Face à l'érosion du capital foncier en milieu rural, quoi de plus naturel et de plus conforme au concept de développement durable que de chercher à réintégrer les friches industrielles au sein de l'aménagement urbain? Pourtant, deux raisons incitent plutôt les maitres d'ouvrages à aménager des terrains nouveaux plutôt qu'à réhabiliter d'anciennes friches: la crainte de devoir faire face à des coûts de décontamination trop élevés et la volonté de rentabiliser rapidement leur investissement. Bien que les obstacles à la réhabilitation de ces anciennes friches soient nombreux, les solutions existent pour permettre d'accélérer les opérations de réaménagement de ces sites contaminés.
Pourtant, deux raisons incitent plutôt les maîtres d’ouvrages à aménager des terrains nouveaux plutôt qu’à réhabiliter d’anciennes friches : la crainte de devoir faire face à des coûts de décontamination trop élevés et la volonté de rentabiliser rapidement leur investissement. Bien que les obstacles à la réhabilitation de ces anciennes friches soient nombreux, les solutions existent pour permettre d'accélérer les opérations de réaménagement de ces sites contaminés.
En France, si l'on en croit les chiffres du ministère de l’Écologie, 3 735 sites ayant abrité une activité industrielle sont recensés comme potentiellement pollués par des anciens dépôts de déchets ou des infiltrations de substances polluantes et seraient susceptibles de provoquer une nuisance ou un risque pour la santé des personnes ou l'environnement. En réalité, les friches industrielles potentiellement toxiques pour l'homme et l'environnement seraient bien plus nombreuses. Le Groupement d’intérêt scientifique sur les friches industrielles évalue leur nombre de 300 000 à 400 000, ce qui représenterait environ 20 000 hectares de terrain. Des terrains qui souffrent bien souvent d'un lourd passif environnemental légué aux générations d’aujourd’hui par les industries d'hier. Des terrains contaminés du fait de l’absence totale de réglementation plus que par des développements industriels sauvages ou par irrespon-
Anciennes mines, usines à gaz abandonnées, usines chimiques et pétrochimiques, décharges sauvages, anciens terrains militaires, stations-service désaffectées, nombreuses sont les activités industrielles qui, à des degrés divers, ont entraîné des pollutions des sols et des nappes d'eau souterraines. En France, comme d’ailleurs en Europe, elles sont apparues ces dernières décennies au fur et à mesure que se sont repliées les industries lourdes. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Basol, la base de données sur les sites et sols pollués ou potentiellement pollués, en dénombrait en 2005 516 dans la région Nord-Pas-de-Calais, 475 en région Rhône-Alpes et 387 en Île-de-France. Les rejets industriels, la manipulation ou le stockage sans précaution de déchets ou de produits hautement toxiques sont les principales sources des pollutions constatées. Les hydrocarbures, les produits chlorés et les métaux lourds sont les polluants les plus fréquemment détectés. Aujourd'hui, le développement du tissu urbain aidant, nombreux sont les sites de ce type qui se retrouvent au cœur des zones urbaines, parfois même très proches du centre-ville. Du coup, ils présentent un grand intérêt en termes d’aménagements. Pour les élus locaux comme pour les promoteurs, la tentation est grande de ré-exploiter ces espaces pour permettre à la ville de se développer. D'autant que l'explosion des prix du foncier ces dernières décennies a bien souvent fait grimper la valeur — potentielle — de certains de ces sites. Mais la crainte de devoir assumer des coûts de dépollution élevés refroidit les optimismes car la reconquête de ces friches se heurte bien souvent à des pollutions très complexes. La médiatisation de certains chantiers ayant entraîné de substantiels travaux de dépollution aux coûts parfois astronomiques a frappé les esprits. Pour François Bouché, directeur général de Valgo, « il y a en France quatre types de friches : celles que tout le monde s’arrache parce qu'elles sont situées à des endroits stratégiques, celles qui sont devenues exploitables du fait de l’augmentation des prix du foncier, celles qui sont devenues exploitables du fait de l’agrandissement d'une ville, et celles, situées au milieu de nulle part, qui sont, au moins à l'heure actuelle, difficilement exploitables ».
