Certaines situations nécessitent des traitements temporaires des eaux. L?urgence peut être brutale en raison de catastrophes, d'accidents. L?indisponibilité momentanée est parfois planifiable pour des raisons d'entretien ou de rénovation d'équipements. Pour toutes ces situations, il existe des équipements mobiles afin d'assurer une disponibilité minimale de ressources et de continuité de fonctionnement.
Tout le monde a en tête les catastrophes récentes dues aux cyclones et tremblements de terre qui ont affecté des zones géographiques étendues et des populations importantes. En quelques heures il faut réagir pour assurer à ces populations un minimum d'eau potable. Les moyens se sont rodés : par exemple Waterforce a été créé par Veolia Water en 1998 à la suite du cyclone Mitch au Nicaragua et des inondations du Yangtze en Chine. Depuis, près d'une quarantaine d'interventions ont eu lieu ; en moyenne, Veolia a mobilisé chaque année une centaine de volontaires pour 1 500 jours de mission. Il s'agit d'action humanitaire et les personnels utilisés sont tous volontaires (près de 400). Il existe bien d'autres interventions d’urgence qui entrent tout à fait dans le secteur marchand. Des accidents localisés (déverse-
ments d’hydrocarbures ou de produits chimiques) ou des conditions météo particulières qui compromettent la potabilité d'une eau, une casse de matériel qui arrête une production etc. Les parades existent.
Les unités mobiles au service de l'eau potable
En matière de potabilisation d’eau publique, les membranes ont simplifié les interventions. Par nature, ce sont des dispositifs compacts, légers, modulaires qui se prêtent bien à l'installation sur châssis (skid) en conteneur ou sur remorque. La capacité est ajustée par ajout de modules. Selon la ressource, il faudra ou non mettre en œuvre des préfiltrations, compléter ou non par du charbon actif (pesticides, odeurs).
Suez Environnement propose un service astreinte pollution au Cirsee, disponible 24 h/24, 7 jours sur 7. Sur appel téléphonique, un ingénieur d’astreinte apprécie la situation pour mobiliser les prestations nécessaires (analyses) et les moyens et équipes pour régler la situation. « La potabilisation s’effectue avec les unités d'ultrafiltration Sirocco’eau. Grâce à un accord avec un transporteur, l’unité est livrée au plus vite. Une demi-douzaine d’unités sont basées au Pecq et à Carpentras, d’une capacité de quelques mètres cube par heure jusqu’à 20 m³/h soit près de 500 m³/j. Nos équipes techniques locales assurent la mise en œuvre. Nous intervenons cinq à six fois dans l’année suite à des inondations ou en cas de sécheresse » indique Jean-Michel Lainé, responsable du pôle eau-potable au Cirsee. L'eau produite est conditionnée en sacs individuels, ou réinjectée dans le réseau après accord de la DDASS.
Un exemple, Charolles, communauté de 3 000 habitants où Emmanuel Croc, responsable de l’agence Lyonnaise des Eaux de Chalon/Saône, explique la situation. « Nos sources karstiques sont sensibles aux situations orageuses. Nous essayons d’anticiper les situations en jouant sur le stockage et l’interconnexion, mais ce n'est pas toujours suffisant. Si une situation dure trop longtemps, ou si nous avons des casses comme en janvier 2006 du fait du froid, nous devons faire appel aux unités mobiles. En moins de 24 heures elles sont opérationnelles et nous les gardons environ une semaine, le temps de retrouver une situation normale. Avec la sévérisation sur les matières en suspension à 1 NTU, une réflexion est en cours pour, soit mettre de l’ultrafiltration sur site, soit développer l’interconnexion. Depuis deux ans nous avons fait appel trois fois à Sirocco’eau. »
Ces unités ont été mobilisées en juillet dans la région de Biarritz et sont devenues une prestation intégrée à la continuité de service pour les collectivités desservies par Lyonnaise.
Veolia pour sa part propose des unités mobiles en location mobilisables en quelques heures. Pour les petites et moyennes collectivités son offre spécifique Mosaic répond aux situations d'urgence. « Les communes restées en régie, sans faire de délégation de service public, doivent se débrouiller par leurs propres moyens » remarque Yves Labbé de Tecnofil Industrie qui ne propose plus d’unités mobiles en location, une charge trop lourde pour une petite société : « Seuls les trois grands ont les moyens ; les matériels en location vous reviennent dégradés, il faut les reconditionner, leur taux de rotation est incertain, et ces interventions d’urgence ».
demandent de la coordination avec les administrations dans des cellules de crise ». On l’aura compris, l'urgence coûte cher.
