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Télérelève des compteurs : enjeux et perspectives

30 septembre 2013 Paru dans le N°364 à la page 63 ( mots)
Rédigé par : Bonaventure DJAMIE

Tributaire des technologies de communication et réseaux, la télérelève d'index permet de maîtriser les consommations, de limiter les contentieux liés aux fuites ou aux consommations tout en ouvrant la voie à de nouveaux services. Les premières solutions développées en France remontent au début des années 2000. Aujourd'hui, les offres se multiplient de la part des fabricants de compteurs mais aussi de partenariats entre distributeurs d'eau et opérateurs télécom.

[Photo : Sans légende]

Dès septembre 2013, certains abonnés d’eau de l’agglomération du Havre vont recevoir leurs premières factures d’eau télérelévées.

Il y a trois ans, la Communauté d’agglomération du Havre (CODAH) a pris la décision de passer du système de relevé visuel de compteur au système de télérelevé. « Nous avons fait le choix d'aller directement à la télérelève sans passer par l'étape intermédiaire qu’est la radioreléve », fait savoir Arnold Cauterman, directeur adjoint en charge du projet “télérelève” à la régie Eau & Assainissement de la CODAH.

Le déploiement du dispositif de télérelevé nécessite l'installation sur les compteurs.

La télérelève est au carrefour de nombreuses technologies. Des outils d’acquisition, terminaux, systèmes de communication, logiciels de traitement et, autour de ces derniers, d’équipements de communication : émetteurs, répéteurs, etc. D’ici 2016, les 115 000 compteurs du réseau de la régie havraise doivent être équipés. À ce jour, environ 18 000 le sont déjà. À raison de 130 à 150 compteurs équipés par jour, la CODAH espère atteindre son objectif dès la fin 2015. Coût de l’investissement : 15 millions d’euros. Pour la collectivité, le coût comprend notamment l’équipement en compteurs et émetteurs. Une partie du parc de compteurs doit aussi être renouvelée. « Les compteurs d’avant 2007, qui sont d’environ 50 000, ne sont pas compatibles avec le système de télérelève car ne peuvent être équipés en émetteurs. Ils doivent être remplacés par des compteurs neufs. Tandis que la nouvelle génération de compteurs d’après 2007 peut recevoir des têtes émettrices. » Mais le déploiement du système de télérelève, la collecte des données, leur traitement et leur mise à la disposition de la CODAH est assuré par M2OCity. Opérateur parisien de télérelève dont les deux principaux actionnaires ne sont autres que Veolia et Orange, M2OCity opère pour le compte de la CODAH depuis 2012 pour une période de dix ans. Le prestataire, qui revendique un total de 1 million de compteurs et autres objets communicants raccordés à ses réseaux télécoms M2M en France, utilise les compteurs et les technologies réseaux Elster et Homerider qui occupent la bande de fréquence 868 à 870 MHz. « Nous déployons dans la ville des équipements radios, explique Pierre-Yves Senghor, directeur marketing de M2OCity. Nous allons mettre par exemple des passerelles sur des “points hauts” qui peuvent être un clocher, un toit, le sommet d’un château, etc. Ces “points hauts” permettent d’écouter tous les compteurs qui sont alentour. Pour les compteurs difficiles d’accès, on met des relais encore appelés répéteurs, par exemple sur des lampadaires ou sur des poteaux électriques... Les informations émises par les compteurs sont acheminées jusqu’aux passerelles et des passerelles jusqu’à notre centre de télérelève. » Des informations vendues ensuite à la régie sous forme d’abonnement. « Environ 1 € par mois et par objet communicant », fait-on savoir chez M2OCity.

Une démarche qui se banalise

Autre régie d’eau en France à procéder actuellement au déploiement de la télérelève : le SIDERM (syndicat mixte pour l’alimentation en eau potable de la région mancelle). Sur les 43 000 compteurs que cette régie doit remplacer, 30 000 le sont déjà.

