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STEP: remise à niveau ou reconstruction ? l'exemple des Laboratoires MSD Chibret

30 mai 2001 Paru dans le N°242 à la page 45 ( mots)
Rédigé par : Vincent JOHANET

Lorsque la quantité des effluents augmente, ou lorsque leur nature change, la station d'épuration existante peut ne pas toujours absorber ce surplus de pollution. Pour continuer à satisfaire aux normes de rejets, l'industriel, comme en pareil cas la collectivité locale, doit accroître son potentiel de traitement. Il dispose pour cela de plusieurs approches : l'optimisation des filières existantes de traitement, ou la construction d'une nouvelle usine. Le choix pour cette dernière option, outre les avantages techniques qu'il procure, peut être aussi l'occasion de replacer le process épuratoire au c'ur des activités du site. La Société MSD, basée au Puy en Velay, a opté pour ce dernier choix. Explications.

[Photo]

Les laboratoires Merck Sharp & Dohme-Chibret (MSD) disposent en France de trois implantations dont deux d’entre elles disposent de plus de 45 hectares : l’une à Riom (63), l’usine nommée Mirabel, l’autre appelée « La Vallée » à Saint-Germain-Laprade, près du Puy-en-Velay (43). Ici, à une heure du couloir de la chimie et de Lyon, le groupe fabrique des principes actifs

[Photo : Vue générale de la station d’épuration.]

des effluents à traiter. C’est le début d'un important travail de création de fiches déchets par produits, qui vont permettre l’établissement de plans de charges, seuls susceptibles d’assurer une meilleure gestion au quotidien du potentiel épuratoire.

Malgré une amélioration notable, due essentiellement au travail de quantification des flux et à l’installation d’un DCOmètre en ligne, le système reste lourd à gérer, et l'idée d'une nouvelle station s’impose peu à peu : « en terme de traitement, la capacité restait acceptable, mais la capacité tampon était nettement insuffisante », explique Michel Bilard.

En 1999, la décision est prise de construire

de médicaments. À l'origine, le site qui avait été construit en 1985, était destiné à produire pour le monde entier le principe actif d'un nouvel antihypertenseur. Mais en 1996, changement de programme : le groupe multiplie par cinq la capacité de production du site, et diversifie la production vers la synthèse de six principes actifs dans des domaines thérapeutiques diversifiés. La station d’épuration, une station biologique construite en 1985, devient sous-dimensionnée. L’ajout en 1992 d'une unité de déphosphatation et en 1998 de 2 cuves de retenue de 100 m³ ne permettent pas à la station de faire face dans des conditions satisfaisantes, ni à l'extension du site, ni aux évolutions de la charge polluante. Pour Michel Bilard, directeur environnement de MSD pour la France, c’est le début d’une aventure qui va durer presque trois ans. Sa première tâche va consister à assurer la continuité du processus d’épuration en attendant l’adoption de solutions pérennes. Il s’agit pour cela d’étaler la charge

[Photo : Le contrôle des effluents comprend un conductivimètre et un réfractomètre.]
[Photo : Vue de l'instrumentation de contrôle de l’effluent, après traitement (pH, T°, Débit)]

Caractéristiques de l’effluent

Nature :eau + solvants organiques
Débit :de 150 à 200 m³/jour
DCO :de 1000 à 1500
Acéto :100 mg à l'entrée
[Photo : Appareil de mesure de DCO en ligne (entrée en station).]
[Photo : Vue de la fosse de relevage avec dégrilleur automatique.]

une nouvelle station : du fait des évolutions importantes de production de 100 à plus de 200 tonnes de principes actifs. MSD dispose par ailleurs sur son site de réserves foncières importantes et Michel Bilard, qui veut pouvoir faire face à d'éventuelles augmentations de la charge polluante, souhaite traiter le problème dans sa globalité. “Au-delà d'une certaine limite, il est impossible d'improviser, il faut avoir une vision d'ensemble car il y a des phénomènes limitatifs sur le court, moyen et long terme” explique-t-il. De plus, une intervention sur certaines filières de traitement d'une station d'épuration impose parfois l’arrêt total de l'installation. Et les règles imposées par l'arrêté du 22 décembre 1994 exigent que l’exploitant dépose une demande d’autorisation d'arrêt d’exploitation. Les exploitants ont bien sûr tout intérêt à mener leur réhabilitation sans arrêter l'installation. Mais si certaines technologies le permettent, d’autres non.