Par contre, certaines situations sont beaucoup plus prévisibles, comme l'afflux de vacanciers. Les unités mobiles ou transportables (taille plus importante, besoin de moyens de levage) sont mises en œuvre avec l'avantage de pouvoir planifier, d’autant qu'il faudra au besoin aménager des plateformes spécifiques pour accueillir ces unités. Opalium (Veolia) dispose de toute une panoplie d’unités sur châssis (Opascep, Opacarb, Opaflo, Opaden...). Elles utilisent les procédés classiques destinés à traiter des pollutions particulières (ressources hors normes) de manière unitaire ou couplée pour des débits atteignant 200 m³/h ; ces unités nécessitent un peu de génie civil pour l'installation.
Eaux de process : un large panel de solutions
L'industrie a aussi besoin d'approvisionnements en urgence d'eau pure de différentes qualités pour les procédés (pharmacie, cosmétiques, énergie, agroalimentaire, automobile, chimie) en cas de panne ou d'opérations d’entretien. Ne pas en disposer signifie l'arrêt de production avec tous les désagréments et les pertes d’exploitation dont le montant se chiffre en milliers, voire millions d’euros parfois.
Certains cas d'utilisation d'unités mobiles sont planifiables lorsqu'il s'agit de prendre la relève d’un équipement dont on a prévu l’arrêt pour une maintenance de quelques heures ou quelques jours pour réaliser des tests sur un procédé en conditions réelles avant décision, ou encore pour une augmentation temporaire prévue de la production.
Ce marché du mobile est très concurrentiel. Les deux grands du traitement Veolia Eau Solutions & Technologies (Veolia Water STI en France) et Ondeo Industrial Solutions ont développé des services d’emblée à l’échelle européenne pour l'eau de process tout comme GE Water & Process Technologies ou Pall.
De son côté, Permo a développé son action industrielle par secteur d'activité. Des ingénieurs spécialisés par branche sont au service des agences régionales afin d'être le plus au fait des techniques spécifiques à chaque activité, de mettre en application les derniers textes réglementaires et les règles de l'art mais aussi de développer des matériels spécifiques répondant à une demande précise et ponctuelle. D’autres intervenants tels que Tecnofil Industries, Infilco ou Maisonneuve Environnement disposent également des compétences nécessaires pour répondre aux demandes particulières. Principaux procédés mobiles utilisés, les membranes (osmose inverse) et l'échange d'ions installés sur des remorques mobilisables en quelques heures. Il s’agit de débits allant de quelques mètres cubes à plusieurs
dizaines de mètres cubes par heure avec une pureté parfois très élevée (18 Mohm). Chez Veolia Eau Solutions & Technologies, l’échange d'ions fournit l’eau la plus pure, sans rejet sur place grâce aux régénérations qui sont réalisées dans 6 centres européens de régénération et 5 centres de remplissage. L’osmose inverse permet une production en continu sans retour en centre de maintenance. La combinaison des principes est aussi possible, l'échange d'ions servant alors au polissage de l'eau osmosée.
Marc Beunen, directeur d’Ondeo Industrial Solutions Mobile (service Omobile’), annonce quant à lui la mise en service en octobre de la première unité mobile par échange d'ions avec un débit de 180 m³/h et régénération sur place. Un progrès redevable à la technologie du plancher fractal qui distribue l'eau dans le lit de résine ; une invention de Rohm and Haas, Ondeo IS s’étant chargé de l’ingénierie du système embarqué. « Avec ce système, l’échangeur est quatre fois plus compact et les régénérations sont plus rapides. Nous l'utiliserons aussi pour les échangeurs à lit mélangé utilisés en polissage de nos unités FlexiRo par osmose inverse ». En effet, les deux types de traitement sont plus complémentaires que concurrents et demandent, si l'eau est turbide, de réaliser des préfiltrations et des prétraitements (déferrisation). Ondeo IS dispose de six unités OI en Europe, un parc qui pourrait s’agrandir vu l’accroissement de la demande.