La question des sites potentiellement pollués est lourde d’enjeux car elle se situe à la charnière de deux axes : l'aménagement du territoire avec la reconversion des sites et la gestion des risques avec la dépollution. Comment et dans quels cas reconquérir ces friches ? Avant même d'élaborer une politique de réhabilitation d'une friche industrielle, il convient de définir le cadre dans lequel cette réhabilitation peut s'exercer.
Définir un cadre dans lequel la réhabilitation peut s'exercer
L’une des questions fondamentales qui se pose lorsque s’amorce un projet de réhabilitation est celle de la responsabilité. En clair, qui doit dépolluer ? En France, l'exploitant est toujours responsable, même si l'activité a cessé et même s'il n'est plus propriétaire du site.
Réaménagement des friches industrielles : quels coûts pour quels avantages ?
Les avantages liés à la réhabilitation et au réaménagement des friches industrielles sont nombreux :
- - ils sont source de recettes pour le propriétaire ;
- - ils permettent de transformer un passif en actif ;
- - ils contribuent à réduire les risques pour l'environnement et la santé humaine ;
- - ils apportent une sécurité accrue grâce à la démolition des structures abandonnées ;
- - ils sont source de création d'emplois pendant et parfois après le processus de réaménagement ;
- - ils privilégient la réutilisation d'infrastructures urbaines existantes (routes, égouts, services publics), ce qui réduit le besoin de nouvelles infrastructures ;
- - ils privilégient la densification plutôt que l'étalement urbain.
Mais ces opérations génèrent également un certain nombre de coûts et de risques :
- - le responsable doit financer la réhabilitation sans connaître avec certitude les coûts de l'opération et donc son rendement ;
- - tous les projets de réaménagement, notamment ceux qui ont trait à la contamination, exigent souvent d'entreprendre des consultations publiques et des activités de communication très complètes ;
- - il n'y a pas de garantie que les changements éventuels de normes ou de réglementation n’auront pas pour conséquence d'annuler les efforts déployés par le propriétaire ;
- - il n'est pas toujours possible d'estimer précisément la durée des travaux de dépollution ;
- - ces projets présentent parfois un risque de responsabilité considérable en raison de la nature inconnue de la contamination.
Est toujours responsable, même si l’activité a cessé et même s’il n’est plus propriétaire du site. Si l’exploitant a disparu, c’est le propriétaire qui est responsable. Dans ce cas précis, le transfert de propriété entraîne le plus souvent le transfert de responsabilité. Mais si le site n’a plus ni exploitant ni propriétaire connu, la friche devient orpheline et la responsabilité incombe alors à l’État. La question est importante car la découverte d’une pollution non décelée lors de l’acquisition peut dans certains cas remettre en cause la faisabilité d’un projet de réaménagement et entraîner un surcoût financier important, ou encore entraîner un changement de destination du site.
La seconde question qui se pose a trait au niveau de dépollution : jusqu’à quel point dépolluer ? La dépollution à effectuer varie en fonction de la destination du site. Elle sera plus ou moins importante selon qu’il s’agit d’y établir un espace vert ou d’y construire une école. La question a son importance car plus la décontamination sera poussée, plus son coût sera élevé avec, dans certains cas, des effets de seuil et des hausses exponentielles qui peuvent rendre certains objectifs irréalisables. En France, ce sont les préfets de région s’appuyant sur les Drire et l’Ademe qui ont autorité pour définir les objectifs de concentrations résiduelles. Car il n’existe pas, à l’heure actuelle, de texte définissant des concentrations précises dans les sols. Celui qui sera chargé de mener à bien le dossier de réhabilitation d’un site devra donc présenter aux pouvoirs publics des arguments techniques étayés et convaincants conduisant à des objectifs possibles à atteindre. Le plus souvent, il s’agira d’une Société d’Économie Mixte ou bien d’un opérateur privé mandaté par une collectivité territoriale ou encore d’un industriel en tant que Maître d’Ouvrage.