Dans le cas du SIDERM, l’infrastructure de communication est déployée par Ondeo Systems, filiale de Suez Environnement. « Nous nous appuyons sur une technologie de radio VHF de longue portée, explique Farrokh Fotoohi, d’Ondeo Systems. Cette technologie est basée sur la bande de fréquence européenne 169 MHz. Elle permet d’optimiser le coût de déploiement de l’infrastructure. Nous utilisons moins de répéteurs que nos concurrents. »

Au Mans, le déploiement de la télérelève a commencé en 2010. Jean-Claude Landais, le directeur du SIDERM, dresse un petit bilan d’étape : « Nous changeons les compteurs et nous installons les équipements de télérelève en une seule et même opération. Nous sommes convenus avec le fournisseur (Sappel) que les compteurs arrivent déjà équipés de la tête émettrice. Pour la partie “récepteur”, Ondeo Systems avait l’obligation que tout soit fait pour fin 2011. Aujourd’hui, tout le réseau est couvert en récepteurs. Les quelque 30 000 compteurs installés ont déjà commencé à émettre des informations. »

Au SIDERM on est plus discret sur le coût de cette opération. Jean-Claude Landais compare avec la solution de radiorelève qui mobilise moins de releveurs, lesquels se déplacent sur le terrain. « La télérelève ne coûte pas plus cher, indique-t-il. Quand nous avons lancé nos consultations nous avions laissé les deux options ouvertes. Et nous avions demandé des informations sur les coûts des deux options. »

Le directeur du SIDERM parle d’un « grand progrès dans la gestion du service d’eau et qui permet une connaissance plus réelle des consommations ».

Autre solution VHF longue portée en 169 MHz déployée aujourd’hui à une échelle non négligeable : la technologie Radio-Tech distribuée par Hydreka en France.

[Encart : Passer à la télérelève : ne pas négliger le volet social Au SIDERM, ainsi qu’à la régie d’eau et d’assainissement de la CODAH, il est question d’évolution vers de nouveaux métiers. Le développement de la télérelève ne se fait pas au détriment du moindre emploi, indique-t-on. À la CODAH, le relevé d’index employait une douzaine de salariés. « Dès le début du projet, nous avons mis en place un volet social d’accompagnement », indique Arnold Cauterman. Le métier de releveur ne va pas disparaître complètement. Mais il y aura beaucoup moins de releveurs. Les agents ont été amenés à réfléchir sur les possibilités de reclassement et de valorisation de leur travail. Un exemple de nouveaux métiers évoqués à la CODAH est celui de « messager de télérelève ». « Les “messagers de télérelève” vont aller chez les clients, leur expliquer tout l’intérêt du télérelève, vont les aider à créer leur espace client, etc. » Certains releveurs devraient également devenir des surveillants de travaux. « Tout le monde trouve sa place », affirme Arnold Cauterman. Le “compteur intelligent” ne détruirait donc pas d’emploi.]
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[Photo : MDC : « Meter Data Collection » – MDM : « Meter Data Management »]

Ondeo Systems qui promeut une solution de télérelève en réseau fixe longue portée 169 MHz revendique plus de 1,5 million de compteurs équipés dont 875 000 en France, 420 000 en Espagne et 250 000 à Malte.

En cours de déploiement, l’offre technologique d’Hydreka/Radio-Tech (sociétés du même groupe industriel) permet de résoudre les difficultés d’installation de la télérelève dans des zones où les technologies UHF (433/868-870 MHz) ne peuvent rivaliser sur le plan technico-économique.

Pour exemple, le site du syndicat de Seiches/Le Loir compte 9 villages répartis sur une zone de 15 × 20 km : seuls 17 points de réseau radio (concentrateurs VHF/GPRS et répéteurs VHF/VHF) suffisent pour relever les compteurs déployés.

L’expérience acquise pour le projet Paris Rive gauche qui a vu l’équipement de 27 000 points radio VHF de technologie Radio-Tech par Eau & Force et repris par Eaux de Paris lors du passage en régie, Hydreka a accompagné depuis et fourni l’expertise nécessaire aux sociétés Nantaise des Eaux Service (équipement de près de 4 500 compteurs sur le syndicat des Eaux de Seiches sur le Loir, Maine-et-Loire, sur un territoire rural s’étendant sur une zone d’environ 15 × 20 km) puis la société Aqualter (pour les communes de Saint-Just/Saint-Rambert dans la Loire : équipement de près de 6 500 compteurs avec cette technologie VHF 169 MHz dont les performances sont adaptées aux sites ruraux et semi-ruraux avec ou sans relief). D’autres projets sont en cours.