Veolia Eau Solutions & Technologies (Veolia Water STI en France) a développé le service Aquamove™, une flotte complète d’unités mobiles de purification d’eau et services associés dédiée à l'industrie comme l'explique Alain Donizeau, responsable de cette activité en France. « Au total, Veolia Water Solutions & Technologies — Aquamove™ gère en Europe une flotte de 70 unités mobiles composées d’un tiers d’osmoseurs, un tiers de déminéralisateurs embarqués et un tiers de clarificateurs Actiflo™, de filtres, d’adoucisseurs et d’évaporateurs, permettant de répondre aux besoins de purification d'eau allant du prétraitement de l'eau brute à la production d'eau ultra-pure, pour des débits allant de 10 à 300 m³/h. Hors d'Europe, cette flotte est composée d’une vingtaine d’unités réparties à 50/50 entre l'Australie/Asie et l'Amérique du Sud (Mexique). La durée des interventions varie d'une journée à plus d'un an. Les missions sont parfois ponctuelles lorsqu’il s‘agit de remplir un circuit particulier ou très longues lorsque nos équipements se substituent à l’acquisition par l’utilisateur de son matériel propre. Nos équipements favorisent ainsi une bonne flexibilité de nos prestations permettant de répondre aux besoins des industriels. Les unités mobiles sont parfois complétées par des systèmes modulables type filtre à sable ou à charbon actif (la demande croit) et nous disposons désormais pour cela de contenants de grande capacité, 1 200 l et plus, fonctionnant sur le principe de l'échange standard ».
Le nombre d’interventions d’urgence se compte en quelques dizaines par an chez chaque fournisseur. Marc Beunen donne une fourchette de prix de 1 à 20 €/m³, éventail qui s’explique par la grande variabilité des cas. « Il existe un coût fixe par unité, auquel s‘ajoute l'incidence du transport ; pour ces unités automatiques le client nous demande parfois des astreintes de présence permanente. Tout ceci impacte les coûts et nous sommes très souples pour la facturation, au mètre-cube, à la journée, à la semaine etc ». Mêmes remarques d’Alain Donizeau : « On ne raisonne pas vraiment au mètre cube, tout dépend de l'urgence, de l’éloignement du lieu d’intervention, de sa durée, de la complexité des équipements à mobiliser et de la qualité de la ressource en eau. Le nombre important de nos unités nous permet d’adapter le bon traitement à la demande aussi spécifique soit-elle et surtout de pouvoir assurer une disponibilité, avec selon les cas une mise en œuvre dans la journée, sur simple appel téléphonique à un numéro national unique ».
Effluents industriels : de quelques heures à plusieurs mois
L’alimentation en eau n’est pas seule à nécessiter des unités temporaires, les
effluents industriels et de décharge les utilisent. Là encore, deux cas de figure : des besoins d’urgence par suite d'une défaillance et des besoins planifiables, soit parce qu’une unité fixe sera trop coûteuse (il faut alors avoir des capacités de stockage temporaire), soit par suite d’accumulation progressive de matières solides dans une installation, soit lors d’entretiens lourds pour lesquels le traitement sur place d’eaux très chargées est impératif (coûts de transports prohibitifs). Des unités provisoires sont aussi utilisées en attente d’extension de capacité. On trouve toute une panoplie d’unités, depuis celles véritablement qualifiées de mobiles comme une centrifugeuse ou un filtre-presse sur remorque pour traiter des boues classiques, jusqu’aux unités transportables nécessitant parfois une dizaine de remorques et dont l’implantation peut prendre une semaine. De telles unités sont exploitées sur plusieurs mois. À chaque fois, une étude est indispensable pour cerner au mieux les besoins et prévoir les alimentations en énergie et l’évacuation des effluents.
« L’industrie génère des eaux très polluées et très variées, contenant souvent des métaux lourds. Après des sinistres, les eaux d’incendie retenues dans les bacs doivent être traitées. Certaines opérations de maintenance dans des chaudières et des fours produisent des eaux chargées en suies, imbrûlés, métaux lourds. Pour détoxiquer ces effluents nous disposons de réacteurs, de décanteurs, d’unités de déshydratation (filtres-presse, à bande, sous vide etc.) et d’unités de lissage : filtre à charbon actif, à diatomées, résines échangeuses d’ions… À chaque opération, et après analyse, nous assemblons différents moyens pour créer l’installation la plus adaptée au type d’effluent à traiter, explique Serge Hagelstein, gérant de la société Aqua-traitements. Nous pouvons traiter jusqu’à 120 m³/h, moins si les effluents sont complexes et difficiles. Nos interventions durent quelques semaines pendant lesquelles il faut contrôler les paramètres physico-chimiques des effluents avec des moyens analytiques sur place. Les coûts de traitements vont de 20 €/m³ pour une simple correction de pH, jusqu’à 120 €/m³ s’il faut précipiter des métaux placés ensuite en centre de classe 1. »
L’entreprise revendique les deux plus grosses unités mobiles de déshydratation des boues capables de sortir 5,5 t/h de matières sèches. Parmi les utilisations de ces machines, le traitement des boues accumulées en fond de digesteur des grosses stations d’épuration urbaines à des coûts compris entre 8 et 16 €/m³ en place. De plus petites machines sont utilisées sur les petites stations, pas toujours accessibles en campagne.
