Le potentiel du marché de la réutilisation des eaux usées épurées est considérable. Actuellement, seulement 2 % des eaux usées collectées sont réutilisées, soit plus 7 milliards de m3 en 2005. Dans les dix prochaines années, les capacités mondiales installées pour traiter les eaux usées tripleront pour passer de 20 millions de m3/j en 2005 à 55 millions de m3/j en 2015, soit une croissance annuelle de 10 à 12 %. Mais bien qu'elle bénéficie de nombreux atouts pour promouvoir la réutilisation des eaux usées épurées (REUE), la France accumule depuis presque deux décennies une série de retards impressionnants. Pourtant, dans de très nombreux pays, les eaux résiduaires ne sont plus envisagées comme un effluent dont il faut se débarrasser mais comme une ressource précieuse.
Alors qu’elle figurait au début de la décennie 1980 parmi les pays du monde les plus en pointe sur le sujet, alors qu’elle compte parmi ses champions nationaux les entreprises les plus pointues du domaine qui contribuent directement, seuls ou en consortium, à la plupart des grands projets de réutilisation des eaux usées dans le monde, notre pays reste cantonné à des réalisations d’envergures très limitées.
Cette situation est d’autant plus paradoxale.
que le contexte hydrologique qui a prévalu ces dernières années aurait dû favoriser un recours bien plus massif à la réutilisation des eaux usées épurées. Les sécheresses successives ont pourtant clairement montré combien était fausse l'idée selon laquelle, parce qu'elle était censée disposer de ressources abondantes, même inégalement réparties, la France n’avait pas besoin de recourir à une ressource complémentaire. Les fortes tensions qui ont pesé sur la ressource dans bien des régions à l'occasion des épisodes de sécheresse ces dernières années et les nombreux arrêtés de restriction ou d’interdiction relatifs aux prélèvements et aux usages sont là pour le prouver. En plus d’être erronée, cette analyse a mis en lumière une méconnaissance grave des avantages environnementaux, compétitifs et économiques de la réutilisation des eaux usées.
La réutilisation des eaux usées : des avantages environnementaux, compétitifs et économiques avérés
Longtemps, les bénéfices escomptés de la réutilisation des eaux usées épurées ont été limités au simple aspect quantitatif, à une ressource alternative qui serait disponible en cas de besoin et en dernier recours. Bien que cette analyse ne soit pas fausse, elle reste largement insuffisante, et pour tout dire, assez courte. Car si la réutilisation des eaux usées épurées permet de mobiliser des ressources supplémentaires de bonne qualité en court-circuitant le cycle naturel de l'eau, elle contribue également à assurer l'équilibre de ce cycle et la protection des milieux en conservant et en préservant les ressources et en réduisant les rejets de nutriments et de polluants dans le milieu récepteur. À l'avantage quantitatif s'ajoute donc un avantage environnemental qui fait de la REUE une mesure de protection environnementale à part entière. Et pourtant, cette technique qui pourrait permettre de sauvegarder et d'améliorer la qualité de bien des milieux récepteurs sensibles apparaît encore peu exploitée en France. Et ceci alors même que l’objectif d’atteindre un « bon état écologique » des eaux devrait constituer un contexte favorable pour la promotion de projets de REUE.
Pourquoi ce retard ? Persistance du postulat selon lequel notre pays n’a pas besoin de recourir à ce nouveau type de ressource ? Cécité quant aux multiples avantages qu’elle procure ? Doutes sur l’efficience des traitements et donc sur la qualité de l’effluent proposé à la réutilisation ? Problème d’acceptabilité sociale ? Frilosité et réticence à faire évoluer une réglementation confite dans des préceptes aussi dépassés qu’obsolètes ? Il y a sans doute un peu de tout cela dans cette incapacité chronique à franchir une étape que bien des pays pourtant autrement moins bien armés que nous ont franchie depuis plusieurs années.
Un autre facteur pèse : la réglementation française qui a largement contribué à retarder la mise en œuvre d’une technique qui s'impose pourtant partout ailleurs dans le monde.
