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Nuisances olfactives : des solutions matures pour un marché en plein boom

30 juillet 2008 Paru dans le N°313 à la page 37 ( mots)
Rédigé par : Marie-odile MITZIER et Christian LYON

Un environnement malodorant ou tout simplement odorant constitue une nuisance bien souvent insupportable pour les riverains qui la subissent. Depuis plusieurs années la législation a beaucoup évolué pour mieux prendre en compte ce problème. Aujourd'hui, divers arrêtés imposent aux industriels le contrôle de leurs émissions olfactives, la mesure de l'impact qu'elles produisent et l'évaluation des nuisances pour le voisinage. Parallèlement, pour réduire les émissions polluantes, les techniques de désodorisation continuent de se développer. Certaines d'entre elles, comme par exemple la photocatalyse, devraient jouer un rôle clé dans un proche avenir.

Équarrissage, site de compostage, fabrication d’engrais, stockage et traitement de boues et déchets, traitement des eaux, élevage… De nombreuses activités peuvent être source de nuisances olfactives. L’Ademe a identifié près de 10 000 sites olfactifs sensibles en France. Seule une petite partie d’entre eux sont soumis à la réglementation sur les installations classées et donc sévèrement.

[Encart : Pour limiter et supprimer les nuisances dès la conception, le problème des odeurs doit être traité très en amont. GED Environnement, spécialisée dans la mesure d’odeurs depuis 1991 a progressivement évolué et intègre aujourd’hui les études de diagnostic, d’impact et de modélisation en plus de son activité métrologique qu’elle poursuit dans le respect de la norme NF EN 13725.]

encadrés.

Depuis le 31 décembre 1996, le code de l’environnement tel qu'il résulte aujourd’hui de la loi sur l'air reconnaît comme pollution à part entière « toute substance susceptible de provoquer des nuisances olfactives excessives ». L’article 4 de l’arrêté du 2 février 1998 impose aux industriels de capter à la source et canaliser les poussières, gaz polluants ou odeurs. Dans son article 20, cet arrêté précise qu'il faut limiter l’odeur provenant du traitement des effluents et la gêne pour le voisinage par un éloignement des installations ou par une couverture qui doit (si besoin) être ventilée. Il apporte également quelques définitions conventionnelles à l'article 29 sur le niveau d'une odeur, la concentration d'un mélange odorant, le débit d’odeur.

Mais c’est un arrêté préfectoral d’autorisation qui fixe le débit d’odeur à ne pas dépasser par l’émission de l'ensemble des sources odorantes canalisées, canalisables et diffuses du site considéré.

Au fil des années, la législation s’est faite plus précise. L’arrêté ministériel du 12 février 2003 - ICPE 2730-2731 -, entré en application le 15 avril 2004, impose aux industries qui traitent des cadavres et des déchets par déshydratation, le calcul du débit d’odeur sur la base d'une étude de dispersion (art. 28), avec une concentration d’odeur ne devant pas dépasser 5 UO/m³ plus de 175 heures par an pour les installations classées (IC) existantes et 44 heures par an pour les nouvelles IC. À défaut, la concentration d’odeurs ne doit pas dépasser 1.000 UOE/m³. L’article 46 du

Le même arrêté détaille les actions à mettre en œuvre si la concentration d’odeur dépasse 100.000 UOE/m³. Au-delà de ce seuil, une mesure de débit d’odeur doit être réalisée avant et après le dispositif de traitement d’odeurs, chaque trimestre, ou tous les ans si une mesure permanente du débit d’odeur est mise en place à l'aide d'un nez électronique. De plus, un observatoire des odeurs (permanent ou temporaire) doit être mis en place (art. 49) afin de suivre l'indice de gêne olfactif et qualifier le niveau global de l’installation. Ces contrôles sont divisés par deux si la concentration d’odeurs est inférieure à ce seuil, mais supérieure à 5.000 UOE/m³.