Pour la déshydratation des boues dans les petites communes de moins de 3 000 habitants, ATR Créations propose des unités mobiles équipées de ses nouvelles presses à bandes. Une unité de moins de 3,5 t de PTC, tractable avec un permis VL, peut traiter de 150 à 240 kg/h de MS (suivant le process d’élaboration des boues), avec un débit hydraulique d’entrée de 20 m³/h.
Le regroupement de plusieurs communes pour l’exploitation d'une seule unité mobile permet une déshydratation au moindre coût. Grâce à sa faible consommation électrique, mêmes les plus modestes stations sont concernées, sans faire appel à un groupe électrogène. Le recyclage des eaux de filtration directement effectué à bord de l’unité mobile réduit fortement la consommation d’eau. Les boues issues de ces presses à bandes sont en parfait accord avec la filière du compostage.
Pour les stations d’épuration en travaux ou en panne ou en surcharge estivale, les unités mobiles, mises en œuvre en moins de 30 minutes, plus le temps de transport, sont une réelle solution de dépannage. C’est également l’occasion pour l’exploitant de com-
Comparer la productivité de ces nouvelles unités mobiles avec sa propre installation et se poser la question d’un renouvellement d'équipement ou d'une mise à niveau.
Pour les grands volumes, de 5 000 à plus de 100 000 m³ à déshydrater, comme par exemple dans la réhabilitation de sites aquatiques ou la vidange de lagunes industrielles, il faut faire appel aux grosses unités transportables ATR disponibles chez plusieurs prestataires français, et qui dans certains chantiers ont produit jusqu’à 17 tonnes de gâteau à l'heure à 40 % de siccité.
De son côté, Pall a récemment élargi la gamme de ses activités en traitement d’effluents en proposant des unités de traitement en location ou en prestation au mètre cube. En Europe, elle dispose de quatorze unités industrielles d’osmose inverse plane type Disc Tube™, spécialement adaptées au traitement des effluents résiduaires ainsi que de nombreux pilotes. Deux unités sont réservées aux applications en France. Une unité spéciale pour le traitement de l'eau et utilisant cette technologie d’osmose inverse plane type Disc Tube™ a été envoyée lors du Tsunami en Indonésie.
Aux États-Unis, Pall dispose de 4 unités mobiles au service de l'eau potable. Ces unités sur camion sont équipées avec des membranes Pall Microza (fibres creuses organiques) et peuvent traiter des eaux de qualités diverses.
Grâce à ses technologies membranaires, les unités proposées par Pall satisfont aux normes les plus rigoureuses de rejet en milieu naturel (zones sensibles). Pall assure le suivi de ses installations par des interventions régulières ainsi que par l'usage de la télésurveillance qui lui permet de garantir à tout instant la qualité de ses prestations.
Des unités configurables selon les besoins
Autre intervenant, RGA a développé un procédé générique nommé Albedo (configurable selon les besoins) qui utilise l’électrocoagulation et l’électrolyse auxquelles s'ajoutent des étapes de filtration, d'ultrafiltration, de charbon actif selon les effluents. Ce sont plutôt des unités transportables mais la société réalise aussi des unités mobiles vendues à des sociétés de service. Simon Giovannai met l’accent sur la modicité des coûts de traitement : « sur des lixiviats de décharges, alors que les prix courants sont de 18 à 22 €/m³, nous tombons entre 3 et 5 ».
