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Traiter et valoriser le biogaz : quelles solutions ?

30 avril 2016 Paru dans le N°391 à la page 67 ( mots)
Rédigé par : Bel DUMé

Auparavant éliminé dans des torchères, le biogaz peut désormais être valorisé de plusieurs façons. La plus simple consiste à l'utiliser comme carburant dans des chaudières. Une autre voie de valorisation consiste à l'utiliser en cogénération pour produire de la chaleur et de l'électricité. Une troisième voie de valorisation se développe : celle de la production, à partir du biogaz, de biométhane injectable dans le réseau de gaz naturel pour la consommation domestique ou industrielle, ou bien sous forme de carburant GNV. Reste que pour être valorisé, un biogaz doit être épuré. Dans la pratique, les conditions de valorisation d'un biogaz sont directement liées à de nombreux paramètres : types et qualité des intrants, procédé de méthanisation, potentiel énergétique des substrats, qualité du gaz produit, mode de traitement, contraintes économiques du projet, conditions locales, réglementation, etc. Le choix d'un mode de valorisation énergétique, ainsi que son taux de disponibilité et sa pérennité dans le temps dépendent de chacun de ces paramètres.

Auparavant éliminé dans des torchères, le biogaz peut désormais être valorisé de plusieurs façons. La plus simple consiste à l'utiliser comme carburant dans des chaudières. Une autre voie de valorisation consiste à l'utiliser en cogénération pour produire de la chaleur et de l'électricité. Une troisième voie de valorisation se développe : celle de la production, à partir du biogaz, de biométhane injectable dans le réseau de gaz naturel pour la consommation domestique ou industrielle, ou bien sous forme de carburant GNV. Reste que pour être valorisé, un biogaz doit être épuré. Dans la pratique, les conditions de valorisation d’un biogaz sont directement liées à de nombreux paramètres : types et qualité des intrants, procédé de méthanisation, potentiel énergétique des substrats, qualité du gaz produit, mode de traitement, contraintes économiques du projet, conditions locales, réglementation, etc. Le choix d’un mode de valorisation énergétique, ainsi que son taux de disponibilité et sa pérennité dans le temps dépendent de chacun de ces paramètres.

Le biogaz résulte d’une décomposition de la matière organique en conditions anaérobies. Sa composition est éminemment variable et dépend de nombreux critères dont les principaux sont les caractéristiques des intrants, leur pouvoir méthanogène, et les conditions dans lesquelles ils sont méthanisés. Typiquement, le biogaz provient des déchets agricoles et alimentaires, des ISDND, stations d'épuration... où il est naturellement produit. Il est composé de 35 à 65 % de méthane (CH₄), 15 à 50 % de gaz carbo-

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Mesure du biogaz : un vrai défi

Sur le plan de la technique de mesure, les applications biogaz relèvent d'un véritable défi. Le biogaz, le gaz de fermentation et le gaz de décomposition se caractérisent en effet par un taux d’humidité élevé, de faibles pressions et la formation fréquente de condensats. Ce qui explique le développement d’appareils spécifiquement conçus pour ces applications.

[Photo : Le Prosonic Flow B 200 de Endress+Hauser mesure de façon fiable et précise, même sur un biogaz saturé en eau avec présence de condensation et de fortes fluctuations du process.]

C'est le cas du Prosonic Flow B 200 de Endress+Hauser, qui mesure de façon fiable et précise, même sur un biogaz saturé en eau avec présence de condensation et de fortes fluctuations du process. Le principe ultrason permet de mesurer simultanément le débit et le taux de méthane et de détecter le sens d’écoulement du biogaz. Cela en fait un appareil complet qui peut directement délivrer un débit normé (Nm³/h, kg/h) et une puissance (kW/h), permettant ainsi de piloter au mieux les digesteurs et leurs unités de valorisation.

[Photo : L’Optisonic 7300 de Krohne intègre différentes fonctions telles que le calcul du volume standard, la mesure de la teneur en méthane et des fonctions de diagnostic.]

Chez Krohne, c'est l’Optisonic 7300 qui est spécialement conçu pour la mesure de biogaz et de gaz de décharges, même en cas de haute teneur en CO₂, de saturation à l'eau ou de présence d’eau de condensation libre. Il intègre différentes fonctions telles que le calcul du volume standard, la mesure de la teneur en méthane et des fonctions de diagnostic.

De son côté, Tecfluid propose, pour la mesure des gaz et biogaz, les débitmètres SC-250 de DN15 à DN80 avec flotteur équipé d'un amortisseur hydraulique permettant une bonne stabilité des lectures, même avec de faibles pressions de service. Les boîtiers indicateurs sont IP-65 et modulaires, susceptibles d’intégrer, sans qu'un retour en usine ne soit nécessaire, des cartes alarmes ou 4-20 mA. Une version certifiée ATEX est disponible avec sortie 4-20 mA.

Chez ifm electronic, les contrôleurs de débit des séries SI et SA reposent sur un principe différent : la calorimétrie. Ils utilisent l’effet de refroidissement d’un liquide ou d’un gaz en circulation pour contrôler son débit. C’est la quantité de chaleur évacuée du capteur qui détermine le débit. Ils disposent d’un totalisateur LCD 8 digits et d’un protocole de communication Hart.

La composition du biogaz peut atteindre 4 à 40 % d’azote (N₂) et 0 à 5 % d’oxygène (O₂). Dans certaines conditions, de l'hydrogène (H₂) et du sulfure d’hydrogène (H₂S) peuvent également être produits. Le biogaz généré dans les conditions maîtrisées et contrôlées des digesteurs anaérobies industriels peut contenir 45 à 75 % de méthane, 30 à 40 % de gaz carbonique et quelques traces d'azote.

Les différentes voies de valorisation

[Photo : À Strasbourg, dans le cadre du projet Biovalsan porté par SUEZ et Réseau Gaz de Strasbourg, le biogaz issu des eaux usées urbaines est transformé en biométhane et réinjecté dans le réseau de distribution de gaz naturel.]