Le dernier texte sorti concerne les installations de compostage ou de stabilisation biologique soumises à autorisation en application du code de l’environnement (arrêté du 22 avril 2008). Il a été publié au JOE du 17 mai 2008.

Des arrêtés guides par filière

Cet arrêté, relatif aux installations de compostage, fournit des informations majeures sur les concentrations et les débits d'odeurs admissibles dans le voisinage du site et ce pour plusieurs types de sources. Ainsi, la section IV « Odeurs et poussières » indique les équipements à

mettre en place sur les installations pour limiter les nuisances. « Les poussières, gaz et composés odorants produits par les sources odorantes sont dans la mesure du possible captés à la source et canalisés... » puis « acheminés avant rejet vers une installation d’épuration des gaz ». Pour les sources de grande surface comme les aires de stockage, l'implantation et l’exploitation doivent minimiser la gêne du voisinage. À l’article 25, les rejets canalisés rejetés dans l'atmosphère, mesurés dans les conditions normales ne doivent pas dépasser 5 mg/Nm³, de H₂S sur gaz sec si le flux dépasse 50 g/h et 50 mg/Nm³, de NH₃ sur gaz sec si le flux dépasse 100 g/h.

Pour les installations nouvelles, l'étude d'impact figurant au dossier de demande d’autorisation d’exploiter doit dresser la liste des principales sources d’émissions odorantes continues ou discontinues vers l’extérieur en mentionnant le débit d’odeur. Cette étude intègre une étude de dispersion atmosphérique prenant en compte les conditions locales de dispersion des polluants gazeux afin de déterminer le débit d’odeur à ne pas dépasser pour assurer

[Photo : La balise odeur RQ BOX d’Alpha MOS permet d’établir une cartographie olfactive à la seconde près sur la base de données continues 24h/24 et 7j/7. RQ BOX assure un suivi en temps réel des odeurs (EN 13725) ainsi qu’un suivi des COV, H₂S, NH₃ et RSH pour aider l’exploitant dans sa gestion du process. Les données sont récupérées à distance et sont couplées si besoin à un central de surveillance intégrant données météo et dispersion atmosphérique.]
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[Photo: La nouvelle interface utilisateur de OdoWatch 2.0 permet au gestionnaire de suivre en temps réel l'évolution de la situation olfactive de son site. Les mesures effectuées par les nez électroniques sont disponibles à tout moment ainsi que les données météorologiques du site. De plus, l'utilisateur peut définir lui-même jusqu’à 200 points d’alerte. Il sera immédiatement averti si la concentration odeur atteint ou dépasse le seuil qu'il aura lui-même fixé. + Alerte Ce signal est vert ; il passe au rouge lorsqu’un seuil d'alerte a été atteint. * Échelle des odeurs * Panache odeur (codé couleur) * Point d'alerte (PA) * Fenêtre de la carte du site * Fenêtre des données odeur des nez électroniques * Menu fonctionnel : Sauvegarde – Impression, Recentrage – Zoom, Simulation – Options * Options météo * Fenêtre météo * Fenêtre des alertes]

L'absence de gêne olfactive des riverains

Sur les installations existantes, le texte impose de répertorier les principales sources odorantes continues et discontinues avec leurs caractéristiques. L'étude d’impact doit vérifier que l'installation respecte l'objectif de qualité de l’air pendant 98 % du temps. En cas de non-respect de la limite de 5 UOE/m³ dans un rayon de 3 000 m des limites clôturées du site, des mesures visant la réduction d’odeurs doivent être mises en place.

La caractérisation des sources odorantes présentes et à venir, l'étude d’impact de la dispersion des molécules d’odeurs et la recherche de la gêne sur le voisinage imposent aux entreprises de faire appel à des équipes de spécialistes en olfactométrie.