Aujourd’hui, de nombreux industriels conscients de leurs responsabilités mais dépassés par l’ampleur du dossier se tournent vers des assistants à maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre tels que Cabinet Conseil Blondel ou Neoprism Consultants ou encore vers des prestataires spécialisés en matière de réhabilitation qui proposent des solutions clés en main intégrant des prestations d’ingénierie juridique et financière (recherche…).
(d’aides) mais aussi techniques incluent les dimensions de déconstruction et de dépollution. C’est par exemple le cas d’ICF Environnement, de 3 | Ingénierie et Finance d’Arcadis, ou encore du groupe Valgo, qui propose à travers ses filiales Valgo Déconstruction, Valgo Remédiation et Valgo Concept, d’accompagner le maître d’ouvrage en lui proposant une prestation intégrée lui permettant non seulement d’optimiser la valeur patrimoniale de son site mais aussi de lui assurer de nouveaux débouchés conformes aux réalités du marché. « En mariant la chimie et la finance, explique François Bouché, nous faisons travailler ensemble des déconstructeurs avec des chimistes, des ingénieurs avec des investisseurs. Ce n’est pas facile car ce sont des mondes très différents avec des codes et des langages qui leur sont propres. Mais associer le conseil à l’exécution permet de trouver de nombreuses synergies et de gagner un temps considérable. »
Le cadre de la réhabilitation défini, il convient de définir des objectifs de décontamination conformes à l’usage futur du site. Pour ceci, de nouveaux outils méthodologiques ont été définis en février 2007 qui ont pour objectif de garantir la compatibilité entre l’état des milieux et leurs usages.
De nouveaux outils méthodologiques
Ces outils ont pour objectif de « rechercher et traiter les sources de pollutions » en se fondant « sur les principes de la gestion sanitaire pour évaluer les risques », de « gérer en prenant en compte le bilan environnemental global » et de « justifier les choix techniques retenus ».
Pour les atteindre, le Medad a décidé d’abandonner les anciens outils qu’étaient l’étude simplifiée des risques (ESR) et l’étude détaillée des risques (EDR) au profit de deux nouvelles démarches : l’interprétation de l’état des milieux (IEM) et le plan de gestion. Pour tout projet d’aménagement réalisé sur un ancien site industriel (relevant des ICPE ou non), la réalisation d’un plan de gestion est l’outil permettant d’adapter aux enjeux identifiés les solutions de gestion efficaces en concertation avec les divers acteurs (propriétaires, maires, exploitants, promoteurs, aménageurs, ...).
Par cette approche, la première priorité est de maîtriser les zones de pollutions les plus concentrées et la seconde est de désactiver les voies de transfert. Les pollutions résiduelles devront être maîtrisées et acceptables pour la population et pour l’environnement et une analyse des risques résiduels (ARR) sera réalisée. Des servitudes pourront le cas échéant restreindre l’usage du site en fonction de la présence de pollution résiduelle. Enfin, pour des situations complexes et/ou sensibles l’administration pourra prescrire une analyse critique, c’est-à-dire une contre-expertise, du plan de gestion proposé par l’exploitant, aux frais de ce dernier. Le plan de gestion est donc principalement requis lors de la cessation d’activité d’une installation classée avec ou sans changement d’usage et pour les projets de réhabilitation d’anciens terrains industriels hors installations classées.
La seconde démarche de gestion concerne l’ensemble des milieux pour lesquels les espaces ne sont pas destinés à un changement d’usage, mais plutôt pour les superficies de terrain pour lesquelles les usages
Antéa accompagne le renouvellement urbain du plus grand chantier de France, ancien site Renault de Boulogne Billancourt. Depuis près de 10 ans, la société s’est installée sur le site même pour optimiser les travaux de dépollution en fonction des projets de construction et d’aménagement.