Proposés en location ou en investissement, Vivlo construit des évaporateurs mobiles pour le traitement des effluents industriels et des lixiviats. Les évaporateurs mobiles actuellement proposés sur le marché existent en version « alimentation électrique » ou « eau chaude/vapeur » pouvant donc fonctionner en cogénération. Indispensables en cas de pollution accidentelle, opportuns en demande de traitement temporaire, ces appareils autonomes sont équipés d'un système de télésurveillance. Plusieurs gammes d'unités mobiles sont développées traitant des volumes de 1 000 L/j à 36 000 L/j. Ils fonctionnent à basse température (35 °C) d’ébullition ou moyenne température (55 °C), sous le principe Pompe À Chaleur (PAC) ou Thermo Compression (TC) en offrant une bonne qualité de distillat propice au recyclage ou au rejet en milieu naturel. Le coût énergétique du mètre cube d’effluent traité varie entre 0,5 € et 5 €. Il diffère en fonction de l'alimentation choisie. Les coûts d’exploitation restent directement liés aux coûts de destruction ou de revalorisation du concentrat (boue).
De son côté, Maisonneuve Environnement propose des unités compactes, mobiles en cas d'urgence, de traitement des eaux usées domestiques mais aussi industrielles. Les premières sont adaptées aux petites communes, lotissements ou hameaux, zones touristiques et peuvent même soulager une station saturée en période pointe. Les unités industrielles incluent une chaîne de prétraitement ou de traitement global à partir de 1 m³/heure, une filière physico-chimique ou biologique en fonction des eaux brutes et
Des normes de rejet. Dans certains cas un recyclage est possible après filtration.
Labono, une toute jeune société, vient quant à elle de développer Turbido, un procédé physico-chimique de traitement d'effluent (coagulation-floculation et séparation), innovant par sa compacité et sa modularité. « La mobilité est effectivement un point clé de notre procédé, souligne Damien Giroud, qui peut être transporté d'un chantier à un autre ou d'un atelier à un autre, et ce pour des débits jusqu'à 5 m³/h environ ». Labono termine actuellement l'installation d'une unité chez un industriel dont l'activité nécessite la fusion de métaux dont les fumées et poussières sont envoyées vers un laveur de gaz. Dans ce cas, Turbido traite et recycle l'eau du laveur en séparant les MES et métaux lourds.
Biome s'est spécialisé dans le traitement des lixiviats très chargés et d'effluents industriels. La société intervient sur toute la France avec des unités transportables (six camions) de grosse capacité, 100 m³/j, pour des campagnes de plusieurs semaines voire plusieurs mois ; les unités tournent 7 jours sur 7. Le choix de la société s'est porté sur l'évaporation sous vide avec recompression mécanique des vapeurs (récupération d'énergie) complétée par de l'osmose inverse et du charbon actif s'il le faut. L'eau qui ressort est donc particulièrement pure et peut être réutilisée en procédé. « En évaporation, selon l'effluent, le traitement revient entre 15 et 20 €/m³ », précise Mathilde Coulier, ingénieur. Les concentrats d'osmose inverse sont renvoyés en tête d'évaporateur. L'unité est dotée d'un laboratoire pour réaliser les analyses sur place. L'autre technologie utilisée pour les lixiviats par Biome dans ses unités Quadro est une cascade de traitements physico-chimiques, d'ultrafiltration, d'osmose inverse et, s'il le faut, de charbon actif. La capacité est de 7 à 8 m³/h selon l'effluent et la charge. Là encore les retentats sont repris en tête, il ne sort de l'unité que de l'eau pouvant être mise en milieu naturel. « Lorsque nous intervenons sur des lixiviats de décharge plusieurs années de suite, il faut refaire des analyses et adapter l'installation et son mode de fonctionnement car la décharge évolue », souligne Mathilde Coulier. La société travaille en vendant l'unité clé en main ou en location exploitée par le personnel de Biome.
Des unités mobiles au secours des STEP
Traiter l'eau passe aussi par l'utilisation de gaz. Lorsqu’une station d’épuration, urbaine ou industrielle, est surchargée, l'injection d'oxygène pur vient à la rescousse. Jean-Michel Duffourg, ingénieur d'application chez Linde : « il peut s'agir d'un besoin ponctuel suite à la casse d'un équipement. Il faut alors une unité mobile projetable rapidement et utilisée le temps de la réparation (procédé Solvox). L'autre cas de figure est le besoin rémanent, pour faire face à la saisonnalité de certaines activités en conserveries, viticulture etc. La durée d'utilisation se compte en semaine voire quelques mois, au-delà il est préférable de réaliser une installation fixe ». L'avantage de l'oxygène pur (injecté par cadres percés ou avec des dispositifs plus élaborés) est d'avoir une installation très compacte en agissant à l’endroit le plus efficace. Elle comprend toujours deux modules : le stockage de gaz en citerne cryogénique et l'unité de vaporisation. « Nous réalisons une douzaine d'interventions d'urgence par an », précise JM Duffourg. Tous les gaziers ont de telles unités (Oxy-Dep™ chez Air Products). « Nos systèmes Ventoxal et Turboxal, reliés à une citerne tractée ne nécessitent pas de...»
