeyer. Sur les premiers mois de l'année 2006, nous avons déjà enregistré de beaux succès et nous avons noué, notamment sur le marché français, des contacts très encourageants avec les agences de l'eau et certaines collectivités locales.
E.L.N. : Quelle place occupez-vous à l’heure actuelle sur le marché français ?
P.F. : Jusqu’au mois de juillet 2005, Rittmeyer ne proposait
de process, traitement des eaux : Rittmeyer se pose en acteur global dans le domaine de l’eau
Nous ne proposons pour l'instant en France que de l'instrumentation, c'est-à-dire de la mesure de niveau, de débit, de pression et de position. Nous proposons dans ce domaine des matériels haut de gamme, d'une grande précision, qui font quotidiennement leurs preuves sur des ouvrages d’importance : tous les grands barrages en France, sans exception, sont par exemple équipés de nos balances de haute précision. Nous sommes également leader en débitmétrie de précision sur conduites forcées (CEI41 par exemple – calcul de rendement de machines). Bref, nous sommes très présents sur le marché haut de gamme. Nous ne sommes, par choix, qu’un concepteur, fabricant d'unités de mesures de niveau dont la gamme de précision commence à 0,1 % et se termine à 0,015 %. Nous conserverons ce positionnement. Mais la France fait partie des marchés sur lesquels nous comptons nous développer rapidement, notamment dans les secteurs de la télégestion et du traitement des eaux.
E.I.N. : Quels sont vos atouts dans ces deux domaines ?
P.F. : La télégestion est un marché sur lequel nous sommes encore en phase de pénétration. Mais nous avons l'avantage de pouvoir proposer des solutions globales et intégrées, issues de plus de cinquante ans d’expérience dans les domaines de la régulation et des automatismes. Cette expérience nous permet de proposer au client une solution globale basée sur l’intégration de solutions prédéfinies et ce au meilleur coût.
Dans le domaine du traitement des eaux nous avons également des atouts technologiques qui devraient faciliter notre arrivée sur le marché. Un exemple ? Dans le domaine de l'ultrafiltration nous proposons un procédé exceptionnel basé sur des filtres à céramiques développés par OWV qui permettent, grâce à un process innovant d’auto-nettoyage, de prolonger sensiblement leur durée de vie sans nécessiter d’intervention particulière ni de consommable. Nous sommes également bien placés sur le marché très prometteur du dessalement, domaine dans lequel nous disposons de toutes les technologies nécessaires pour y occuper une place de premier plan.
D'une manière plus générale, nous avons l'intention de développer des synergies entre nos différentes activités. Ainsi, les départements R&D de Rittmeyer travaillent sur le développement de nouveaux processus pour le traitement des eaux qui seront entièrement automatisés et dont le suivi sera assuré via des superviseurs raccordés à des réseaux informatiques standards.
E.I.N. : Quels sont vos objectifs à court et moyen termes ?
P.F. : Nous avons pour ambition d'ouvrir plusieurs agences en France dans les prochaines années. Ce sont donc des objectifs de développement assez ambitieux, en ligne avec les objectifs du groupe Brugg qui souhaite réaliser 60 % de son chiffre d'affaires actuel à l'export à un horizon de six ans, en ouvrant en Europe deux filiales supplémentaires chaque année. Mais nos ambitions, même si elles sont importantes en termes de parts de marché, ne modifieront en rien le positionnement de Rittmeyer qui a fait son succès sur ces différents marchés : la qualité des matériels et des solutions proposées et la continuité technologique basée sur les principes d'interopérabilité et de compatibilité ascendante.