À noter que l'offre d’Hydreka est totalement indépendante de tout distributeur d'eau ou de fabricant de compteurs ; ainsi, les collectivités restent indépendantes de toute solution propriétaire. La solution Radio-Tech est aujourd'hui interfacée avec les systèmes Topkapi de la société Aréal et Aqua-relève de la société Aqua-Consulting et tout autre interfaçage est envisageable sur demande.

Réduire les coûts en proposant de nouveaux services

Hormis le SIDERM et la CODAH, de plus en plus de distributeurs d’utilités (eau, énergie, gaz) optent pour la télérelève. À l'origine de ce phénomène, les nombreux avantages qu’offre ce système. Arnold Cauterman ne tarit pas quand il s’agit d’évoquer les retombées de la télérelève. « Désormais, il n’y aura plus de facturation sur estimation. Toutes les factures seront envoyées avec un index télérelevé. Avant, »

[Encart : texte : Télérelève des compteurs : bilan et état des lieux Une étude, réalisée du 4 février au 12 avril 2013 par ID Eau Conseil, un jeune bureau d’études spécialisé dans les systèmes de télérelève dresse un état des lieux intéressant sur les dispositifs actuels de relève des compteurs d’eau. Réalisée auprès des collectivités françaises de tailles diverses, cette enquête vise à mettre en évidence les avancées des systèmes de télérelève face aux dispositifs de relève traditionnels. ID Eau Conseil évalue à près de 7 % le volume de compteurs relevés à distance par la voie radio, 3 % pour le radio-relevé et 4 % pour le télé-relevé. Un chiffre en constante croissance, surtout concernant la télérelève, même si la majorité des compteurs restent encore relevés de manière traditionnelle. Plus de la moitié des collectivités interrogées en relevé manuel ont un taux de relève inférieur à 85 % avec une moyenne de 83 %. En radio-relevé, ce taux atteint en moyenne 95 %, 68 % d’entre elles ayant un taux de relève supérieur à ce chiffre. En télé-relevé, 84 % des répondants affichent un taux de relève supérieur à 95 %. Les principaux avantages de ces nouveaux modes de relève cités par les répondants sont les suivants : - Pour l’usager : relevé des compteurs sans dérangement, alerte fuite, suivi des consommations, facturation au réel ; - Pour le service de l’eau : sectorisation, suivi plus précis du rendement de réseau, souplesse de la facturation, tarification saisonnière, diminution des impayés et des réclamations, diminution des fuites. À l’inverse, les principaux inconvénients les plus fréquemment cités sont le manque d’interopérabilité, l’interface entre les logiciels, le coût. À noter que 33 % des répondants ont pour projet de faire évoluer la relève de leur parc de compteurs via un dispositif de relève à distance dans les deux ans, 30 % dans les 5 prochaines années, 37 % d’entre eux n’envisageant pas, pour le moment, une telle évolution. L’intégralité de l’enquête d’ID Eau Conseil est téléchargeable gratuitement à l’adresse : http://www.id-eau-conseil.fr ]
[Photo : IPERL de Sensus intègre un module de communication qui repose sur un système basé sur une solution propriétaire de communication sur la bande ISM 868 MHz et une plateforme au standard OMS (Open Metering System) qui lui permet d’être lu par tout appareil compatible avec le standard européen EN 13757-4.]
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La solution de télérelève “SigFox - Connit - Smarteo” lancée

Depuis l'apparition de la télérelève dans le secteur de l'eau en France au début des années 2000, les offres se développent. Elles sont parfois le fruit d'un partenariat entre distributeur d'eau et opérateur télécom. L'une des dernières offres en date met en partenariat deux opérateurs télécom et réseau et un fabricant de compteur, Poher Water désormais appelé Smarteo Water (Sèvres dans les Hauts-de-Seine). Il s'agit de la solution de télérelève “SigFox - Connit - Smarteo”.

SigFox, opérateur cellulaire bas débit à Toulouse, contribue à cette offre par ses infrastructures réseau. Connit, spécialiste de l'automatisation et du contrôle à distance d'appareils à Labège (Haute-Garonne) développe les modules radio. Smarteo Water fournit le compteur, l'expertise du métier de l'eau ainsi qu'un logiciel appelé CityMind servant à superviser les compteurs. Lancée en mars 2013, la solution est actuellement en test dans une collectivité dans le Val-de-Marne. « C'est un système ouvert et 100 % interopérable, explique Loïc Charron, directeur commercial chez Smarteo Water. Et chaque partenaire est indépendant pour éviter que le client soit enfermé dans une solution qui va du compteur au logiciel. C'est-à-dire qu'à tout moment le client peut décider de remplacer un des partenaires par un opérateur de son choix. Il peut par exemple décider de travailler avec SigFox et Connit mais avec un autre fabricant de compteur ou avec SigFox et Smarteo mais avec un autre développeur de module radio ou alors avec Connit et Smarteo mais avec un autre opérateur télécom. »