Avant toute chose : identifier et caractériser les sources…

Pour limiter et supprimer les nuisances dès la conception, le problème des odeurs doit être traité très en amont et commence par la mesure de la gêne olfactive. Certaines sociétés comme Airpoll sont spécialisées dans ce domaine. Le principe de la mesure de la gêne consiste à analyser les effets réels (la perception des odeurs des riverains) pour remonter aux causes, alors que les autres types de mesure d’odeurs partent des causes pour imaginer les effets.

Lionel Pourtier est dirigeant de GED Environnement. Son entreprise, spécialisée dans la mesure d’odeurs depuis 1991, a progressivement évolué et intègre aujourd'hui les études de diagnostic, d’impact et de modélisation en plus de son activité métrologique qu'elle poursuit dans le respect de la norme NF EN 13725 (GED Environnement est aujourd’hui seul laboratoire français accrédité Cofrac pour l’olfactométrie ; voir EIN n° 302). Il explique : « Une étude d’impact de l’environnement de la future installation est indispensable avant tout travail pour obtenir un point zéro. Puis le nouveau procédé sera travaillé à l'aide d'outils de simulation pour identifier et traiter les sources odorantes puis en étudier l’impact sur leur environnement ». Cette étude, très complète, a pour objectif de vérifier que la nouvelle installation telle qu’elle est envisagée et construite répond à la réglementation.

[Photo: Pour la neutralisation des odeurs en milieu industriel, le générateur Pollair 5000 de Pollair Environnement produit une vapeur sèche neutralisée par un produit 100 % pur, naturel issu de l’agriculture, diffusable à distance par un système de tubulures.]

Sur les installations existantes, la réduction des émissions olfactives passe d’abord par l’identification et la caractérisation des sources. C’est là une véritable enquête que doivent mener les exploitants pour repérer, identifier, collecter les données qui serviront ensuite à mesurer l’impact sur l'environnement pour en déduire les relations de cause et effet. Nez humains, olfactomètres électroniques de terrain et nez électroniques sont les outils qui permettent de mener à bien cette enquête.

Le bureau d’études Cap Environnement s'est lui aussi spécialisé sur les études d’impact olfactif : détermination des intensités odorantes selon la norme NF X43-103 et/ou à partir de la mesure des débits d’odeur conformément à la norme NF EN 13725. Dans ce dernier cas, après prélèvement de l'atmosphère odorante, les échantillons dilués à l'aide d’un olfactomètre dynamique sont présentés aux experts d'un jury de nez. Les données recueillies conduisent à la détermination des concentrations d’odeur des atmosphères prélevées et des débits d’odeur. Ces résultats permettent d’effectuer un calcul de modélisation pour évaluer l'impact théorique des rejets sur l’environnement.

Dans d'autres contextes, une technique innovante d’identification des composés organiques volatils odorants est également utilisée par Cap Environnement pour caractériser une odeur et en rechercher la source. Cette méthode est basée sur la comparaison entre le prélèvement d'une atmosphère odorante et celui d’un témoin non odorant. Une analyse GC/MS semi-quantitative permet d'identifier sur un large spectre les composés organiques volatils présents majoritairement dans l’échantillon d’odeurs. Une base de données portant sur la note aromatique de ces composés permet alors d’identifier lesquels sont responsables des odeurs ressenties et, selon la bibliographie disponible, de dispenser des pistes pour la recherche de leurs sources d’émissions.

Numtech, spécialisée dans le domaine des phénomènes atmosphériques, met en œuvre de nouvelles générations de modé-

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[Encart : Une technique innovante d’identification des composés organiques volatils odorants est également utilisée par Cap Environnement pour caractériser une odeur et en rechercher la source. Cette méthode est basée sur la comparaison entre le prélèvement d’une atmosphère odorante et celui d’un témoin non odorant. Une analyse GC/MS semi-quantitative permet d’identifier sur un large spectre les composés organiques volatils présents majoritairement dans l’échantillon d’odeurs.]
[Photo : Comparaison des concentrations semi-quantitatives de deux prélèvements]

Les modèles de dispersion atmosphérique (gaussiens seconde génération, modèles lagrangiens, modèle CFD 3D,…) sont utilisés pour évaluer l’impact olfactif des installations industrielles. Cette société distribue notamment le modèle ADMS, modèle de dispersion le plus utilisé en France pour la réalisation des études d’impact, disposant d’un module spécifique pour la modélisation des odeurs.