Chez MSD il n’était pas question d’arrêter l’installation, même si à certains moments le groupe a dû faire transporter ses effluents pour un traitement à l’extérieur. En 1999, la décision de construire une nouvelle station est donc prise.

La nouvelle station : replacer le process épuratoire au cœur du site

Elle est le résultat de plusieurs mois d’études suivis de trois mois d’essais pilotes.

Conçue par Proserpol, la nouvelle installation se compose de deux parties. Une première partie (voir schéma 3D qu'il faut placer à proximité) comprendra un hangar technique destiné à accueillir les cuves de préparation et de conditionnement du lait de chaux servant à la neutralisation des effluents et au conditionnement des boues, et les cuves de préparation et de condition-

[Photo : Schéma de la nouvelle station.]
[Encart : Pour Proserpol, qui a assuré la maîtrise d'œuvre de l'ensemble du chantier, la station "La Vallée" est une belle vitrine qui lui permet de valoriser son expertise. La règle du double confinement total et systématique, l'usage généralisé de l'inox sur l'ensemble de la station, le haut niveau de l'instrumentation tant pour le contrôle des effluents en entrée qu'en sortie de station, rien n’a été négligé pour optimiser et sécuriser son fonctionnement. Pour François Morier, Directeur Général de Proserpol, "La Vallée" est la preuve que beaucoup d'industriels ont maintenant pleinement intégré la dimension environnementale dans leur stratégie de développement industriel. “Pleinement conscients de leurs responsabilités, ils sont prêts à poursuivre les progrès considérables accomplis ces dernières décennies, à l'image de MSD dont le standard de protection de l'environnement va bien au-delà du simple respect de la législation” explique-t-il. Le génie civil et le gros œuvre a été assuré par la société Scarpa, et la Société Brudner a réalisé les cuves en inox. Cegelec a géré la partie électricité ainsi que les automatismes.]
[Photo : Bassin aérobie]

Le traitement des boues ainsi que le filtre-presse. La benne d’évacuation des gâteaux de boues est également intégrée dans le hangar technique. Une seconde zone est destinée à des bureaux et à un laboratoire. C'est là que se trouvent le local électrique abritant les armoires de distribution et d'automates, le local surpresseur d’air ainsi que le laboratoire.

La deuxième partie présente la particularité d'un double cuvelage en béton permettant de protéger le sous-sol. “C’est la première station du groupe à répondre au nouveau standard de double confinement total demandé par le groupe” explique Michel Bilard. La plate-forme en elle-même abrite 2 cuves de rétention destinées à stocker les effluents en attente de traitement, un clarificateur de 8 mètres de diamètre, les quatre bassins biologiques sur longrines d'un volume total de 575 m³, la cuve de neutralisation et deux cuves tampon en inox d'une capacité de 450 m³ chacune. “MSD travaille avec deux cuves pleines, explique François Morier, directeur général de Proserpol, la première en surverse dans la seconde : la première cuve homogénéise la concentration, la seconde homogénéise le débit”. Il ne reste ensuite qu’à régler la station pour stabiliser la charge polluante.

En amont de la station, une station de relevage équipée de deux pompes immergées Flygt recueille l’ensemble des effluents du site qui arrivent par l’intermédiaire d’un égout à double confinement lui aussi, refait pour l’occasion. À l'issue d'un dégrillage automatique, un réfractomètre permet de mesurer en continu le niveau de la charge polluante. Si celle-ci est trop importante, son rôle sera de la mettre en rétention.