Une autre caractéristique de l'offre “SigFox - Connit - Smarteo” c'est d'utiliser l’ultra narrow band (bande ultra étroite). Une technologie ancienne qui permet d'envoyer peu d'informations mais sur de longues distances. « Nous avons construit sur cette technologie des couches pour la moderniser et l'adapter aux objets connectés, indique Thomas Nicholls de SigFox. Elle consomme très peu d'énergie car c'est du bas débit. Et c'est adapté pour la télérelève car il y a peu d'informations à envoyer. »

Nous relevions les compteurs une fois par an. Et comme nous émettions deux factures par an, l'autre facture reposait sur un index estimé. Mais maintenant la facture correspondra à la consommation exacte de l'abonné ». Autre intérêt de la télérelève : la possibilité pour les distributeurs de proposer de nouveaux services aux abonnés. Les équipements de télérelève permettent la détection quasi immédiate des fuites sur les réseaux. « Nous pouvons alerter l'abonné ou par SMS, ou par un appel téléphonique sur téléphone portable ou par courrier de toute suspicion de fuites dès lors qu’on constatera une surconsommation, explique Arnold Cauterman. Troisième volet important, c’est de proposer aux abonnés un espace “Client” qui leur sera dédié pour les aider à maîtriser leur facture d’eau. Et ça, c’est vrai pour les ménages, mais aussi pour les entreprises. À ces dernières, qui sont parfois de grosses consommatrices, on permettra de disposer de développements informatiques, d’histogrammes et autres éléments statistiques pour leur permettre aussi de maîtriser leur consommation d’eau. » C’est aussi la maîtrise de la consommation et la possibilité d’offrir de nouveaux services qui ont décidé les élus de l’agglomération du Mans à opter pour la télérelève. À la CODAH, ont fait savoir que ces services supplémentaires ne se traduiront pas par une hausse de tarif abonné. « Le tarif restera le même pour la simple et unique raison qu’il y a plus de trois ans ce projet a été intégré dans la maîtrise du prix de l’eau, indique Arnold Cauterman. C'est du service en plus offert pour le même prix. Il faut savoir tout de même que ces services de télérelève représentent environ neuf euros par facture et par an ». La possibilité de détecter les fuites va contribuer à remédier à une situation qui représente un véritable casse-tête au niveau des distributeurs : les contentieux. Ces derniers naissent principalement des conflits liés aux fuites lesquelles génèrent des factures d’eau importantes. À la CODAH on dénombre en moyenne 400 dossiers de contentieux par an pour un coût global d’environ 150 000 euros. « Ce sont quelquefois des fuites après compteur qui n’étaient pas décelables. Et ça pouvait durer pendant un an et même plus si nous n’avions pas accès au compteur ». Certains exploitants estiment à plus de 20 % les pertes d’eau dues aux fuites sur leurs réseaux.

Le déploiement d’infrastructures de collecte de compteurs d’eau permet en effet également à d'autres réseaux, un déploiement aisé et à moindre coût. C’est le cas notamment des solutions proposées par Azimut Monitoring concernant le suivi de l’environnement en milieu urbain et dans les bâtiments. Des technologies compactes et inédites permettent ainsi les mesures de bruit, de pollution d’air et de poussières, y compris à l’intérieur des logements et bureaux, en s’appuyant sur les réseaux notamment déployés par M2OCity.

Mais derrière l'intérêt des élus pour la télérelève, il y a parfois aussi certaines contraintes législatives. La loi Warsmann du 17 mai 2011 oblige par exemple le distributeur à avertir l'usager en cas de consommation excessive d’eau... La télérelève qui met en œuvre de nombreuses technologies, permet donc de réduire les coûts globaux d’exploitation tout en proposant de nouveaux services.