Numtech réalise par ailleurs elle-même des études d’impact (sites d’équarrissage, compostage, traitement de l’eau,…) et met à disposition ses experts pour le dimensionnement des installations devant répondre à des contraintes réglementaires : définir une hauteur de cheminée permettant de respecter la réglementation dans l’environnement, impact de la couverture d’une source diffuse, efficacité d’une désodorisation… La société réalise également des études météorologiques spécifiques permettant, pour chaque site, de définir les situations susceptibles de générer des nuisances. Elle propose enfin des systèmes de suivi en temps réel et de prévision de concentrations d’odeurs, basés sur des calculs de prévision météorologique et de données d’émission acquises sur le site ou prévues par l’exploitant. Ces systèmes permettent aux exploitants d’anticiper et donc de limiter leur impact olfactif.

Une approche en mesure continue par un olfactomètre peut être privilégiée dans certaines zones identifiées comme source de nuisances récurrentes. Une expérimentation a été réalisée sur le site d’équarrissage de FersoBio à Agen. Il s’agit précisément d’obtenir un signal au plus près des émissions odorantes du biofiltre afin de trouver des conjonctions entre ces odeurs et les épisodes ressentis par les quatre communes voisines de FersoBio. Pour ceci, le site s’est équipé d’un nez électronique fourni par Odotech.

« L’investissement est certes élevé, entre 70 000 et 200 000 €, selon le nombre de nez à installer, mais le meilleur retour sur investissement que l’on puisse avoir est le renouvellement du permis d’exploiter et la confiance des riverains » estime Jacques Surles, directeur de FersoBio.

L’échantillonnage est automatique, toutes les minutes. La réponse est quasi-instantanée. En un quart d’heure, le traitement des données du capteur combinées à celles de la station météo locale permet à l’exploitant d’être prévenu des impacts-odeurs dans les 2, 4, 6, 24 heures, voire plus. La gestion des odeurs est ainsi optimisée grâce à la modélisation de leur dispersion atmosphérique en temps réel. « L’outil constitue une aide à la décision, il permet de hiérarchiser les odeurs et de planifier ensuite les opérations de désodorisation en fonction des prévisions météorologiques » explique Philippe Micone, directeur de la société Odotech, développeur et fournisseur du système. La prochaine génération serait un nez électronique de taille plus petite.

Pour Jean-Louis Fanlo, professeur à l’École des Mines d’Alès et expert en odeurs et composés organiques, « ce système permet une analyse très fine des odeurs ». Veolia a choisi la technologie Odotech pour équiper les stations d’épuration des eaux, partout dans le monde. Plusieurs sites sont déjà en opération en France et en Italie.

Odotech a par ailleurs annoncé le lancement d’OdoScan, un outil automatisé de surveillance de l’impact des odeurs qui permet de suivre la dispersion de l’odeur, avec une modélisation intégrée en fonction de la météo du site en temps réel, de programmer des seuils d’alerte pour les points géographiques choisis de l’installation ou de l’usine et d’obtenir l’équivalent d’études d’impact des odeurs quand et aussi souvent que l’exploitant le désire. De plus, puisque OdoScan archive les données météorologiques, il est possible de disposer de l’historique météorologique précis du site. Par ailleurs, OdoScan pourra ensuite se transformer en système OdoWatch de surveillance des odeurs par le simple ajout d’un nez électronique et de quelques accessoires.