génie civil et sont mis en place en 48 h », explique Vincent Boisdon d’Air Liquide. Le nombre d'interventions annuelles est comparable, la demande s’effectue au travers du réseau Air Liquide et des matériels spécifiques sont disponibles pour faire face à l’urgence. Parmi les situations d’urgence récemment traitées par Air Liquide, les stations biologiques sur les unités fabriquant des biocarburants en forte demande. On peut citer un autre cas d’intervention lorsqu’il y a des dégagements d’odeurs : le dopage à l’oxygène règle rapidement le problème, comme encore récemment sur une grosse station en région parisienne.
Air Products propose également des unités mobiles standard permettant de doper le process épuratoire en insufflant de l’oxygène pur plutôt que de l’air. Mais cette société propose également une nouvelle technologie, l’Oxy-Dep*VSA (Vacuum Swing Absorption), qui permet de substituer au traditionnel réservoir cryogénique d’oxygène un dispositif permettant de générer de l’oxygène pur à 90 % sur site, en séparant l’azote de l’oxygène de l’air ambiant. L’installation se fait en l’espace d'une journée et ne nécessite pas de vider le bassin. Emmanuelle Dumas Taffarel est responsable développement pour le traitement de l’eau chez Air Products. Elle explique : « Le VSA séduit les exploitants car, en retirant à l’oxygène son statut de simple consommable, il leur permet de s'affranchir des problèmes de livraison, de sécurité, tout en permettant un fonctionnement plus autonome et plus indépendant. »
La formule est d’autant plus intéressante que le coût du VSA peut s’avérer très compétitif par rapport aux formules traditionnelles dès lors que l’on s’en sert de façon suffisante. « Pour une utilisation quotidienne, on peut arriver à réaliser 30 % d’économie sans problème », souligne Emmanuelle Dumas Taffarel. La station de Courchevel, dans les Alpes, l’utilise de façon régulière depuis trois ans dans l’attente de la mise en service de sa nouvelle station d’épuration. Cet équipement lui permet d’augmenter de 30 % la capacité de traitement de sa station actuelle entre décembre et avril de chaque année, sans nuisance et de façon totalement autonome.
Un Oxy-Dep*VSA monté sur une remorque peut être tracté et dédié aux interventions d'urgence. Il est capable de traiter jusqu’à 800 kg de DCO par jour.
Autre gaz utilisé pour le traitement de l'eau : le gaz carbonique, qui sert à corriger le pH d'un effluent industriel ou rééquilibrer une eau potable (procédé Solvocarb chez Linde). L’avantage par rapport à un acide fort est que l'on ne risque pas de trop acidifier.
Le dopage des stations d’épuration pour faire face, par exemple, à des augmentations de charge ou l'aération pour régler des difficultés ponctuelles font également l'objet de services particuliers. Oxydro, qui se définit ainsi comme le « Samu des eaux », propose par exemple la location des unités d’aération mobiles livrées en 48 heures et installées en deux heures. De même, Biotrade, avec son hydroéjecteur Hydrodyn dédié au brassage et à l’aération des eaux, propose un service de location courte ou longue durée.
Technavox est une petite société qui se lance sur le traitement d’effluents par ozone en utilisant un procédé original, l'ozonation catalytique : l'ozone injecté dans l'effluent est mis en contact avec un catalyseur en poudre qui favorise l’oxydation totale de la DCO et de la DBO et permet le recyclage des eaux. Après quelques années de développement, le procédé est au point sur les effluents viticoles (produits phytosanitaires) et vinicoles avec des charges de quelques g/l DCO. La société propose une prestation de traitement avec un pilote de 1 m³/h et commercialise à l’automne deux types d’appareils de 500 et 1 000 l/h, autonomes et mobiles pour les spécialistes de la prestation.
Une autre application ponctuelle d’unités mobiles de gaz est l'inertage par l’azote. Cette opération est nécessaire pour éviter des risques d’explosion sur des installations générant du méthane, voulu ou non : canalisations de grande taille, remplissage de digesteurs avant mise en service. Les silos de charbon actif en poudre de grosse capacité relèvent également de cette pratique.