Jadis éliminé dans des torchères, le biogaz peut désormais être valorisé de plusieurs façons. « La plus simple consiste à l’utiliser comme carburant dans des chaudières, explique Sébastien Paolozzi, président de la société Prodeval, mais l’inconvénient principal de cette solution est qu’il est rare d’utiliser toute la chaleur sur le site toute l’année ». En général, une grosse partie du biogaz est perdue en torchère. Une autre voie de valorisation consiste à l'utiliser pour faire fonctionner un groupe de cogénération (production de chaleur et d’électricité), une solution attrayante, car le rachat par EDF de l’électricité ainsi produite bénéficie de tarifs préférentiels. « Mais là encore, l’in-

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[Photo : La cogénération d'électricité et de chaleur, grâce au biogaz issu de la méthanisation, nécessite la mise en place d'équipements complexes et robustes. Réalisation Clarke Energy.]

L'inconvénient majeur est l'utilisation de la chaleur, indique Sébastien Paolozzi. Bien souvent, une partie non négligeable n'est pas valorisée. Depuis son autorisation en 2011, une troisième voie se développe : celle de la production, à partir du biogaz, de biométhane injectable dans le réseau de gaz naturel pour la consommation domestique ou industrielle, ou bien pour les transports sous sa forme de carburant GNV. Avantages, un taux de récupération de méthane supérieur à 99 %, et l'utilisation du réseau GrDF comme moyen de stockage.

La publication au Journal officiel d’un décret et de deux arrêtés en juin 2014 a ouvert la voie à l'injection, dans les réseaux de gaz de GrDF, du biométhane issu des boues de stations d’épuration des eaux usées des collectivités. Jusqu'à cette date, seul le biométhane issu des déchets agricoles, ménagers ou de l'industrie agroalimentaire pouvait être injecté. La valorisation du biogaz issu de la méthanisation des boues de stations d’épuration n’est donc plus bridée par des freins d’ordre réglementaire comme cela a pu être le cas dans le passé.

Les premiers mètres cubes de biométhane produit à partir des eaux usées de l’Eurométropole de Strasbourg ont d’ailleurs été injectés dans le réseau local de gaz naturel en septembre 2015 dans le cadre du projet Biovalsan porté par la Commu-

[Encart : Analyse : évaluer en temps réel l’efficacité des traitements La composition du biogaz, propre à chaque site de production, varie en fonction de la nature du substrat exploité mais aussi en fonction des conditions de fermentation du site de production : mode de gestion, pression, température et humidité du biogaz, etc. Ainsi, bien que les analyses de gaz en laboratoire soient fiables, il est important de disposer de solutions sur site, les coûts de traitement des biogaz et les coûts de maintenance étant difficiles à maîtriser. Le système ZPSB est un ensemble complet et clé-en-mains intégrant l’analyseur ZPAF, toute dernière génération d’analyseur biogaz de Fuji Electric. Le ZPSB est spécialement configuré pour chaque site en fonction de ses contraintes process et environnementales. ZPAF et ZPSB mesurent la concentration du biogaz en CH₄, CO₂, O₂ et H₂S simultanément et en continu, avec une échelle maximale H₂S de 0 à 5000 ppm. Utilisés en tant qu’unités d’analyse de contrôle, ils permettent une mesure fiable et performante de la composition du biogaz et de sa teneur en H₂S jusqu’à de très hautes teneurs. La gamme BioControl de Sewerin, associée aux analyseurs mobiles Multitec 540 et 545, permet d’analyser, à poste fixe ou mobile, le biogaz (CH₄, CO₂, H₂S, O₂ et CO) produit malgré l’encrassement, le dépôt, l’humidité, la corrosion et les différences de composition. En outre, l’installation, quand elle est associée à un ou plusieurs débitmètres massiques thermiques, détermine la température et le débit, et calcule le taux d’humidité avec précision. Grâce à la compensation intelligente de la pression, de la température, de l’humidité et de la composition du gaz, il est possible d’analyser avec précision les substances détectées. La gamme biogaz de Sewerin s’est beaucoup étoffée ces derniers mois avec aujourd'hui, 2, 4 ou 8 voies de prélèvement, des systèmes adaptés aux applications agricoles (2000 ppm H₂S) et aux applications en stations d’épuration (5000 ppm H₂S), des accessoires permettant le prélèvement mobile avec assèchement et toute la protection nécessaire à une analyse fiable et durable. La fonction autotest automatique (avec injection de gaz d’essai) participe également à une métrologie de pointe. Le service technique n’est pas en reste avec une structure française capable de réaliser la maintenance annuelle en quelques jours. Les analyseurs de gaz de marque Awite, distribués par Engineering Mesures, sont basés sur plusieurs principes de mesure selon les capteurs : infrarouge deux faisceaux à compensation de température et de pression, électrochimique ou paramagnétique à compensation de température et de pression. Ils ont été développés pour permettre une mesure fiable et économique du biogaz dans des installations agricoles, centres de compostage ou des stations d’épuration. L’analyseur de gaz mesure les concentrations en sulfure d'hydrogène et oxygène au sein du biogaz afin de régler le dosage du mélange et ainsi optimiser la production. Chez Mesureo, l’analyseur biogaz GA400 détermine les concentrations de CH₄, O₂, CO₂ et H₂S dans le biogaz. CH₄, CO₂ et O₂ sont continuellement mesurés toutes les 5 minutes. L’intervalle de temps entre deux mesures H₂S peut être adapté de 30 minutes à 12 heures. Les concentrations de CH₄, CO₂ et O₂ sont déterminées par la combinaison d’un capteur de conductivité thermique et d’un capteur électrochimique. Le capteur H₂S est résistant à l’hydrogène. Enfin, en tant que laboratoire de service, Explorair propose une analyse complète et exhaustive du biogaz/biométhane sur site et en temps réel par la technique de la uGC/MS. Cette technique permet d’avoir un suivi en continu de la variation qualitative et quantitative du biogaz sur les composés nocifs : H₂S, Siloxanes, Chlorés, Fluorés, N₂, O₂, CH₄, CO₂... « Il est très important de suivre l'azote (N₂) car c’est un paramètre déterminant dans l’injection du biométhane dans le réseau », explique Karim Medimagh, Président d’Explorair. « La technique de la uGC/MS est la seule actuellement à proposer cette mesure ». Parallèlement, Explorair propose une offre complète sur la caractérisation de cette matrice. ]
[Photo : Version spécifique de la nouvelle Série ZP, l’analyseur de biogaz ZPAF Fuji Electric mesure la concentration des gaz en CH₄, CO₂, O₂ et H₂S simultanément et en continu.]
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Favoriser la production de biogaz avec des équipements adaptés