La gestion de terres excavées polluées : une problématique à prendre en compte en amont de tout projet immobilier ou d’aménagement
À l'heure actuelle, et pour nombre de professionnels de la gestion des sites et sols pollués, ce n'est pas tant la gestion des risques sanitaires liés aux sols pollués ou aux terrains dits « à passifs » qui a posé ou pose un réel problème, car les méthodologies et les pratiques en la matière sont actuellement relativement bien cadrées et maîtrisées par les acteurs du domaine, mais c'est bien la gestion des terres excavées qui s'est révélée pour le moins problématique dans nombre de cas vécus ou à venir.
Pour Thierry Blondel, Directeur du Cabinet Conseil Blondel et Président de l'UCIE, « La principale problématique actuelle en matière de réhabilitation d'anciens sites industriels et de terrains dits “à passif” relève – après déconstruction et dépollution dans les règles de l'art et conformément aux méthodologies et réglementations en vigueur – plus de la gestion des terres excavées, lors des terrassements, que de la problématique des risques sanitaires liés aux sols pollués ».
En effet, un terrain peut tout à fait être remis en état pour un usage donné, dans le respect des méthodologies en vigueur en matière de gestion de sites et sols pollués, mais lorsque le promoteur commencera à faire ses premiers terrassements ou ses premières tranchées de VRD, réseaux EPEU ou voiries, il devra parfois gérer des centaines, voire des milliers de tonnes de terres excavées « polluées », par exemple par des remblais anciens contenant des traces de métaux lourds (mâchefers), ou présentant une forte fraction soluble (sulfates, fluorures…), ou contenant des traces résiduelles de HAP.
Dès lors, et malgré l'absence de risque sanitaire vis-à-vis de leur usage futur, présenté par ces terres laissées en place à l'issue d'une phase de diagnostic réalisée dans les règles de l'art, sitôt que ces terres seront excavées, elles tomberont alors sous le coup de la loi déchets de 1975 (intégrée depuis dans le Code de l'Environnement) et des contraintes et obligations afférentes en termes de gestion et surtout d'évacuation en filières agréées et contrôlées.
Tout ceci peut générer pour un aménageur ou un promoteur des coûts finaux parfois exorbitants, susceptibles de faire capoter un projet immobilier ou de reconstruction. « Car dans la mesure où ces coûts de gestion des terres excavées “polluées” n'étaient pas prévus initialement, souligne Thierry Blondel, ils seront à la charge du promoteur ou du gestionnaire des travaux, puisque le terrain lui a été livré dépollué selon les méthodologies en vigueur, c'est-à-dire selon l'approche “risque selon usage”, donc a priori sans prendre en compte la gestion des terres, éventuellement “polluées” (mais sans risque sanitaire), qui seront excavées lors des futurs aménagements et terrassements ».
Pour Thierry Blondel, « La seule manière de les gérer actuellement, dans l'attente d'une évolution de la réglementation concernant les déchets, et surtout des terres excavées réputées “polluées” (mais sans réel risque sanitaire), est de les réutiliser sur site avec ou sans traitement, lorsque c'est possible et moyennant des contraintes d'usage (géotechniques, servitudes, restrictions d'usage des sols, repérage sur parcellaire des zones où les terres “polluées”, même traitées, ont été réutilisées...), ou alors de les envoyer en décharge ».
C'est la raison pour laquelle actuellement les analyses en laboratoires de type « pack classe 3 », en référence à l'arrêté du 15 mars 2006 concernant les décharges dites de « déchets inertes », sont systématiquement réalisées lors d'un diagnostic de pollution, dès lors que l'on sait qu'il y aura par la suite des aménagements et donc des terrassements. Et encore faut-il connaître le plus amont possible les caractéristiques du futur projet immobilier ou d'aménagement, afin de pouvoir être le plus exhaustif possible dans le repérage des prélèvements à réaliser pour analyses, et dans la définition des volumes et donc des coûts d'évacuation des terres « polluées » en filière agréée, lors des terrassements.