Un mode de gestion de l’eau contrecarré par un contexte réglementaire restrictif
En France, à ce jour, la réglementation sur la réutilisation des eaux usées épurées ne concerne que la réutilisation agricole. Il y a donc, pour l’instant, un vide juridique concernant les nombreux autres usages concernés par cette technique, bien peu propice à l’émergence de nouveaux projets. Interpellée par un député lors des questions au gouvernement en janvier 2007, Nelly Olin, alors ministre de l’écologie, avait indiqué qu’un arrêté fixant les règles applicables à cette technique était prêt et en attente de l’avis de l’Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail… Un an plus tard, on attend toujours…
Quant à l'Union Européenne, elle accuse un retard énorme sur le sujet puisqu’elle se borne à indiquer dans un texte ancien de plus de 15 ans (l’article 12 de la directive CEE numéro 91/271 de 1991 sur les eaux
« Les eaux usées traitées sont réutilisées lorsque cela se révèle approprié ». Difficile de trouver plus abscons.
Pour tenter de compenser ces lacunes et limiter le retard accumulé, certains pays membres ont choisi d’adopter leur propre réglementation. Mais cette démarche volontariste n’a pas permis l’émergence d'une unité européenne qui seule pourrait inciter au développement de la réutilisation des eaux usées en l'intégrant enfin parmi les grands standards de la gestion des eaux. C’est d’autant plus regrettable que les techniques existent et qu’elles sont matures.
Recyclage et réutilisation : les techniques de traitement sont fonction des usages
Les techniques de traitement permettant de recycler et de réutiliser les eaux usées épurées sont aussi nombreuses que matures. Ainsi, en adaptant le niveau du traitement à l’usage considéré, qu’il soit agricole, industriel ou urbain, et en respectant la réglementation, la pratique est une alternative sûre et sans danger pour la santé publique. Si bien qu’aujourd’hui dans le monde, 19 millions de m³ sont produits à partir de 3 300 unités de recyclage d’eaux usées.
Les eaux usées sont recyclées depuis longtemps dans les zones arides comme la Namibie, où elles s’avèrent même être la ressource la plus fiable. Mais les zones arides ne sont pas les seules à être concernées : dans de nombreuses régions d’Espagne, d’Australie, des États-Unis, du Moyen-Orient, d’Afrique australe, le recyclage est la solution choisie pour améliorer la disponibilité des ressources et réduire la pollution. D’ores et déjà, certains pays et États tels que l’Australie, la Californie, la Floride, Israël ou la Jordanie ont pour objectif de satisfaire 10 à 30 % de leur demande en eau par cette ressource alternative dans les 5 à 10 prochaines années. En Europe, Chypre et l’Espagne ont les objectifs les plus ambitieux : réutiliser 100 % des eaux usées à Chypre et, à Madrid, satisfaire 10 % de la demande en eau par la réutilisation en augmentant les volumes actuels d’eaux usées soumis à un traitement tertiaire.
Quelles sont les techniques adaptées permettant d’obtenir au final une eau de qualité conforme aux usages envisagés ? On distingue communément les solutions conventionnelles des solutions membranaires. Le recours à l’une ou l’autre de ces solutions est bien souvent fonction du niveau de traitement nécessaire à l’usage requis.
Combiner et associer les traitements conventionnels pour atteindre le niveau de traitement requis
Les traitements physiques conventionnels font le plus souvent appel à une filtration suivie d’une désinfection lorsque l’eau traitée est destinée à l’irrigation. La première étape de filtration a pour but la rétention des matières en suspension, et en particulier des flocs s’échappant des clarifications secondaires. Elle peut être effectuée par filtration mécanique, filtration sur lit granulaire, microfiltration ou ultrafiltration.
La désinfection a pour objectif de réduire le nombre de micro-organismes (bactéries, virus, protozoaires). Elle fait appel à des procédés très différents les uns des autres, bien souvent basés sur le triptyque ozone, UV, chlore.
Dans le domaine industriel, de nombreuses sociétés proposent des procédés de recyclage des eaux usées qui s’insèrent au sein
même des process. Ainsi, Actibio propose un procédé de recyclage des eaux usées de lavage des véhicules qui permet d'économiser jusqu'à 80 % de l'eau utilisée : l'eau de lavage est préalablement débourbée puis déshuilée avant d'être transférée. Une fois épurée, elle est filtrée, chlorée puis stockée avant le lavage d'autres véhicules.
Chez un industriel spécialisé dans l'extrusion d'aluminium, Assisteaux a réalisé une installation complète de recyclage d'eaux de rinçage de dégraissage. Les eaux de rinçage sont traitées dans un évaporateur à compression mécanique de vapeur puis séparées des distillats avant d'être directement réinjectées au sein du process. Avant la mise en route de cette installation, l'industriel ne produisait plus que 400 litres de concentrat par jour contre 4 m³ d'effluents auparavant.