Contrairement à l’Allemagne, la filière méthanisation/biogaz française repose sur des déchets très variés. Cette spécificité « multimélange » a favorisé le développement de systèmes de préparation, d’homogénéisation et de brassage robustes, reposant sur des matériaux résistants à la corrosion. Atlantique Industrie, Börger France, Netzsch ou encore Vogelsang ont ainsi développé de nombreux dispositifs capables de broyer, pulvériser et mélanger les déchets afin d’en optimiser la fermentation pour doper la production de biogaz : acier haute dureté, inox de fonderie et fonte sont les matériaux les plus communément utilisés.

Netzsch a par exemple développé la pompe mélangeuse Nemo® B.Max® qui permet d’accroître le rendement à quantité égale de substrat. Elle permet une production plus importante de gaz grâce à une fermentation plus stable ainsi que des économies d’énergie grâce à la réduction de la durée d’utilisation des agitateurs, au maintien à température constante du substrat dans le fermenteur et à la suppression de la cuve de malaxage.

Vogelsang a développé de son côté le BioCrack, un système permettant d’accélérer le processus de digestion par désintégration électromagnétique des particules. Il doit être précédé d’une association broyage-pompage, incontournable en méthanisation, typiquement d’un RotaCut (pour broyer et protéger la pompe des éventuels indésirables) et d’une pompe à lobes (pour véhiculer le liquide). Une unité mobile, montée sur remorque, est disponible à la location. Autonome, elle permet à l’exploitant de valider son efficacité. Mais au-delà de ces équipements qui permettent d’optimiser la production, il faut aussi s’assurer de sa régularité. Landia a donc développé un système permettant d’accélérer le processus digestif pour traiter une quantité plus importante de biogaz et plus rapidement qu’avec les systèmes de brassage mécanique. Le système Gazmix repose ainsi sur un principe de recirculation de digestat par buse et venturi qui assure un mélange correct au sein des digesteurs. Équipé d’une pompe dilacératrice, il permet de broyer finement le digestat, favorisant ainsi la production de biogaz.

[Photo : Vogelsang a développé de son côté le BioCrack, un système permettant d’accélérer le processus de digestion par désintégration électromagnétique des particules.]

La communauté urbaine de Strasbourg et SUEZ. La station de la Wantzenau est ainsi la première step dont le biométhane est injecté directement dans le réseau de gaz naturel. 16 GWh/an de biogaz y seront produits, de quoi alimenter l’équivalent de 5 000 logements aux normes basse consommation ou 1 500 véhicules roulant au gaz naturel. « Biovalsan avait pour objectif principal de prouver que l’on pouvait produire un biométhane conforme à partir d’un biogaz issu d’une station d’épuration, explique Pierre Coursan, Market Manager Biogas and Energy Efficiency chez SUEZ. Cet objectif est atteint, les analyses le démontrent, tout comme le suivi effectué par le Comité scientifique qui suit régulièrement le déroulement du projet. »

La station d’épuration Arvéa (74), exploitée par SUEZ, a opté de son côté pour la production de BioGNV. Quant au SIAAP, il mène également de front plusieurs projets pour optimiser la valorisation du biogaz produit sur ses stations d’épuration de Seine aval, Seine amont et Seine-Grésillons. D’ores et déjà, le biogaz valorisé sur Seine aval à Achères fournit ainsi 62 % des besoins énergétiques de l’usine. Le biogaz produit est principalement utilisé pour l’alimentation des turbines à gaz pour la production d’électricité (38 %), le conditionnement thermique des boues (34 %) et le chauffage des digesteurs (8 %), ce qui permet d’atteindre un taux de valorisation de 98 %.

Plus globalement, le SIAAP autoproduit déjà 50 % de la consommation énergétique totale de l’ensemble de son réseau et de ses six usines grâce au biogaz, ce qui représente près de 500 GWh/an.

Biogaz et biométhane : un potentiel non négligeable

Selon le ministère de l’Environnement, à horizon 2020, plus de 60 stations d’épuration pourraient être dotées des équipements nécessaires à la valorisation énergétique de leurs boues permettant l’injection de 500 GWh par an de biométhane dans les réseaux de gaz. Une étude de l’Ademe indique par ailleurs que la France métropolitaine compte 19 521 stations d’épuration.

[Photo : Plusieurs acteurs développent des savoir-faire spécifiques pour valoriser la matière organique contenue dans les eaux usées et produire du biogaz. En Bretagne, un réacteur Eprotech BioLactor Anaérobio permet de produire quotidiennement 4 600 Nm³/j à 6 800 Nm³/j de biogaz.]
[Photo : Les unités AE-Compact d’Arol Energy, basées sur la séparation membranaire, sont désormais disponibles pour des débits de biométhane entre 30 et 90 Nm³/h (soit entre 50 et 150 Nm³/h de biogaz brut). Elles se présentent sous forme de skids architecturés autour d’un châssis fixe et intègrent des membranes mises en œuvre en partenariat avec Air Products.]
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[Photo : Le procédé membranaire Valopur® de Prodeval s’adapte automatiquement aux variations de débit et à la composition de biogaz à traiter pour simplifier l’exploitation et stabiliser la production. Il permet de traiter de 50 à 880 Nm³/h en standard. Mais la capacité de traitement peut être augmentée par simple ajout de membranes.]

tion en activité dont 85 possèdent actuellement une unité de méthanisation sur site pour le traitement des boues. Le potentiel méthanogène théorique maximal à partir de l'ensemble des boues de STEU est de 2,13 TWh/an.