Alpha-Mos s’intéresse depuis plusieurs années aux applications environnementales de son nez électronique. Cette société a développé un nez électronique, le RQ BOX, qui permet de surveiller en permanence odeurs et composés organiques volatils (COV). Cet instrument peut être installé sur des sites existants, sur des installations en cours d’extension ou être prévu lors de la construction de nouveaux sites, permettant ainsi aux collectivités locales d’améliorer la qualité de l’environnement pour les riverains. Après deux années d’études, l’Ademe a validé la méthode de mesure des instruments RQ BOX et notamment la corrélation avec la concentration d’odeur en Unités d’Odeur (U.O.) telle que définie par une norme européenne. Le RQ BOX permet d’établir une cartographie olfactive. Il assure un suivi en temps réel des odeurs et mesure les composés organiques volatils. Après une phase d’apprentissage, le système « capture l’identité olfactive » de la source émettrice grâce à plusieurs détecteurs. Les données sont récupérées à distance pour un suivi en temps réel, 24 h/24 et 7 j/7. Pour disposer d’une cartographie olfactive toujours plus fine, les balises odeurs, disposées en constellation d’analyseurs (maillage de site avec plusieurs analyseurs), sont couplées aux stations météorologiques pour restituer un message simple à l’utilisateur sous forme d’un panache d’odeur compréhensible.

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ble de tous. Des outils de prédiction intégrés permettent d’anticiper les émissions et de prévoir leur impact sur le voisinage jusqu’à 48 h.

Mais plus qu'un système d’alerte et de surveillance, le RQ Box fournit une mesure utile : asservi aux process, il permet de réduire les coûts et d’optimiser les performances des traitements épuratoires, garantissant ainsi le bien-être des riverains. Les secteurs d’application sont multiples : centres de valorisation des déchets et d’enfouissement technique, compostage, équarrissage, raffineries, stations d’épuration, etc. Dans le cadre du programme NOSE (No Odour for Suez Environment), Suez Environnement a équipé, en 2006, plusieurs de ses sites de nez électroniques Alpha MOS dont la sortie de la tour oxydo-basique du traitement d’air de l’unité de compostage des boues d’épuration de l’unité de Lur Bizia (Pyrénées-Atlantiques) exploitée par Lyonnaise des Eaux. « Le nez, qui mesure en continu les odeurs, a conduit à une modification de la production du compost et à une meilleure gestion du procédé de traitement d’air, entraînant une réduction significative des odeurs », explique Mélanie Commet, utilisatrice du RQ Box sur le site. Sur le site Suez Environnement de Villeneuve/Verberie, M. Clet, directeur de l’exploitation, commente : « depuis l’intégration des analyseurs RQ Box, nous avons retrouvé un climat de sérénité avec les riverains et nous avons même obtenu une autorisation d’extension de l’exploitation ».

Ensuite, il faut traiter

Il existe de nombreux procédés permettant de réduire l’impact des odeurs dans l’environnement. Ils ont été largement décrits dans l'article de Christophe Bouchet « Le traitement des odeurs : une palette de solutions » (EIN n° 302, mai 2007). Globalement, le choix d'un procédé de traitement dépend du type et des propriétés des polluants à éliminer, du débit et de la concentration des flux gazeux à traiter et du coût global du traitement envisagé. Quatre procédés de désodorisation, parmi les plus répandus, ont fait leurs preuves : l’oxydation thermique ou catalytique, l’absorption ou lavage physico-chimique, la biofiltration et les produits destructeurs d’odeurs.