Outre sa capacité plus importante, la nouvelle station, parfaitement instrumentée, est dotée d'un haut niveau d’automatisation et d'outils de supervision et contrôle-commande les plus récents : “de mon bureau, explique Michel Bilard, je dispose en temps réel de tous les paramètres de la nouvelle station”.

Le 1er décembre 2000, après plus de deux années de travail, les nouveaux équipements accueillent les premiers effluents. La biomasse est prélevée dans l’ancienne station. Le relais avec l’ancienne station, encore en service, va durer un mois. Une équipe suit en direct tout ce qui se passe et collecte toutes les données utiles à la montée en charge de la station après concertation entre l’équipe de Proserpol, le constructeur et l’équipe de Michel Bilard. Car à aucun moment du projet, l'aspect communication n’a été négligé.

La communication interne : un élément fondamental du projet

Dès le démarrage du projet, l'accent est mis sur l'aspect communication interne. “Chez MSD, explique Michel Bilard, le traitement de l'eau a été travaillé de la même façon, et...”

[Photo : Vue du double confinement des biologiques et du clarificateur.]
[Photo : Le système de supervision de la station : sur In-touch.]

a bénéficié des mêmes attentions, de la même rigueur que chacun des autres process du site”. De fait, le journal interne de MSD informe, numéro après numéro, le personnel de l’état d’avancement du projet tout au long du projet, de la phase conceptuelle en novembre 1999 en passant par la phase études en février 2000, la réalisation en juillet et novembre 2000 et le démarrage en décembre 2000. “Pour le personnel, ce projet est aussi important qu'un autre” assure par ailleurs Frédéric Pech, chargé de la communication et de la formation au sein de MSD. D’autre part, un montage photo des phases de construction a été réalisé, qui a été présenté à l'ensemble du personnel lors d’une réunion annuelle avec l'ensemble des 250 collaborateurs du site en décembre 2000. Un document resté depuis accessible par l’ensemble du personnel sur le site intranet de l’usine. Comme tous les projets gérés dans cette usine, celui-ci a fait l’objet de la création dès le tout début d’un groupe projet qui intègre des personnes des différents services de l’usine et qui sont amenés de par leur fonction à participer au projet et à certaines décisions le concernant : on retrouve ainsi le service exploitation de la future station, les services maintenance, le développement, le contrôle qualité, les achats, la sécurité, la finance...

À la fin de l’étape de réalisation du projet, des sessions de formation à cette nouvelle station ont été programmées pour les exploitants et le personnel de maintenance, dispensées par Proserpol. “Il a été très intéressant de noter que l'on a pu voir s’inscrire de façon totalement volontaire des personnes d’autres services qui souhaitaient connaître le fonctionnement de ce nouvel outil de traitement” explique Michel Bilard. C’est plus de 50 personnes qui ont été ainsi formées, qui venaient des laboratoires développement, de la qualité, de la sécurité, ou même de la fabrication...

Pour l’équipe chargée de mener à bien le projet, l'intérêt qu’il a suscité au niveau du site est le reflet de l'importance que le groupe et que la direction de l’usine apportent à la protection de l'environnement. Pour les personnels de MSD, et grâce aux actions pédagogiques déployées la station fait maintenant partie intégrante des process du site. Un résultat que n’aurait sans doute pas permis une simple réhabilitation de l'existant en dehors même du gap technique procuré par la nouvelle unité.

L’ensemble de l’opération a coûté 30 MF, dont 1,9 MF ont été subventionnés par l'Agence de l'eau.

Pour Michel Bilard, dont la mission arrive à terme, le seul problème qui reste à résoudre, hormis l'intégration paysagère de la nouvelle station qui sera achevée à la fin du printemps, est celui de l’azote : “nous cherchons à détecter de façon fiable et plus en amont la pollution azotée” explique-t-il. L’appel est lancé...

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