La gestion des terres excavées doit donc absolument être prise en compte le plus amont possible de tout projet immobilier ou de reconstruction sur un terrain dit « à passif », qu'il s'agisse d'une installation classée ou non, sous peine de devoir faire face à des dépassements budgétaires importants, ou bien à de longs contentieux avec le précédent propriétaire du terrain concerné.
Décontamination des sols pollués : ne pas négliger les produits chimiques
En complément des techniques « classiques » de décontamination, il faut intégrer toute une série de techniques in situ, mettant en œuvre des produits chimiques et déjà largement utilisées aux USA. Ces techniques sont à la fois adaptées pour décontaminer de fortes pollutions sources, par oxydation chimique, mais aussi des panaches de pollutions, par biodégradation stimulée. Presque tous les contaminants organiques polluant les sols peuvent être ainsi éliminés.
Une gamme bien ciblée et spécifique de produits chimiques est utilisée pour l’oxydation. Elle regroupe le peroxyde d’hydrogène utilisé au travers de la réaction de Fenton, le percarbonate de sodium, forme solide de peroxyde d’hydrogène, et les permanganates de sodium et de potassium. Chaque produit a sa propre efficacité sur des polluants bien spécifiques. Des tests laboratoires sont souvent nécessaires pour identifier le produit le mieux adapté.
Mais les produits chimiques n’interviennent pas seulement pour réaliser des réactions rapides d’oxydation. Ils peuvent être introduits dans le sol pour améliorer la bioremédiation ; parmi eux, les peroxydes de calcium et de magnésium constituent une source de production lente d’oxygène qui va stimuler l’activité bactérienne.
Ainsi, contrairement à certaines idées reçues, des produits chimiques peuvent aider très efficacement à résoudre durablement des problèmes de pollution.
Solvay, au travers de sa Solution Unit Soil Remediation, propose pour le marché de la décontamination des sites et sols pollués une gamme de produits chimiques adaptés et spécialisés.
Dans le cas d’excavation, les promoteurs recherchent souvent une solution rapide de traitement et d’élimination hors site pour ne pas ralentir les travaux de construction sur le chantier. Cette solution, lorsqu’elle est viable et d’autant plus appréciée que l’acceptation et la prise en charge en biocentre est rapide, permet de libérer rapidement les terrains. Par rapport à certains traitements qui peuvent durer des années, le procédé ramène le temps de traitement à quelques mois, selon la nature et le niveau de pollution. Autre élément important, le transfert de responsabilité à la société chargée du traitement est assuré, à condition de maintenir une traçabilité et une documentation rigoureuses.
Plusieurs prestataires tels que Sita Remédiation, Deep Green, GRS Valtech, Ikos Sol Meix, Séché Environnement, Extract-Ecoterres et Biogénie exploitent des centres de traitement spécialisés dans lesquels plusieurs procédés sont proposés : traitements biologiques, désorption thermique, lavage par solvant, lavage à l’eau… Ils sont mis en œuvre sur une large variété de terres, des sables aux terres argileuses, et une large gamme de concentration de polluants (hydrocarbures, HAP, solvants chlorés…) de quelques dizaines de milligrammes jusqu’à plusieurs grammes par kilo.
C’est l’option qui a été choisie dans le cadre de la reconversion du quartier de Lyon Confluences, situé sur d’anciennes friches industrielles héritées du XIXᵉ siècle, à la confluence du Rhône et de la Saône. Les sondages effectués sur l’un des premiers chantiers de la ZAC ont mis en évidence plusieurs sources de pollution aux hydrocarbures dues au stockage de fuel, à la fabrication d’asphalte et au créosotage. Une quinzaine de points de pollution ont été identifiés qui représentent une surface au sol cumulée de 5 000 m². 400 000 tonnes de terres ont été excavées parmi lesquelles 30 % de terres polluées et 70 % de terres inertes valorisables sans contraintes ou valorisables sous conditions.