De son côté, Callisto a conçu et livré une installation de traitement en rejet zéro sur effluents industriels de dégraissage-lavage et traitements de surfaces en 2003. Cette installation est exploitée depuis cette date par Callisto et a toujours satisfait aux prescriptions sans provoquer de dysfonctionnements dans la production. Callisto fait appel aux techniques les plus variées en fonction de la nature des effluents à traiter parmi les traitements physico-chimiques, biologiques, membranaires, d'évapo-concentration, échanges d'ions. Ces techniques sont souvent mises en œuvre en combinaison optimisée après détermination des coûts de fonctionnement et d'élimination des déchets générés.
Fort de son expérience dans le domaine du traitement des effluents industriels, ESF Filtration associe également différents procédés de traitement pour recycler les eaux de rinçage, de nettoyage, de refroidissement en vue de leur réutilisation. Sur une de ses dernières installations, ESF Filtration a associé deux types de procédés en raison de la forte concentration en polluants, à savoir dans un premier temps un traitement physico-chimique (coagulation/floculation) puis dans un second temps un traitement physico-mécanique (filtration/microfiltration/séparation de phase par coalescence et charbon actif). Cette association permet une réutilisation de l'eau à 100 %.
Proserpol est également spécialisée dans la conception et la réalisation d'installations de traitement et de recyclage d’effluents liquides. Pour ceci, cette société s'appuie sur une combinaison de procédés physico-chimiques.
niques, biologiques, thermiques et membranaires.
Equip’Hydro travaille également sur des applications de réutilisation des eaux résiduaires, notamment industrielles. Pour Harold Mette, « La démarche implique un coût économique qui dans la plupart des cas est la première barrière à franchir ».
Equip’Hydro travaille actuellement sur différents projets de réutilisation :
- réutilisation des eaux de détagage de wagons par traitement physico-chimique classique et filtration sur charbon actif. Les éthanol-amine et méthylpyrrolidone que l'on retrouve dans l'eau résiduaire posent un problème important dont la société recherche la solution par essai pilote avec un fabricant de charbon actif majeur.
- réutilisation de polymères utilisés dans les peintures et adhésifs, en collaboration avec le laboratoire d'études des polymères de l'université de Strasbourg. La base de données séparation de phase liquide-liquide par membrane d'osmose permet dans ce cas précis d’avancer beaucoup plus rapidement. Equip’Hydro vise à réutiliser les polymères dans le process et l'eau séparée, après traitement, pourra alimenter les chaudières.
- réutilisation de solvants dans l’industrie des adjuvants pour le béton.
De son côté, Corelec Environnement, spécialiste du traitement des effluents par électrolyse, propose son procédé Ecolyse qui permet le recyclage des effluents avec une réduction des réactifs mis en œuvre dans le process (suppression de coagulants, lait de chaux, bisulfite de sodium…). Ces stations qui permettent un recyclage total des effluents traités font appel à la combinaison des technologies conventionnelles (physico-chimique) avec des techniques plus avancées telles que la déminéralisation, la récupération électrolytique des métaux ou l’évaporation/concentration sous vide.
Spécialisé dans le traitement des effluents industriels et la valorisation des eaux de rejets, RGA Environnement a présenté à Pollutec 2007 un procédé de recyclage des eaux de stations de lavage de véhicules sans réactifs chimiques. Jusqu'à présent, la plupart des stations de lavage de véhicules motorisés étaient équipées d'un système de décantation et rejetaient leurs effluents au réseau d’assainissement. Avec son procédé breveté Albedo®, RGA Environnement offre un traitement optimisé de ces effluents permettant de les recycler in situ en eau de lavage. L’originalité du procédé est d’associer plusieurs technologies (électro-coagulation, clarification, électrolyse, ozonation, filtration tangentielle) dans le but de résoudre de manière efficace, économique et sans réactifs chimiques la problématique des stations de lavage : présence simultanée de détergents, de cires et d’hydrocarbures.
Le procédé Albedo® garantit ainsi une eau dépolluée, réutilisable et sans danger pour l’homme tout en n’utilisant que peu de consommables. Permettant d’économiser 80 % de la ressource en eau et de désenclaver les STEP, il contribue à un meilleur respect de l’environnement. Une première unité – 15 m³/j – vient d’être installée cet été à Toulon, à la station-service automobile ORCA. Ovive, Vivlo, Tecnofil Industries, comme Hytec Industrie sont aussi spécialisées dans la réalisation d'installations de traitement des eaux usées et de recyclage d’eau.