Reste que si les projets de la filière méthanisation & biogaz se multiplient, les opérateurs déplorent des taux de subvention très variables (politiques régionales), des incitations insuffisantes, des tarifs de rachat trop bas et des difficultés administratives trop nombreuses (délais d’instruction des dossiers). Si bien que, selon une étude publiée en 2012, les deux tiers seulement du biogaz produit seraient valorisés, soit 37 % de biogaz torché.

La publication de l’arrêté du 30 octobre 2015 fixant les conditions d’achat de l’électricité produite par les installations qui valorisent le biogaz devrait cependant permettre aux installations de méthanisation existantes de bénéficier, sous conditions, de tarifs d’achat revalorisés. De nombreux acteurs de la filière s’étaient en effet mobilisés pour impulser une refonte du mode de soutien aux installations de biogaz et méthanisation de tout type et de toutes puissances. Les tarifs proposés n’étaient pas jugés compatibles avec les exigences françaises en termes de qualité et d’intrants mobilisés. Un nouveau cadre a donc été ainsi engendré.

[Encart : La filière française du biogaz décolle progressivement Estimée à 390 M€ en 2015, son chiffre d'affaires devrait plus que doubler pour s’établir à 920 M€ d'ici 2020, selon les prévisions des experts de Xerfi. À moyen terme, le potentiel de croissance de la filière du biogaz ne fait aucun doute. Les revenus des exploitants augmentent, portés par une hausse de la consommation finale de biogaz en 2015 (+10 %). Celle-ci devrait encore doubler d'ici 2018, d'après les prévisions des experts de Xerfi. En parallèle, plusieurs sites de méthanisation sont sur le point de voir le jour, à l'image de Schmack Biogas à Épaux-Bézu (02) ou encore de Terregr’eau à Évian (74). Les agriculteurs et les stations d’épuration sont notamment toujours plus nombreux à s'équiper de méthaniseurs pour valoriser leurs déchets et dégager un complément de revenus. Les professionnels du biogaz bénéficieront également d’un environnement réglementaire favorable. La loi sur la transition énergétique a fixé de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de développement de l'économie circulaire à horizon 2020-2030. Pour y parvenir, des mesures supplémentaires ont été adoptées pour soutenir les énergies renouvelables, dont le biogaz. Par exemple, les unités agricoles de méthanisation sont désormais exonérées de taxes et de cotisations foncières, tandis que les tarifs d’électricité à partir de biogaz ont été revalorisés fin 2015. Les objectifs fixés pour 2020 restent cependant hors de portée compte tenu de l’évolution actuelle aux yeux des experts de Xerfi. Trop de retard a été accumulé, que ce soit en termes de consommation finale ou de déploiement des unités de méthanisation à la ferme.]
[Photo : Chiffre d’affaires de la filière biogaz en France (1)]

Les principales difficultés rencontrées concernent l'inadaptation du matériel par rapport aux intrants et le manque de fiabilité du matériel et du réseau local. Au final, la rentabilité n’est pas toujours au rendez-vous. Parmi un panel Xerfi d’entreprises qui exploitaient des unités de valorisation du biogaz en fonctionnement, près de 40 % d’entre elles affichaient un taux de résultat d’exploitation négatif en 2014.

Cependant, un arrêté doit paraître prochainement pour garantir un prix d’achat pendant 20 ans, au lieu de 15 actuellement, pour les méthaniseurs d'une puissance de moins de 500 kWe. Les experts de Xerfi émettent cependant des réserves sur l'effet réel de ce dispositif, indexé sur les prix dans l'industrie au vu des pressions déflationnistes persistantes. Pour les unités de plus de 500 kWe, des appels d'offres seront mis en place en guise de complément de rémunération. Enfin, la procédure d’autorisation unique entrera en vigueur sous peu, simplifiant les démarches tout en les accélérant pour les porteurs de projets de sites de méthanisation.

Mais ce n'est qu’avec la montée en compétence de la filière et sa structuration que celle-ci pourra vraiment devenir incontournable dans le secteur de l’énergie. Surtout, il est nécessaire que des leaders émergent. Certains acteurs ont d'ores et déjà consolidé leurs positions, à l'image de Naskeo Environnement avec le rachat de Méthajade ou de Dalkia avec Verdesis. Ces acquisitions permettent de renforcer les expertises, de créer des synergies et de réaliser des économies d’échelle.

Les professionnels devront également saisir toutes les opportunités liées aux procédés autour du biogaz, à l'image du biométhane carburant et de la trigénération ou encore du procédé de concentration par évaporation/distillation et de valorisation de l'ammoniaque, du potassium et du phosphore de la société Exonia.

Autre piste envisagée, le digestat (produits résiduels de la méthanisation) constitue un fertilisant naturel alternatif aux produits chimiques. Sa revente peut permettre aux acteurs du biogaz d’atteindre l'équilibre économique. Mais des verrous réglementaires doivent encore être levés.

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[Photo : Procédé PSA d'épuration biométhane, proposé par Gaseo : ce procédé, qui nécessite seulement 3 bar de pression, est rentable dès 200 m³/heure de biogaz.]

défini qui devrait permettre à certains sites en difficulté de continuer à fonctionner de façon pérenne. Des tarifs d’achat revalorisés pour toutes les installations biogaz et le solaire de taille intermédiaire (< 100 kW) sont entrés en vigueur le 2 novembre 2015. Un deuxième arrêté est attendu pour les nouvelles installations dont la puissance est située entre 100 et 500 kW. Parallèlement, de nouveaux mécanismes sont annoncés pour 2016 parmi lesquels un tarif d’achat pour les futurs sites de méthanisation, stations d’épuration et ISDND de moins de 500 kWe ainsi qu'un complément de rémunération pour les STEP et ISDND (en guichet ouvert) et pour les sites de méthanisation (en appels d'offres) de plus de 500 kWe.