Les procédés biologiques qui oxydent les composés organiques par le biais de micro-organismes ont très répandus. Biofiltres, biolaveurs, lits bactériens proposés par des sociétés telles qu’Europe Environnement, Airepur Industries, DMT, Greenpro, Delamet Environnement ou Vérité s’adaptent parfaitement à de petites ou moyennes installations. Adaptés aux débits élevés et aux concentrations faibles, ils supportent moins bien les fluctuations importantes de charges d'odeurs. Les laveurs de gaz proposés par des sociétés telles que Veolia Eau, Europe Environnement, Greenpro, Sidac ou Waterleau sont recommandés pour les volumes importants. Ils sont adaptés aux débits élevés et aux concentrations faibles à moyennes et facilement adaptables aux variations de charge et de débits. L’adsorption (Greenpro, Europe Environnement, Airepur Industries) est une autre technique qui repose sur le transfert d’une molécule de la phase gazeuse sur la surface d'un solide, souvent du charbon actif. Avantage : son coût (de 5 à 7 € le m³ traité) et une bonne tolérance en matière de variation des flux.

[Photo : Laveur et biofiltre Europe Environnement]

D’autres solutions consistent non pas à traiter mais à disperser naturellement les nuisances dans l’atmosphère ou à les masquer. Eolage de Delamet Environnement relève du premier type de procédé et repose sur une propulsion aérodynamique forcée en synergie avec le vent pour assurer la dispersion des nuisances en altitude à des concentrations réduites par entraînement d’air pur. Des versions insonorisées ou mobiles permettent de faire face à une grande variété de situations.

Une autre solution consiste à masquer une odeur ou encore à la neutraliser, ce qui est très différent puisqu’il s’agit de transformer des substances organiques odorantes en substances organiques inodores. Westrand a largement participé à l’émergence du métier de la désodorisation par la

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[Photo : Ahlstrom et Industrial Care viennent de développer un nouveau genre de bâtiment modulaire capable d’éliminer les nuisances olfactives. Le procédé repose sur un dispositif de filtration qui associe un filtre à charbon actif à un système de photocatalyse pour capter et détruire les molécules polluantes dégagées par les boues.]

Mise en œuvre de neutralisants il y a plus de 16 ans.

Un important savoir-faire a été développé, à noter deux innovations récentes venant compléter leur gamme de base. Une gamme de réactifs brevetés permettant de neutraliser les boues dans la masse pendant la déshydratation. Le réactif, gamme INITHONE B, est à incorporer avec les polymères. La rémanence du produit est de l’ordre de 15 jours permettant d’accompagner le process.

Un autre produit a été mis au point par la société alsacienne : des gels neutralisants d’odeurs biodégradables (pour égouts gravitaires, postes de relevage...) et des plaques de gel en PU avec neutralisants d’odeurs pour la désodorisation à sec de laveurs en complément ou mode dégradé, de cheminées.

Norasystem® est un autre type de produits destructeurs d’odeurs, commercialisé par Phodé. Contrairement aux produits masquants qui saturent les récepteurs de la muqueuse olfactive et qui agissent généralement par simple surodorisation, Norasystem® élimine et abat la pollution olfactive en accélérant le processus de biodégradation et de minéralisation des polluants tels que l’ammoniac, l’hydrogène sulfuré, ... et ainsi de rendre les sels formés plus rapidement biodisponibles au niveau des écosystèmes terrestres et aquatiques. Cette solution permet aux cycles biogéochimiques de l’azote et du soufre de se dérouler plus rapidement. Les produits Norasystem® disposent d’une étude toxicologique complète – dont une étude de toxicité par inhalation – réalisée en accord avec les recommandations de l’OCDE. Ces tests toxicologiques concluent à la non-toxicité de ces produits, pour l’homme ou pour l’environnement, aux taux d’incorporations préconisés et même au-delà.

Yara International, Airpoll et Ram Environnement proposent également des solutions neutralisantes. En assainissement, Yara France propose son procédé Nutriox pour la prévention des gaz toxiques et nauséabonds. Ce procédé préventif est basé sur l’injection en amont du réseau d’un réactif non dangereux à base de nitrates, dont l’action biologique consiste à maintenir le collecteur en milieu anoxie. Cela permet d’empêcher les bactéries sulfato-réductrices de produire les gaz soufrés, sulfures d’hydrogène et mercaptans. Plusieurs types de contrôleurs d’injection accompagnent la fourniture du réactif pour optimiser les injections. Le degré de sophistication du contrôleur est choisi par l’utilisateur, en fonction de sa problématique et de son objectif de traitement.