Ainsi, Hytec Industrie met en œuvre de façon indépendante ou associée des traitements physico-chimiques, biologiques, thermiques et des procédés membranaires avec comme principaux critères de choix les performances attendues, les coûts d’investissement et d’exploitation, la facilité de conduite et les contraintes d’exploitation. Ainsi, à la RATP, le traitement des effluents sur un réacteur Bioclean® (technologie de traitement biologique avec biomasse fixée en lit immergé) a permis le recyclage de 90 % des eaux de lavage de bus. Autre exemple, dans une usine de placage de bois, un traitement biologique par boues activées, associé à un traitement physico-chimique, permet le recyclage de la totalité des effluents issus de l’étuvage des grumes de bois.
Veolia Water Solution & Technologies a développé de son côté Recyclo®, un procédé unique, standard et automatisé de recyclage des effluents de stations de lavage des véhicules qui concilie performance, compacité et simplicité.
En effet, Recyclo® met en œuvre seulement deux étapes de traitement, dont le procédé 3FM®, filtration en profondeur exclusive de Veolia Water Solution & Technologies qui a déjà fait ses preuves dans de nombreuses applications industrielles, et une étape de polissage pour abattre la couleur résiduelle souvent présente dans ce type d’effluents. L'unité proposée est ainsi de taille réduite et est déclinée en skid fermé, ce qui permet un fonctionnement autonome dans les conditions les plus extrêmes. Elle se caractérise par une absence de nuisances sonores et une manipulation aisée pour le transport, l’installation et la mise en route.
Le procédé Recyclo® contrôle en permanence la qualité d’eau recyclée et garantit une économie d'au moins 80 % de la ressource en eau. Avantage non négligeable, il ne nécessite pas de travaux de génie civil pour sa mise en œuvre et son format “plug & play” permet une mise en route en quelques jours. Des unités fonctionnent déjà sur des stations de lavage de bus et de tram-
ways à Saint-Étienne ainsi que sur des portiques de lavage de stations services en région parisienne.
Veolia Water Solutions & Technologies (VWS) propose des recyclages de flux séparés ou pour des applications spécifiques. Grâce à son très large portefeuille de technologies propriétaires, VWS dispose aujourd'hui de nombreuses références dans le monde pour des applications dédiées à chaque secteur industriel : papeterie, métallurgie, automobile, traitement de surfaces... etc. Au total, une centaine de références dans le monde dont environ la moitié en clientèle industrielle. Une trentaine de ces projets respectent l’objectif de « Zero Liquid Discharge » (ZLD) et nécessitent fréquemment la mise en œuvre de technologies thermiques de pointe telle que l’évapo-concentration ou l’évapo-cristallisation. En traitement de surface, par exemple, le recyclage des effluents acides est opéré par osmose inverse et échange d'ions sur résines spécifiques (référence : Alcoa (Actiflo + RO)). Sont aussi associés des recyclages de bains en boucles courtes au point d'utilisation ou encore des recyclages de métaux par systèmes d’électrolyse. En automobile ou traitement de surface, les recyclages des eaux de rinçage s'effectuent le plus souvent par des membranes UF + RO ou par évaporation.
Vivlo propose également des filières originales de dépollution permettant de recycler jusqu'à 95 % des eaux de process. Ainsi la société Siemens Va Tech s'est équipée d’un évaporateur sous vide alimenté par pompe à chaleur permettant de recycler les eaux de rinçage et les bains de traitement en provenance des machines à laver de l’atelier. Ce type de pollution : eau + tensioactifs + huiles ne peut pas être recyclé par des techniques physico-chimiques et les techniques membranaires demandent un suivi important. C’est pourquoi Vivlo installe des évaporateurs sous vide ou à compressions mécaniques de vapeur pour permettre le recyclage des eaux de process. Les évaporateurs peuvent être complétés par des traitements, comme une filtration du distillat de l’évaporateur sur un osmoseur, pour assurer la qualité de l'eau recyclée (conductivité < 5 µS/cm, DCO nulle).