Reste que malgré un réel savoir-faire technique, la filière est bien moins développée qu’outre-Rhin, par exemple. Fin septembre 2015, la puissance électrique biogaz raccordée au réseau ERDF, répartie sur 348 sites, était de 314 MW, ce qui représente cependant une progression de 9 % par rapport aux chiffres de septembre 2013. La contribution de la filière méthanisation au bilan énergétique national est encore modeste (moins de 2 % des énergies renouvelables consommées), mais elle pourrait, selon l’Ademe, assurer plus de 14 % de la consommation française de gaz en 2030. Dans ce cadre, l’injection de biogaz pourrait devenir l’un des vecteurs de la transition énergétique française. Le « Groupe de travail injection » piloté par l’Ademe et GrDF a en effet évalué le potentiel de biométhane entre 3 et 9 TWh à l’horizon 2020. D’ici à 2030, les projections font état de 500 à 1 400 sites d'injection (selon les scénarios bas et haut de la feuille de route méthanisation de l’Ademe), ce qui représentera 16 % de l’alimentation du réseau national de gaz.

Le biométhane pourrait-il devenir un vecteur clé de la transition énergétique ? Ce n’est pas impossible. En 2011, une unité de méthanisation injectait du biométhane dans le réseau de GRDF. En 2013 et 2014, cinq nouvelles installations ont vu le jour, puis huit en 2015, et encore deux début 2016. Mais aujourd’hui, on ne dénombre pas moins de 400 projets en cours. Reste à savoir dans quelles directions s’orientera la filière et sur quels critères ?

Quelle voie de valorisation choisir et sur quels critères ?

« Il est impossible de formuler la moindre

[Encart : La valorisation de l’énergie et le traitement des effluents liquides : un cercle vertueux Aeroe, spécialisée dans le traitement des lixiviats et la valorisation du biogaz, diffuse deux procédés. Le premier est le panneau ouvert HBS 8. Il permet de traiter les eaux polluées ou faiblement polluées, le vent servant d’énergie à l’évaporation. Les eaux sont projetées sur une surface d’échange en PEHD dont la taille est calculée en fonction des besoins de l’exploitation, de la météo locale et de la place disponible. Le système HBS repose sur l'utilisation d'un support formé d'un panneau alvéolé, sorte de nid d'abeille, d'une grande surface d'échange. L'effluent est vaporisé sur cette surface d’échange selon un arrosage séquentiel. Ce rythme d'arrosage va alors créer un cycle répété d’évaporation/concentration. Le panneau est placé verticalement, pour bénéficier d'une meilleure exposition au vent. Le second, appelé DHC 8, est un module fermé. Son objet est le même que le panneau ouvert : le traitement des effluents liquides par évaporation naturelle accélérée. Mais il permet la valorisation du biogaz. Simple et efficace, cette méthode repose sur l'utilisation de la même surface d’échange en PEHD. La qualité des matériaux utilisés apporte une solution durable au traitement des effluents liquides et en particulier des lixiviats. Ceux-ci sont stockés dans un bassin puis envoyés dans une cuve à proximité des modules. Le lixiviat est alors aspergé via une pompe. L'excédent non évaporé retourne dans la cuve, où il sera à nouveau projeté sur le panneau jusqu’à évaporation totale de la partie liquide. Au centre de la chambre d'évaporation, un ventilateur améliore les performances évaporatoires du module. Sur les Centres d’Enfouissement Techniques, la méthanisation des déchets génère du biogaz. Celui-ci peut être valorisé de deux manières : • Soit en alimentant une chaudière biogaz. Celle-ci va fournir de l'eau chaude qui sera envoyée dans des échangeurs de chaleur positionnés aux entrées d’air des modules. En réchauffant cet air, nous améliorons les performances évaporatoires des modules. Leurs performances peuvent être multipliées par quatre. • Soit en alimentant un moteur de cogénération. L'électricité produite est revendue à EDF et la chaleur du circuit de refroidissement et des gaz d’échappement est récupérée pour alimenter les échangeurs des modules et donc améliorer les performances évaporatoires. Le gros atout de cette technologie réside dans son respect absolu de l'environnement. « Aujourd'hui, les exploitants ont la possibilité de valoriser in situ le biogaz et nous utilisons la chaleur comme moyen d'optimiser les évaporations naturelles, et ce, dans un espace réduit et pour un coût d’exploitation faible, explique Philippe Stock chez Aeroe. Pour le HBS 08, nous avons mis en place un pilote dont les performances ont été régulièrement contrôlées par l’agence de l'eau. À l’issue de l'année “test”, l’agence a validé le procédé. Pour les lixiviats, nous avons également mis en place un pilote en 1999. Il a été suivi par l’INSA et l’ADEME permettant de prouver qu’il n’y a aucun transfert de pollution dans les solutions que propose Aeroe. Il n’y a également aucun rejet en rivière, ce qui est fondamental au moment où l'eau devient un bien rare et précieux ».]
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[Photo : Un démonstrateur Cryo Pur de 120 m³/h est installé à la station d'épuration de Valenton (Val-de-Marne) dans le cadre du projet BioGNVAl qui a pour objectif de démontrer la faisabilité technico-économique de la production de gaz méthane liquide à partir de biogaz à grande échelle.]

Généralité, indique Sébastien Paolozzi chez Prodeval, tant le nombre de critères à prendre en compte est important et variable. Le type et la qualité des intrants, le procédé de méthanisation, le potentiel énergétique des substrats, la qualité du gaz produit, le mode de traitement, les contraintes économiques du projet, les conditions locales, la réglementation sont les principaux. « Du fait de la présence de siloxanes et de COV que l'on ne retrouve pas forcément dans le biogaz issu de la méthanisation de déchets organiques ou bien de méthanisation agricole, le biogaz produit en station d'épuration est l'un des plus difficiles à traiter », souligne Pierre Coursan chez SUEZ.