La télérelève : au carrefour de nombreuses technologies

La télérelève est au carrefour de nombreuses technologies. Des outils d’acquisition, terminaux, systèmes de communication, logiciels de traitement… développés par des acteurs tels qu’eWon, InVentia, Mios, Dioptase, Azimut Monitoring, Ijinus, Homerider Systems, Nogema Ingénierie, JVS-Mairistem, Ixel ou encore Hydreka qui distribue le système de télérelève radio fixe VHF longue portée de la société Radiotech. Mais aussi et surtout des spécialistes comme Itron, Sensus, Sappel (groupe Diehl) ou encore Elster qui proposent chacun une large palette d'offres AMI-AMR clé en main, maîtrisant chacun tous les maillons de la chaîne d'information : fourniture des instruments de mesure, architectures de collecte, systèmes de traitement de l'information, accom-

[Photo : WaterMind est la solution de télérelève monopoint développée par Itron pour la surveillance en temps réel des consommations importantes.]
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Télérelève : un potentiel de services à exploiter

[Photo : Le logiciel Omega On-Line de JVS-Mairistem apporte le compte-rendu technique et graphique de toutes les relèves, avec des alertes paramétrables en fonction du choix de la collectivité : fuites, fraudes, retours d'eau, maintenance compteur et cycle, fuite après compteur, dimensionnement de compteur, etc.]

ista, spécialiste de la maîtrise des consommations d'énergies et d'eau, a atteint le chiffre emblématique de 200 000 télérelèves, soit environ 120 000 logements concernés en France.

Les ménages sont de plus en plus sensibles à la gestion intelligente et contrôlée de leur consommation d'eau. Qu'il s'agisse d'une préoccupation financière et/ou environnementale, ils souhaitent être en mesure de suivre au plus près leur consommation et de la réguler eux-mêmes. C'est ce que permettent la télérelève mensuelle et l'accès aux données recueillies sur un portail client, accessible 24 h/24.

« Si la facturation mensuelle pour la téléphonie mobile va de soi, il en est bizarrement autrement pour la facturation des consommations d'eau des foyers. Et pourtant… Les charges d’eau constituent un poste important de dépense ! Aujourd'hui, les Français attendent un décompte précis et régulier (mensuel) de leur consommation afin d’ajuster leurs habitudes de consommation et de mettre en œuvre les bonnes mesures si nécessaire », explique Laurent Lefay, responsable marketing produits et innovations chez ista.

Surconsommation, fuite… Autant d'incidents que le système de surveillance mis en place par ista permet de détecter immédiatement. Les occupants de logements équipés de compteurs d’appartements sont alors alertés des éventuelles dérives de consommation. En associant les occupants ou gestionnaires au suivi des données en temps réel, ista leur offre la possibilité d'adopter une consommation responsable afin d'éviter des dérapages parfois coûteux.

Aujourd'hui, plus de 600 bailleurs sociaux et plus de 5 000 syndics, promoteurs, investisseurs institutionnels et gestionnaires de parcs immobiliers collaborent avec ista dans toute la France pour économiser les ressources naturelles et maîtriser au mieux les consommations d’énergie.

De l'accompagnement de la faisabilité à la maintenance et formation.

EverBlu d'Itron est une solution de télérelève multipoints conçue pour couvrir la totalité des applications de comptage tandis que WaterMind est une solution monopoint développée pour la surveillance en temps réel des consommations importantes. Les solutions proposées conviennent à tous les types de besoins.

Itron a par exemple annoncé la sortie d'un système de relevé GPS qui s'intègre à la solution mobile AnyQuest destinée aux distributeurs d’eau. Ce système réduit le temps nécessaire au relevé des compteurs et permet de recueillir leurs informations dans toutes sortes d’environnements. Son interface utilisateur offre la possibilité de détecter automatiquement et de relever tous les compteurs équipés d’émetteurs radio situés à proximité du lecteur, rendant inutile la définition d’un parcours de compteur à compteur ou une connaissance très précise du terrain. Il affiche l’emplacement des compteurs et l’état des alarmes dans Google Earth ou dans tout autre logiciel de cartographie sur ordinateur portable.

Sensus propose également un large panel de solutions dont la plus innovante repose sur l'iPERL, un compteur de nouvelle génération intégrant deux protocoles embarqués, SensusRF, utilisant la bande ISM 868 MHz, et une plateforme wireless-MBus en mode T1 certifiée par l'OMS (Open Metering System) qui permet à iPERL d’être lu par tout appareil compatible avec le standard européen EN 13757-4, ce qui donne aux distributeurs d’eau une certaine liberté dans leurs choix stratégiques. L'idée étant de donner corps à ces fameux Smart Water Networks, les Smart Grids de l'eau en fédérant des équipements d’origines diverses.