Les techniques membranaires : une technologie de choix appelée à jouer un rôle central
Si les traitements physico-chimiques conventionnels restent d’actualité lorsqu’il s’agit de traiter de l'eau pour des besoins agricoles, des usages de loisirs ou certaines applications industrielles, ils peuvent s’avérer insuffisants lorsqu’il s'agit de recharger une nappe aquifère, de fabriquer de l'eau ultrapure ou même de l'eau potable. Pour ces dernières applications et parce qu’elles peuvent répondre à des exigences de qualité très élevées, les techniques membranaires s'avèrent être des technologies de choix. T.I.A. conçoit, fabrique et installe des unités liées aux techniques de micro, ultra, nanofiltration et d'osmose inverse : « Les procédés membranaires sont présents dans tous les domaines et interviennent de plus en plus dans les technologies propres. Ces techniques permettent une valorisation de certains effluents de l'agro-alimentaire ou de l’industrie, et un recyclage de tout ou partie du volume des déchets ». Ils peuvent s'insérer dans une filière « tout membrane » ou bien dans une filière ne comportant des membranes qu’en barrière ultime. Le choix sera fonction d'un certain nombre de paramètres comme la qualité de l'eau brute et la qualité finale de l'eau exigée.
L'Eau Pure propose de son côté le procédé Oymem® en vue d'une réutilisation des eaux usées traitées pour une valorisation en irrigation (terres agricoles ou espaces verts), ou en vue d'un rejet en zones sensibles ou particulièrement surveillées (ex : zones de baignade, zone de prélèvement pour la production d'eau potable). Le procédé associe le procédé Oxylag® de type lagunage aéré extensif avec un procédé de clarification/désinfection par voie membranaire. Les membranes utilisées sont des membranes immergées d'ultrafiltration d'un seuil de coupure de 0,05 micron. L'eau traitée pos-
Elle présente les caractéristiques suivantes : DCO < 50 mg/L, DBO₅ < 10 mg/L, MES < 0,1 NTU. De plus, l'abattement sur les coliformes fécaux est supérieur à 5 log et celui sur les virus MS-2 supérieur à 1 log.
Le procédé se caractérise par sa simplicité de mise en œuvre (facilité d'exploitation, faible utilisation de produits chimiques) et par sa fiabilité dans les performances techniques : peu de risques de colmatage des membranes, flux importants et stables, durée de vie élevée des membranes.
Les filières membranaires
Les filières membranaires peuvent recouvrir plusieurs formes. Elles peuvent prendre place en première étape à l'image du procédé Biosep proposé par Veolia Eau. La membrane est alors immergée au sein même de la biomasse. L’eau traitée est extraite par une pompe en dépression sous une pression transmembranaire inférieure à 1 bar. En France, plus de 25 stations incluent ce procédé.
À noter que Biosep est disponible en modules standardisés pour une installation facilitée dans des délais réduits.
Elles peuvent aussi être placées en aval du décanteur secondaire, c'est-à-dire en traitement tertiaire, au sein même de l’effluent clarifié. Elles seront alors soit de type immergées, soit sous pression dans un module tubulaire. Pour répondre aux différentes applications liées au recyclage des eaux usées, Degrémont Technologies Aquasource a développé Re-Source™, une unité de filtration dite « tout-frontal » qui utilise des membranes en fibres creuses organiques à peau interne en polysulfone hydrophile Alteon™ et s’appuie notamment sur deux brevets : le procédé Coral™ (micro-coagulation sur membrane) et le rétrolavage à l’air.
Re-Source™ se présente sous la forme d'une unité standard, automatique et autonome, équipée de tous les éléments nécessaires à son fonctionnement. Un automate intégré gère les séquences de filtration, rétrolavage, alarmes éventuelles et régénération membranaire. La gamme comprend des unités équipées de 2 à 24 modules pour une production moyenne située entre 7 et 87 m³/h d'eau à 20 °C. Ce type d’unités s'intègre en sortie de stations de traitement d’eaux résiduaires, derrière une chaîne de traitement traditionnelle, et produit une eau conforme, voire supérieure, à la réglementation sur la réutilisation des eaux usées.
Les atouts de cette unité sont les suivants : autonomie et modularité (augmentation de la production par ajout de grappes de modules), facilité de mise en œuvre et d’exploitation, eau totalement clarifiée quelle que soit la qualité du rejet (< 0,1 NFU), abattement microbiologique parfait : bactéries et kystes (coliformes fécaux, Giardia, …) > 6 Log, virus (MS2) > 3 Log. Enfin, le traitement sous pression en circuit fermé garantit que l’eau usée retraitée n’est jamais en contact avec l'opérateur, et l'intégrité de l'unité peut être contrôlée automatiquement sans contact avec les eaux usées, offrant ainsi une sécurité sanitaire accrue.