La cogénération était, jusqu'à une période récente, le mode de valorisation le plus courant. Elle permet à l'exploitant de vendre l'électricité produite à un tarif préférentiel et d’exploiter la chaleur dégagée par le moteur sur le site (chauffage des digesteurs par exemple) ou en utilisant un réseau de chaleur. Reste que valoriser cette chaleur est parfois difficile, faute de besoins ou de débouchés à proximité. Cette difficulté pèse sur l'économie des projets. Pour sécuriser les engagements des différents partenaires et débloquer les projets, certains acteurs ont développé des offres incluant une garantie de résultats. C’est par exemple le cas d’Eneria qui propose un contrat dit « Full service » apportant une garantie de résultats englobant tout à la fois l'investissement initial et l'exploitation, notamment la maintenance.

Au-delà de ces garanties, Eneria cherche également à booster les petits projets en élargissant sa gamme de moteurs biogaz qui démarre désormais à 60 kW. De même, Clarke Energy s’engage sur les performances et la disponibilité de ses machines et équipements.

Un autre mode de valorisation est l’utilisation in situ de l'énergie contenue dans le biogaz à des fins de traitement. Ainsi, Exonia propose une offre complète de procédés de traitement des lixiviats ou des boues de méthanisation utilisant le biogaz comme source de chaleur afin de les concentrer ou de les valoriser.

L'autorisation d'injection du biométhane

[Encart : texte : Valorisation du biogaz : des projets de plus en plus nombreux Les premiers projets de valorisation de biogaz ont logiquement concerné des stations d’épuration déjà équipées de méthaniseurs. C’est par exemple le cas à Grenoble, à Angers, Élancourt ou La Roche-Posay où SUEZ a gagné plusieurs appels d’offres en vue de valoriser le biogaz produit en biométhane. Mais les projets ne s’arrêtent pas là. À Annecy, SUEZ a achevé de construire en 2015 des méthaniseurs en vue de valoriser un biogaz par cogénération puis finalement par injection en biométhane suite à l’émission d’un nouvel appel d’offres. Aux Mureaux (78), la collectivité a lancé un appel d’offres, également remporté par SUEZ, pour la construction de méthaniseurs et la production de biométhane. Les stations d'épuration qui n’étaient pas équipées de méthaniseurs envisagent désormais de le faire, souligne Pierre Coursan chez SUEZ. À partir de capacités allant de 3 000 à 50 000 EH, il est possible de commencer à engager une réflexion.]
[Photo : La consommation électrique de l’ensemble du système d’épuration reposant sur le procédé d’adsorption à pression alternée de Schmack-Carbotech (Groupe Viessmann) est inférieure à 0,23 kWh/Nm³ de biogaz traité. Le rendement de l’installation d’épuration, supérieur à 99,1 %, c’est-à-dire que plus de 99,1 % du CH₄ présent dans le biogaz traité est récupéré.]
[Publicité : Arol Energy]
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[Photo : Arol Energy construit actuellement une unité AE-Amine qui sera opérationnelle avant la fin 2016.]

Issu des boues de step ouvre une autre possibilité. Plusieurs acteurs comme Naskeo Environnement, Valbio, Ovive, Enprotech, Exonia ou Aeroe développent des savoir-faire spécifiques pour valoriser la matière organique contenue dans les eaux usées et produire du biogaz. Mais il faut ensuite épurer ce biogaz brut pour le rendre compatible avec le mode de valorisation choisi.

En dehors des traitements spécifiques (oxygène, azote), cinq familles de technologies sont actuellement mises en œuvre pour traiter le biogaz brut par des acteurs tels que Arol Energy, CEFT, Gaseo, Prodeval, Ovive, Schmack Carbotech (Viessmann Group) ou encore Alcion Environnement : le lavage à l’eau, aux amines, l’adsorption à pression alternée (PSA), les technologies membranaires et la cryo-condensation.

Le lavage aux amines et, plus encore, les techniques membranaires, bien adaptées aux projets dont la taille oscille entre 100 et 1000 m³/h, sont souvent privilégiées. Modulables, elles présentent aussi l’avantage de produire un off-gaz de qualité, constitué de CO₂ presque pur (autour de 99 %) contrairement aux technologies de lavage à l’eau et au PSA où le CO₂ se retrouve mélangé avec de l’air ou du méthane.

Mais surtout, ces techniques, qui constituent des alternatives crédibles, permettent de développer des solutions adaptées à de petits débits (débit biogaz brut inférieur à 150 Nm³/h) élargissant ainsi le nombre de projets potentiels. C’est par exemple le cas des unités « AE-Compact » d’Arol Energy, basées sur la séparation membranaire, et désormais disponibles pour des débits de biométhane entre 30 et 90 Nm³/h.