Parmi les terres polluées, 24 000 tonnes ont été traitées dans le centre fixe de désorption thermique GRS Valtech situé à Saint-Pierre-de-Chandieu (69) : les terres sont chauffées dans un four entre 200 et 500 °C pour volatiliser les polluants. Les gaz ainsi produits sont ensuite récupérés, dépoussiérés, oxydés puis filtrés et lavés.
Le centre fixe de Deep Green à Sotteville-lès-Rouen (76) a également accueilli et traité plus de 8 000 tonnes de terres polluées provenant de différents sites appartenant à GDF, en collaboration avec de nombreux maîtres d’œuvre tels que Serpol, Ortec Générale de Dépollution (OGD) et Extract-Ecoterres. Les terres à traiter présentaient des concentrations en HAP comprises entre 500 et 10 000 ppm. Les concentrations résiduelles en contaminants, après traitement, ont été ramenées à des niveaux inférieurs à la VDSS (Valeur de source sol).
Lorsque la zone polluée n’est pas localisée, si elle est profonde ou encore si la nappe est touchée, l’excavation des sols saturés n’est alors pas la meilleure solution technico-économique : il faut traiter sur site. Le choix d’une technique de dépollution dépend de nombreux paramètres à commencer par le type de polluant rencontré, la nature et l’homogénéité du sol, le devenir du site, les concentrations moyennes de départ, les concentrations finales à obtenir, la durée du traitement et les moyens financiers disponibles, la problématique de sortie économique ne devant pas être négligée.
La réalisation de diagnostics précis, la définition d’objectifs de dépollution rigoureux permettront de ne pas s’engager dans des travaux inadaptés et de choisir au cas par cas la ou les filières les plus appropriées, la solution résultant bien souvent d’une combinaison de traitements. Aussi, certains prestataires développent une activité d’ingénierie, indépendante de la partie travaux, qui permettra de définir et formaliser les actions à mener dans les délais et en fonction du budget impartis. C’est par exemple le cas d’Arcadis, Antea, Burgeap, Aliséservices, Atos Environnement, cabinet Blondel, Tauw Environnement, HPC Envirotec, Sogreah, Atos Environnement, Brézillon, Colas Environnement Recyclage, Nerthus-Environnement ou Valgo.
En termes de réalisations, Antéa intervient par exemple couramment auprès de promoteurs et d’aménageurs sur de grandes friches industrielles telles que celles de Renault à Boulogne-Billancourt, Hispano-Suiza-Safran à Meudon, Rhodia à Lille, SNPE-Tolochimie à Toulouse, Alstom, sur l’Île de Nantes. Il s’agit de rechercher la meilleure solution qui préserve la santé des futurs occupants de ces sites, qui préserve aussi l’environnement tout en intégrant les contraintes économiques des promoteurs immobiliers.
Dans cette exigence, Antéa conseille les aménageurs le plus tôt possible, en phase de conception de projets, pour la meilleure gestion des terres provenant des différentes excavations (sous-sols, tranchées pour les réseaux enterrés, parkings souterrains etc.) qui, même si elles ne présentent pas de risques pour la santé, doivent être gérées dans le respect de règles strictes. Ces règles sont parfois découvertes tardivement par les acteurs. Elles peuvent alors causer des surcoûts importants susceptibles de déséquilibrer l’économie des projets.
D’autres, comme Biobasic Environnement, Idra, ICF Environnement, Serpol, Pollution Service, Sol Environment ou Valgo marient conseil, diagnostic et travaux en proposant une palette de techniques permettant de faire face rapidement à la plupart des situations rencontrées.
Avant d’initier un chantier, il est dans tous les cas primordial d’en maîtriser le coût financier. Ce coût dépend du niveau de contamination, de son extension latérale et verticale, de la technique de dépollution pré…
…conisée mais également de l'incertitude associée à l’estimation des volumes contaminés. Cette incertitude, inéluctable en raison de l’échantillonnage parcellaire du site, doit être quantifiée afin de maîtriser en amont le budget de dépollution.