Pall propose également des solutions basées sur l'utilisation de fibres creuses organiques.
ou minérales. Cette société est à l'origine de plus de 30 installations dans le monde (capacité totale 6 000 m³/h) traitant des effluents secondaires avec des membranes organiques fibres creuses type Microza.
La toute première, démarrée en Europe en 2000, est celle de Peterborough au Royaume-Uni (également connue sous le nom de Flag Fen) qui traite 65 m³/h d'effluent secondaire à des fins de réutilisation (arrosage et utilisation comme eau industrielle).
Deux nouvelles installations devraient démarrer en Espagne cette année. En Europe, elle compte 20 unités équipées de membranes organiques fibres creuses type Microza mais traitant cette fois-ci les rejets de rétro-lavage des filtres à sable de piscine mélangés aux surverses de bassin de natation.
Ces rejets filtrés subissent une étape d'oxydation forte avant passage sur un absorbant afin d'éliminer la matière organique oxydée. L'eau ainsi traitée peut être réutilisée dans les piscines. En France, Pall aligne une vingtaine de références en traitement d’eaux usées industrielles par membranes à des fins de réutilisation, notamment dans les industries textiles et agroalimentaires.
La Société d’Impression d’Hem (59) exploite par exemple un BRM à membranes céramiques d’une capacité de 1 400 m³/j qui traite des effluents textiles comprenant des colorants à base de pigments naturels. Les performances du Membralox permettent la rétention complète des pigments et le recyclage du perméat dans l'usine.
Chez un autre industriel, un process similaire permet de traiter des effluents de teinture comprenant des colorants solubles. Le perméat en sortie des membranes, de couleur noir foncé, est ensuite dirigé dans une tour d’ozonation pour y être décoloré. Le perméat décoloré est stocké dans une cuve de 40 m³. Il peut ainsi être utilisé pour le nettoyage de l'installation, être recyclé dans l'usine.
Plus récemment, la ville du Guilvinec (29) a fait le choix de la technologie membranaire Aqua-RM® de Saur. Ce procédé consiste en un traitement biologique poussé fonctionnant avec une concentration élevée en boue (15 g/l) suivi d'une filtration par membranes plaques immergées Kubota. L’eau ainsi traitée et filtrée présente les caractéristiques physico-chimiques et microbiologiques d'une eau de baignade. Son rejet direct au milieu naturel a permis d’éviter la construction d'un réseau d’évacuation et d'un émissaire de plusieurs centaines de mètres en mer.
Sur la station du Guilvinec, construite par Stereau, l'eau traitée est également utilisée pour des usages internes : préparation de réactifs, nettoyage des sols, arrosage des plantes, alimentation d’un bassin d’agrément, etc.
En raison de la bonne qualité d’eau produite par sa station, la ville du Guilvinec a également obtenu une autorisation préfectorale, sur accord de la DDASS, pour réutiliser cette eau à des fins d’arrosage des espaces verts et de nettoyage des voiries. Et ce n'est pas tout : dans le cadre d'un programme de recherche, un pilote d’osmose inverse a été installé en sortie des membranes de l’Aqua-RM.
La mise en place de cette unité pilote de traitement d’affinage permet d’entrevoir d'autres potentialités de REUE pour cette collectivité à forte activité portuaire, en économisant la consommation d’eau potable par l'utilisation d’eau de qualité osmosée. Une eau dont la qualité pourrait permettre une utilisation dans l'industrie, en réalimentation de nappes ou des barrages, ou même à la production d’eau potable dès que la réglementation le permettra…
La république de Chypre a confié à Stereau la construction et l'exploitation de la station d'épuration des eaux usées de Vathia-Gonia à Nicosie, capitale de la République de Chypre. La technologie retenue est la filtration membranaire qui génère une forte économie en eau potable. La mise en place de la REUE dans une région pauvre en ressources aquifères est adaptée pour faire face aux afflux touristiques que rencontre l'île de Chypre. Cette usine devrait voir le jour en 2009. Elle traitera 200 000 e.p. avec une extension à terme de 400 000 e.p.