« iPERL est un compteur intelligent qui constitue l’élément clé d’un système plus global qui permettra de collecter les informations émises par iPERL mais aussi des autres compteurs », indique Michel Jacquet, directeur commercial chez Sensus.

De son côté, Sappel, groupe Diehl, a mis sur le marché une solution de télérelevé sans répéteur qui permet de faire évoluer les sites relevés en walk-by vers la télérelève sans aucune reprogrammation de radio. Par ailleurs, avec Hydrus, une solution intégrée et compatible au standard OMS est d’ores et déjà disponible.

[Photo : Dioptase, spécialisée dans les solutions mobiles de relève des compteurs, s'associe à l'un de ses partenaires, la Société Sensus, pour l’intégration de la nouvelle technologie Sensus RF et complète ainsi sa gamme en matière de relève-radio multi-protocoles.]
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[Encart : Le déploiement des systèmes de télérelève se heurte parfois à des contraintes économiques. MIOS a donc développé ces deux dernières années une solution baptisée MIOSMeter réalisant la télérelève multi-énergie par l'utilisation d’un seul boîtier de communication (transmission filaire ou radio selon l'environnement). MIOSMeter collecte les différentes données de comptage eau, électricité, gaz et fuel d’un ou plusieurs bâtiments avec la même infrastructure matérielle. Le module de communication relié au serveur central de données est conçu pour communiquer avec tous les types de compteurs.]

Le déploiement de la télérelève est fausse. « Mon sentiment c’est que la France est plutôt à la pointe », affirme même Michel Jacquet, Sensus.

Reste que la mise en œuvre d'une télérelève se prépare. Relever les compteurs est un métier désormais menacé de disparition. Certains usagers s’étaient préoccupés du volet social de la télérelève.

Le SIDERM a tenté de dissiper les diverses inquiétudes à travers une opération de sensibilisation en amont. « Nous avons envoyé aux abonnés une notice d'information expliquant que la télérelève ne se traduirait pas par des licenciements, indique Jean-Claude Landais. Dans la notice, nous avons expliqué également les niveaux d'émission d'ondes pour lever toute suspicion. Nous avons dû montrer les agréments obtenus pour déployer le système. Malgré tout, il est resté quelques réfractaires aux ondes qui ont mis de l'aluminium sur la tête émettrice des compteurs pour empêcher la transmission des données ».

Nogema a développé de son côté un nouveau concept de télérelève qui repose sur de la radio-relève mobile sur smartphone. L'application fonctionne sur smartphone Android.

L'exploitant peut, avec un PRT Sappel Bluetooth dans son véhicule, capter tous les compteurs Sappel sans qu'il soit nécessaire d’établir une tournée spécifique. Il suffit ensuite de faire remonter automatiquement les données vers le serveur client. Cette solution ne fonctionne actuellement qu’avec les compteurs Sappel. Toutes ces technologies peuvent être déployées aussi bien dans le secteur de l'eau que dans celui du gaz ou de l’énergie. Mais de l'avis général, c'est dans le domaine de l'eau que la télérelève progresse le plus rapidement.

« D'après mes estimations, 5 % des compteurs d’eau sont des compteurs intelligents, c'est-à-dire communicants, pense Pierre-Yves Senghor. Or, aujourd'hui, seul 1 % des compteurs d’électricité et 1 % des compteurs de gaz sont des compteurs intelligents. Bien que dans ces deux secteurs les distributeurs sont nationaux avec beaucoup de moyens. Alors que dans le secteur de l'eau, les opérateurs sont locaux. C'est-à-dire qu’il y a autant d’acteurs que d’intercommunalités ».

Mais le secteur de l'eau ne tiendra pas la corde bien longtemps. ERDF prévoit d’installer 35 millions de compteurs intelligents Linky pour la télérelève dans tout l'Hexagone à l’horizon 2020.

D’après la plupart des spécialistes, l'idée selon laquelle la France serait en retard par rapport à ses voisins pour

[Photo : Compteur Elster V200H de technologie Hybride incluant une radio avec des fréquences 868 ou 433 MHz avec des protocoles Wavenis, ou MBus (protocole ouvert).]
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