À cette fin, des propriétaires de sites – en tant que maîtres d’ouvrage – et des bureaux d’études – en tant qu’assistants à maîtrise d’ouvrage – mais également des prestataires – en tant que maîtres d’œuvre – intègrent de plus en plus fréquemment dans leur démarche une approche géostatistique proposée par des experts indépendants tels que Géovariances, un des membres fondateurs de l'association GeoSiPol supportée et financée par l’Ademe. Par une analyse rigoureuse de l'information disponible sur le niveau de contamination (information historique, diagnostics réalisés), la géostatistique permet à la fois d’estimer les volumes contaminés, de préciser l’incertitude sur ces volumes et d’orienter la dépollution. Dans certains cas, la mise en évidence par la géostatistique de zones mal reconnues peut conduire le maître d’œuvre à réaliser des investigations complémentaires, plutôt que d’initier un chantier sans en maîtriser l’ampleur.
Parfois, l’ampleur du projet nécessite l’intervention coordonnée de compétences très pointues. C’est le cas à Persan (95) où 130 aiguilles de forage s’apprêtent à pénétrer le terrain de l’ancienne usine chimique Great Lakes. Sept ans après sa fermeture, le site va enfin être dépollué. Situé au cœur de la ville, cette friche industrielle de 9 ha, tour à tour aux mains d’Aluminium Pechiney, Rhône-Poulenc, Great Lakes Chemicals puis Chemtura, est longtemps restée inexploitable. À Persan, les investissements, lourds, et la réglementation environnementale, contraignante, ont découragé les meilleures volontés. Mais en novembre 2007, Valgo rachète le terrain et donne le coup d’envoi de la reconversion de ce site classé Seveso 2. L’entreprise toulousaine va y appliquer son “modèle 3 D”, une solution clés en mains matérialisée par le triptyque : déconstruction, dépollution, développement urbain.
Le terrain sera traité en plusieurs étapes. La déconstruction consistera à déposer les dernières infrastructures de l'usine, soit 60 000 tonnes de béton. Finement broyé, le béton sera revalorisé sur le site en remblais et dans les filières de recyclage. La dépollution s’effectuera selon deux modes opératoires : un traitement par aspiration “in situ” des composés organiques volatils grâce à 130 aiguilles de forage qui plongent au cœur du terrain et une destruction des composés volatils extraits par traitement thermique.
Pour déterminer le potentiel de reconversion de la friche de Persan, Valgo a mené une étude poussée passant au crible les opportunités immobilières, économiques et sociales de son devenir. Une fois le diagnostic posé, l’entreprise a pu proposer des scénarii de valorisation satisfaisants pour la collectivité. Une première parcelle de 3 ha, faiblement contaminée, sera entièrement dépolluée à la fin du printemps 2008, et reconvertie en logements d’ici 2010. La seconde nécessitera des solutions plus lourdes et ne s’achèvera pas avant deux ans. Sur ce chantier, Valgo est à la fois le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre. Chacune de ses filiales spécialisées interviendront de manière intégrée : techniciens, chimistes, géologues, hydrogéologues, et ingénieurs juridiques et financiers travailleront en synergie.
La réhabilitation de la friche industrielle Wonder au cœur de la commune de Lisieux (14) est également le fruit de la collaboration étroite entre Malesherbes Promotion (promoteur de l’opération), l’EPF Normandie, la ville de Lisieux et la société de dépollution Ikos Sol Meix. Les contraintes du site étaient multiples :
- un bâtiment classé au Monument Historique ;
- une pollution aux solvants chlorés des sols et de la nappe ;
- un site inséré dans une zone urbaine dense.
Suite aux études réalisées par Antéa, Ikos a mis en place une barrière hydraulique pour le traitement de la nappe et un système de confinement de la dalle du bâtiment (1 500 m² au sol) avec collecte et traitement des gaz du sol.
Tout en limitant le recours à des techniques plus lourdes et coûteuses telles que les traitements hors site, ces mesures ont permis d’éliminer les risques environnementaux et/ou pour la santé.
Cette reconversion réussie permettra à ce site d’accueillir à nouveau des entreprises et des logements dans le courant de l’année 2008.