[Encart : Filière biogaz : lever les freins techniques, économiques et réglementaires L’Académie de technologies vient de publier un rapport (téléchargeable sur http://www.academie-technologies.fr) en demi-teinte sur la filière biogaz. Elle estime notamment que le contexte économique n’est pas favorable au développement de cette filière à court terme : le retour sur investissement pour les agriculteurs est long (de 15 à 20 ans), et la récupération des déchets hautement méthanisables reste difficile. Ce contexte explique sans doute que la filière biogaz peine à se déployer en France. L’Académie rappelle ainsi que la France arrive aujourd’hui en 4ᵉ position en Europe, derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie pour la production de biogaz. Elle estime cependant qu’il existe en France un fort potentiel de croissance de la méthanisation. Car même si, à terme, l’essentiel des ressources utilisables en méthanisation sera d’origine agricole, les biodéchets urbains au sens large (des ménages aux gros producteurs) sont intéressants à mobiliser. Côté R&D, la production du biogaz est une technologie mature et ne nécessite pas de grands programmes de recherche, mais plutôt d’une optimisation des procédés pour faire monter en puissance les installations industrielles. L’Académie pointe des freins importants dans le développement de cette filière en France. L’augmentation de la production française de biogaz dépend largement des politiques publiques mises en place et des soutiens, tant réglementaires que financiers dont elle peut bénéficier. Or, si les incitations économiques vont dans le bon sens, l’engagement insuffisant des pouvoirs publics (le biométhane était absent du « Grenelle de l’environnement ») et une complexité administrative excessive freinent les porteurs de projet et les collectivités. Les freins sont également techniques : le rapport cite l’exemple des conditions techniques d’exploitation, notamment la garantie du « zéro rejet liquide » pour les installations de méthanisation, difficile à respecter. Et réglementaires : la commercialisation des substrats organiques, indispensable à l’équilibre économique de la filière de valorisation, est de fait difficile car le statut réglementaire des digestats reste flou. L’Académie des technologies estime que ces freins sont surmontables à court terme et appelle les pouvoirs publics à lever les freins techniques, économiques et réglementaires pour développer la filière.]
[Photo : Exonia propose une gamme complète de procédés permettant la valorisation du biogaz et son utilisation continue afin de traiter les effluents produits par le site. Ainsi, lixiviats, refus de digestat ou effluents industriels peuvent être traités par évapo-concentration sans nécessiter de transport onéreux et en permettant une valorisation continue de faible gaz. La production de calories est réalisée par des chaudières à eau chaude ou à vapeur, après avoir valorisé des biogaz pauvres en garantissant un allumage de la flamme grâce au procédé Readyair®. Le rendement énergétique global dépasse les 75 % pour une évaporation supérieure à 1 m³ évaporé par MWh thermique.]
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[Encart : texte : Le procédé Valecarb, d’Alcion Environnement permet de transformer et valoriser le CO₂ sous forme de bicarbonate de soude ou de potassium. Il est placé après l’épuration du biogaz pour la séparation du biométhane et du CO₂, afin de produire du bicarbonate de sodium compatible avec les applications industrielles telles que le traitement de fumées, la neutralisation des eaux, la détergence notamment.]
[Photo : légende : © Alcion Environnement]

Elles se présentent sous forme de skids architecturés autour d’un châssis fixe et intègrent des membranes mises en œuvre en partenariat avec Air Products. Le biométhane produit peut être injecté dans le réseau basse pression de GrDF ou comprimé pour être utilisé sous forme de carburant BioGNV. Un module supplémentaire est alors installé pour la compression, le stockage, et la distribution de ce carburant.

Pour des débits plus importants, de 150 à 500 Nm³/h de biogaz brut, Arol Energy propose sa technologie « AE-Membrane ». Comme « AE-Compact », cette technologie est basée sur le partenariat avec Air Products qui permet d’offrir des membranes résistantes et très productives. « C’est là un élément important dans l’équilibre coût d’investissement/coût d’exploitation des projets de tailles petites et moyennes », souligne David Bossan, dirigeant d’Arol Energy. Pour des débits de biogaz typiquement de 400 Nm³/h et plus, Arol Energy mise sur son procédé de lavage aux amines « AE-Amine » qui intègre plusieurs innovations à même d’améliorer significativement la rentabilité opérationnelle des sites de production de biométhane. « Cette technologie permet également d’éliminer les pertes en méthane, de produire facilement et à moindre coût un CO₂ industriel et d'améliorer le bilan carbone des sites de production de biométhane », indique David Bossan. « Les technologies membranaires, mais aussi la technologie amine telle qu'Arol Energy peut la proposer, sont les deux technologies qui sont énergétiquement les plus efficaces et ceci doit être un élément important dans les réflexions des maîtres d’ouvrages ». Arol Energy construit actuellement une unité AE-Amine qui sera opérationnelle avant la fin 2016.

Le procédé membranaire Valopur® de Prodeval s’adapte quant à lui automatiquement aux variations de débit et à la composition de biogaz à traiter pour simplifier l’exploitation et stabiliser la production. Il permet de traiter de 50 à 880 Nm³/h en standard. Mais la capacité de traitement peut être augmentée par simple ajout de membranes. « Les technologies de lavage sont souvent favorisées pour les plus grosses unités qui produisent plus de 1000 m³/h », estime Sébastien Paolozzi. « Nous privilégions les technologies membranaires car elles sont adaptées à la taille de la plupart des projets en France, entre 100 et 1000 m³/h de biogaz et parce qu’elles sont modulables ». Le procédé est en cours d'implantation sur la station d’épuration de la Roche Foron en partenariat avec SUEZ, à York en Grande-Bretagne ainsi que sur la station d’épuration Aquapole au Fontanil (38) où il permettra de valoriser le biogaz via injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel (17 GWh/an).

De son côté, Gaseo mise sur le procédé PSA (Pressure Swing Adsorption) qui per-

Xergi développe la méthanisation multi-produits

Xergi conçoit, construit et met en service des unités de méthanisation dites « multi-produits ». Ces unités reposent sur un savoir-faire de 30 années et un pôle de recherche et développement qui axe sa recherche, tant sur le développement de nouvelles machines et concepts, que sur les aspects microbiologiques. Ces unités permettent notamment la valorisation de produits organiques issus de l'agriculture, de la grande et moyenne distribution, de l'industrie voire des collectivités. Xergi figure parmi les leaders européens de la valorisation des sous-produits organiques par méthanisation. Sa filiale française a construit les plus importants sites de méthanisation multi-produits en France, parmi lesquels Methalandes (Eneria et Caisse des Dépôts), et totalise plus de 11 500 kW de puissance installée et une capacité de traitement supérieure à 300 000 tonnes de biomasse chaque année. Xergi propose des solutions clefs en main allant de l'unité de méthanisation à la valorisation thermique du biogaz. De la valorisation du biogaz en chaudière, en passant par la cogénération, la trigénération ou encore l'épuration du biogaz en biométhane, Xergi développe des solutions adaptées aux besoins spécifiques de chaque client.