Pour la neutralisation des odeurs en milieu industriel, le générateur Pollair 5000 de Pollair Environnement produit quant à lui une vapeur sèche – neutralisée par un produit 100 % pur, naturel issu de l’agriculture – diffusable à distance par un système de tubulures. Avantages par rapport à un procédé de brumisation, pas d’effet brouillard, ce qui est très important dans un milieu confiné, aucun risque de contamination (légionelle) et frais d’installations et de fonctionnement très bas.

Considéré comme prometteur, le procédé de traitement par photocatalyse est aujourd’hui mature et les applications se multiplient.

Photocatalyse : les applications se multiplient

Plusieurs dizaines de thèses ont été menées sur le sujet, souvent en collaboration avec des industriels comme Ahlstrom. Des sociétés se sont créées. Et même si l’effort de développement doit se poursuivre à la fois sur le développement d’applications et sur l’établissement de normes, la commission de normalisation Afnor photocatalyse a été créée le 11 juin 2007.

La photocatalyse ne va pas remplacer les procédés de filtration d’air, mais plutôt les compléter car elle agit sur des concentrations de polluants moyenne (50 g/m³) à très faible (0,01 g/m³) à des débits de 1 à 160 000 m³/h. L’attrait du procédé est son efficacité et sa très faible consommation d’énergie.

Pour que les polluants soient détruits il faut qu’ils rencontrent les radicaux oxydants sur le catalyseur. La réalisation d’un équipement de dépollution devient donc une affaire d’ingénieur : disposer d’un support pour le catalyseur qui offre une grande surface de contact, faire en sorte que le catalyseur soit suffisamment éclairé et que le flux (air ou liquide) à dépolluer entre effectivement au contact du catalyseur. Les fabricants distinguent deux grands types de disposition du média-catalyseur : soit le flux est léchant soit il est traversant (média fibreux).

Un dispositif épurateur d’air comprend le catalyseur (dioxyde de titane avec certaines caractéristiques), le média sur lequel est déposé le catalyseur (papier, textile, fibres minérales etc.), l’appareil qui assure la mise en contact du flux d’air avec le catalyseur, le fabricant de lampe UV s’il faut un éclairage artificiel.

Un certain nombre d’équipements ont été développés ou adaptés pour traiter ponctuellement de faibles débits. Ainsi, Alcion a développé les appareils Photo-Clean destructeurs d’odeurs pour des débits d’air de quelques dizaines à centaines de mètres-cube/heure. Biowind, jeune société créée en 2006 issue d’un partenariat entre le CNRS et Recyclanet propose des appareils originaux : le dioxyde de titane est déposé sur les pales d’un ven-

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tilateur. Anemo, filiale de la société RER, fabrique quant à elle des équipements utilisant des UVC (matériels Hegoa Eleganza et Aeris) parfois associés avec du charbon actif. BRC fabrique et distribue des équipements pour le traitement de l'air, BM France importe des équipements américains (Ecoquest).

Pour les installations plus importantes, au moins en volume, la société Icare (créée en novembre 2007) filiale du groupe Locabri spécialisé dans la location de bâtiments provisoires modulaires, propose, à partir du produit développé en commun avec Ahlstrom, des bâtiments anti-odeur destinés aux stations d'épuration, stockages de boues et composts odorants. Le procédé repose sur l'association d'un filtre à charbon actif et d'un système de photocatalyse qui permet de capter et de détruire les molécules polluantes. Le filtre opère en continu à l'intérieur d'une structure équipée de bâches actives maintenues en légère surpression pour orienter l'air vers les filtres. Avantage non négligeable en termes d'investissement financier et de développement durable, le filtre s’autorégénère quotidiennement grâce aux UV solaires et ne produit aucun déchet.