À titre d’exemple, en 2015, l'entreprise a construit sur une même année des unités de méthanisation permettant la valorisation de 30 millions de mètres cubes de méthane qui, une fois épuré, est injecté dans le réseau de gaz naturel danois. En 2010, Xergi a équipé la société Staples Vegetables d'une unité de méthanisation qui permet en outre la valorisation de l'intégralité des déchets de légumes et la valorisation du biogaz grâce à un système de tri-génération couplant à la fois la production d’électricité, de chaleur et de froid positif. Le froid positif est utilisé dans les salles de conditionnement des légumes. La chaleur thermique excédentaire est utilisée pour le chauffage du site de conditionnement et de locaux sociaux. Sur différents sites en Europe, dont la France, Xergi a couplé la production d’énergie électrique et thermique à une production de vapeur saturée pour des besoins liés à des process industriels. Aujourd’hui, l'entreprise travaille autant sur de la valorisation par cogénération que d’épuration du biogaz.

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…met de séparer le CH₄ du CO₂. Le biogaz désulfuré et séché est introduit sous pression (3 bar) dans un adsorbeur et traverse de bas en haut un adsorbant dans lequel le CO₂ est retenu et emprisonné. Le CH₄, contenu dans le biogaz, traverse cet adsorbeur. À la sortie, le gaz est enrichi en CH₄ et peut être réinjecté dans le réseau. Avantages, le procédé est capable de s’adapter aux variations de composition du biogaz brut en entrée en ajustant les temps de cycle d’adsorption. « La consommation électrique du PSA de Gaseo est des plus faibles avec 0,15 kWh/Nm³ de biogaz brut, souligne Xavier Joly, Président de Gaseo. Il n’y a pas de consommables, et notre solution est déjà éprouvée de l’autre côté du Rhin, les performances démontrées. Notre prochaine installation PSA sera mise en service en juin 2016 à Platten, à côté du Luxembourg. Le PSA de Gaseo est conçu et construit par un exploitant (Gaseo) pour des exploitants ».

Le procédé Valecarb, d’Alcion Environnement permet de transformer et valoriser le CO₂ sous forme de bicarbonate de soude ou de potassium. Il est placé après l’épuration du biogaz ou après la séparation du biométhane et du CO₂ afin de produire du bicarbonate de sodium compatible avec les applications industrielles telles que le traitement de fumées, la neutralisation des eaux, la détergence notamment.

La solution dépend toujours des projets de valorisation envisagés. « Le fait de viser une valorisation sous forme de biométhane implique de s’intéresser à d'autres types de polluants parfois présents dans le biogaz que ceux que l'on gère quand on prévoit une cogénération, souligne Pierre Coursan chez SUEZ. C'est par exemple le cas des COV, qui ne sont pas impactant dans le cadre d’une cogénération mais qui doivent être pris en compte avant de produire un biométhane ».

Le biométhane produit dans le cadre du projet Biovalsan à Strasbourg porté par SUEZ et Réseau Gaz de Strasbourg repose sur les techniques membranaires, un choix pertinent au moment où il a été opéré. Mais le projet comportant deux objectifs, l'injection de méthane mais aussi la valorisation du gaz carbonique, la technologie la plus appropriée serait sans doute aujourd’hui la cryo-condensation qui permet d’obtenir du méthane injectable et du gaz carbonique liquide.

« Lavage à l'eau, aux amines, PSA, membranes... Lorsque l’on envisage d’injecter du biométhane dans le réseau, c’est-à-dire que l'on conserve le biométhane à l'état gazeux sans avoir besoin de le liquéfier, les techniques classiques d’épuration suffisent, estime Pierre Coursan. En revanche, si l'on veut liquéfier le méthane, il vaut mieux exploiter les avantages de la cryogénie ».

Développée par Cryo Pur, la cryo-condensation consiste à abaisser la température pour séparer les gaz. « Notre technologie consiste à séparer les gaz contenus dans le biogaz par un abaissement successif de la température », explique Simon Clodic, directeur commercial. « La technique peut se résumer en 3 étapes : désulfuration, séparation du CO₂, et liquéfaction du biométhane ». La technologie Cryo Pur s'adapte à des débits de biogaz de 70 à 2000 Nm³/h. L'ensemble des composants indésirables contenus dans le biogaz (H₂O, H₂S, COV, Siloxanes, CO₂) sont captés par cryo-condensation, c’est-à-dire que ces composants sont givrés ce qui assure une épuration optimale du biogaz.

Le CO₂ est récupéré sous forme liquide pour être valorisé. Une fois épuré, le biométhane remplit les caractéristiques pour être injecté dans le réseau de gaz naturel. Le biométhane peut également être liquéfié sous forme de bioGNL à des fins de transport vers son site de valorisation ou d’usage : grâce à sa densité 600 fois plus importante qu’à l'état gazeux, le bioGNL permet de transporter le biométhane de manière efficiente. Mais la clé de la technologie Cryo Pur est de permettre l'ensemble de ces étapes avec une consommation d’énergie électrique minimale, de l’ordre de 0,6 kWh/Nm³ de biogaz brut, pour l’épuration et la liquéfaction.

Un démonstrateur de 120 Nm³/h est installé sur la station d’épuration du SIAAP, Seine amont, à Valenton (Val-de-Marne) dans le cadre du projet BioGNVAL (coordonné par SUEZ), qui a pour objectif de démontrer la faisabilité technico-économique de la production de gaz méthane liquide à partir de biogaz à grande échelle, afin de développer la filière au niveau mondial.

« C’est la première fois que l'on met en œuvre une technologie cryogénique qui permet à la fois d’épurer le biogaz et de liquéfier le biométhane, indique Pierre Coursan chez SUEZ. La qualité du CO₂ obtenu par le biais de ce traitement est satisfaisante tout comme le CH₄, qui présente une qualité compatible avec un usage carburant ». Les tests étant plus nombreux que ceux prévus initialement, l'expérimentation devrait s’achever en avril 2017.

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