Une première référence existe depuis un an précisément sur une unité d'Ahlstrom à Pont-Évêque près de Vienne avec un bâtiment de 1 500 m² et 6 m de haut acceptant 3 200 tonnes de boues. Icare a par ailleurs installé une chambre de filtration d'air sur le sécheur de boues de la station d'épuration de Gland (Suisse) qui traite 80 000 m³/h. En France, plus d'un millier de sites sont susceptibles d'être concernés.

Enfin, la société développe une solution permettant d’apporter un complément de traitement aux biofiltres déjà existants en positionnant ces éléments équipés de filtre à charbon actif et dioxyde de titane. Ce complément de process permet de garantir les zéro nuisances olfactives.

[Encart : texte : Un dispositif de traitement par plasma froid Le plasma, mot grec signifiant « matière informe », constitue le quatrième état de la matière après les états classiques « Solide, Liquide et Gazeux ». Le plasma est un mélange gazeux instable composé d'électrons libres, d'ions positifs, d'ions négatifs, de radicaux libres, de molécules excitées, etc. appelées espèces. Le plasma dit froid est composé d'espèces actives produites par un dispositif de décharge électrique, sans que le gaz ne subisse une augmentation de température. La dépollution d'effluents gazeux malodorants est assurée par la grande quantité d'espèces chimiques très réactives du plasma. La transformation des molécules malodorantes en non odorantes s'effectue au contact du plasma, à la pression atmosphérique. Depuis plusieurs années, la Société Paganetti est spécialisée dans le traitement de l'air des milieux industriels (raffinage, chimie, etc.) et a mis au point un dispositif de traitement par plasma froid. Plusieurs machines sont en service traitant de 400 m³/heure à 12 000 m³/heure. Ces machines sont placées dans des unités de traitement des eaux (poste de relevage, bassin d'orage, prétraitement, local boues), à savoir : Step du Havre, d'Évry, de Maisons-Alfort, de Saint-Georges-d'Oléron, de Sainte-Marie-de-Ré et de Rivedoux ; elles permettent de traiter les différentes molécules produites (ammoniac, mercaptan, H₂S, CH₄, etc.). Les réactions des espèces du plasma froid avec le mélange d'air malodorant n'étant pas sélectives, toutes les molécules sont potentiellement transformables avec des réactions préférentielles suivant les familles de molécules. La technologie du plasma froid est très efficace pour traiter les effluents malodorants. Son rendement olfactif épuratoire est élevé et son faible coût d'exploitation équilibre l'investissement de 20 à 15 € le m³/heure pour 6 000 à 12 000 m³/heure traités. Depuis plusieurs années, un partenariat entre Paganetti et EDF a permis de faire évoluer cette technologie émergente, aboutissant ainsi à un premier brevet européen. Les relations de confiance entre Paganetti, le Syndicat des Eaux de Charente-Maritime et le Maître d'œuvre A.L.C. pour les équipements de l’île de Ré et d'Oléron ont permis d'améliorer l'efficacité du plasma froid sur des sites touristiques dont la particularité est d'être très variable en émission d'odeurs suivant les saisons, avec des pointes très importantes en juillet. Par certaines espèces produites dans le plasma froid (O₃, H₂O₂, O₂), ce dernier peut avoir un effet germicide dans les bâtiments traités. Il possède également un effet asséchant réduisant les corrosions des équipements dans les milieux humides. Les unités de traitement par plasma froid ne nécessitent aucun consommable et ne produisent aucun résidu entraînant des coûts de régénération. Elles sont peu volumineuses, caractérisées par un encombrement au sol faible et une géométrie adaptable au local à traiter. Le procédé est sécurisé, donc non dangereux pour l'utilisateur car il fonctionne en milieu totalement clos. De plus, l'unité de traitement est silencieuse, ne générant pas de nuisance supplémentaire pour les usagers.]
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